Les somnifères : gardons l’œil ouvert !

Faites-vous partie du quart des Canadiens de 65 ans et plus qui rapporte de l’insomnie ? Prenez garde, car certains somnifères et traitements n’ont pas démontré leur efficacité, tandis que d’autres peuvent faire plus de tort que de bien ! Pour la traiter, comment faire le bon choix ?

En vente libre

Commençons par deux produits vendus dans les rayons des pharmacies.

Commercialisée sous les noms d’Unisom ou Nytol, la diphénhydramine n’a pas bien démontré son efficacité pour l’insomnie. Elle peut même s’avérer dangereuse pour les personnes aînées en causant des étourdissements, des difficultés urinaires et des troubles de la mémoire.

Produite par le corps, la mélatonine est l’hormone qui régule le sommeil. Prise en supplément à des doses de 3 mg à 10 mg, elle est généralement bien tolérée. Bien que les preuves de son efficacité restent à être démontrées, elle pourrait être bénéfique pour les personnes qui ont de la difficulté à s’endormir. Cependant, elle ne sera pas utile dans les cas d’éveils nocturnes.

Somnifères sous ordonnance

Les benzodiazépines telles que le lorazépam et l’oxazépam, ainsi que les hypnotiques-Z, dont le plus connu est la zopiclone, sont les médicaments les plus prescrits pour l’insomnie.

Mais attention; elles augmentent les risques de chutes et de pertes de mémoire, et ce, tout en causant de la dépendance. Ainsi, elles ne sont pas recommandées pour les personnes vieillissantes, selon plusieurs regroupements d’experts médicaux.

Nouveaux traitements

Ces dernières années, deux nouveaux traitements offrant un endormissement plus rapide, moins d’éveils nocturnes et une plus longue durée du sommeil ont été étudiés. Les résultats sont prometteurs.

D’abord, la doxépine (Silenor), un antidépresseur qui, à faibles doses, améliore le sommeil. Elle est sécuritaire sur une période de trois mois chez les personnes aînées, mais des nausées, des étourdissements et une sécheresse de la bouche ont été rapportés.

Puis, le lemborexant (Dayvigo). Celui-ci bloque les orexines, des hormones qui aident à rester éveillé. Il est sécuritaire sur une période de six mois, bien que des maux de tête et de la fatigue aient été rapportés.

Toutefois, il faut noter que ces deux traitements ne sont pas remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Bref, le traitement idéal n’a pas encore été inventé. Chacun a ses risques et bénéfices, d’où l’importance de poursuivre la recherche sur les somnifères. Consultez votre professionnel de la santé pour voir lequel s’adapte le mieux à vos besoins.

Étude : un médicament connu qui pourrait aider
Si vous êtes une personne de 65 ans et plus faisant de l’insomnie, vous avez le profil pour participer à une étude qui vise à évaluer l’efficacité et la sécurité de la mirtazapine, un antidépresseur approuvé à de faibles doses dans le traitement de l’insomnie par Santé Canada. L’étude se déroule au centre hospitalier de l’Université de Montréal. Pour participer ou obtenir plus de renseignements, composez le 514 238-8891 ou écrivez au patrick.nguyen.chum@ssss.gouv.qc.ca.

Camille Pierrot-Collette est étudiante en médecine à l’Université de Montréal. Ce texte a été rédigé en collaboration avec Patrick Viet-Quoc Nguyen, chercheur au centre de recherche du CHUM.