Alors que le Québec est confronté à une pénurie de main-d’œuvre, les 60 ans et plus n’ont jamais été aussi présents sur le marché de l’emploi. Si la majorité des travailleurs d’expérience besogne 30 heures ou plus par semaine, ils sont nombreux à faire le pari qu’il vaut la peine de travailler moins pour travailler plus longtemps.
« Ce que je voulais, c’est un emploi à temps partiel me permettant de voyager avec mon épouse », nous raconte Germain, 66 ans, à la suite d’un appel à tous lancé l’été dernier dans Virage. Sa quête s’est terminée lorsqu’il a accepté un poste de brigadier scolaire, un emploi qui lui offre un long congé estival et un rythme de vie lui permettant de voir du pays, de socialiser, de passer du temps avec ses petits-enfants…
« Avant, on parlait de conciliation travail-famille-vie personnelle. Maintenant, on parle de conciliation travail-retraite », commente Lucie Dubé, directrice générale de Midi 40, une association qui offre des services d’accompagnement en transition et gestion de carrière dans la grande région métropolitaine.
« Les gens vivent plus longtemps, sont en bonne santé plus longtemps. Ils veulent continuer leur carrière… mais ils ont des conditions. » Choisir leur horaire, travailler à distance, profiter de congés prolongés, alléger les tâches : « le mot clé, c’est flexibilité ».
Cinq jours par semaine ? Non, merci
Cette souplesse, vous êtes plusieurs travailleurs d’expérience à l’avoir évoquée dans vos témoignages. Diane par exemple, qui a choisi de mettre sa retraite en veilleuse afin d’occuper « des petits boulots saisonniers ». Grâce à ses trois jours de travail par semaine, elle peut « garder l’esprit vif », « faire du social » et « accumuler du fric » pour ses hivers dans le sud.
À la suite d’une maladie, Liette cherchait aussi de la flexibilité lorsqu’elle a décidé de reprendre un travail. Son mari étant à la retraite, la sexagénaire voulait un emploi qui lui permettrait « quand même d’avoir du temps de qualité avec lui ». Elle a trouvé son bonheur dans un CHSLD, où elle vient en aide aux usagers en assistant les préposés aux bénéficiaires. C’est une fonction qui la comble parfaitement, notamment sur le plan humain, d’autant qu’elle peut l’exercer à raison d’une journée dans la semaine et d’un week-end sur deux.
Une occasion à saisir
Le Conseil du patronat du Québec estime qu’il y a près de 210 000 postes vacants partout en province. C’est plus que la population entière de la ville de Sherbrooke.
« Les employeurs n’ont plus vraiment le choix de s’adapter, explique Lucie Dubé. Sinon, ils n’ont pas de travailleurs. On n’aurait pas dit ça il y a 10 ans. »
Le manque de main-d’œuvre a notamment permis à Jacques de se bâtir progressivement un horaire idéal à la suite de son retour au travail. Cet entrepreneur de carrière est revenu à la vie active en acceptant un poste dans le domaine du transport, d’abord à temps plein, puis à temps partiel. Il s’est ensuite négocié une autre réduction d’heures. Faute de relève, son employeur pouvait difficilement dire non.
L’adaptation n’est pas forcément facile pour les employeurs, concède Lucie Dubé, mais en contrepartie, « ils embauchent des gens compétents et de qualité, qui ont du temps et de l’expérience ».
De plus en plus nombreux
Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), la main-d’œuvre âgée de 65 ans et plus représente 4,0 % des personnes en emploi. En 2005, cette part n’était que de 1,5 %. Le taux d’emploi des personnes de 65 à 69 ans a lui aussi constamment augmenté, passant de 16 % à 25 % chez les hommes et de 9 % à 16 % chez les femmes.
Ces proportions pourraient augmenter puisque les deux tiers des employeurs affirment être très ou assez intéressés par le recrutement de travailleurs d’expérience, révèle un sondage Léger commandé par le Conseil du patronat du Québec. Parmi les avantages majeurs, ils évoquent l’expérience, la fiabilité, la rigueur et la connaissance.
Le sondage révèle néanmoins que moins de 10 % des entreprises ont mis en place des politiques ou des pratiques ciblées pour l’embauche ou la rétention des travailleurs d’expérience. Les stratégies de recrutement adaptées sont quant à elles pratiquement inexistantes.
Quand le travail est une obligation
S’il est vrai que des gens restent ou retournent sur le marché du travail pour se sentir utiles ou pour se payer de petits luxes, d’autres n’ont carrément pas le choix.
« Une bonne part des retraités qui envisagent un retour au travail nous disent que c’est à cause de difficultés financières, remarque Lucie Dubé, directrice générale de Midi 40. Le coût de la vie a tellement monté – les loyers, le panier d’épicerie, les dépenses courantes – qu’ils veulent aller chercher un salaire d’appoint. »
« Comme pour plusieurs autres de mon âge, le travail est une obligation », nous a écrit Clarence, ajoutant que le coût de la vie augmente vertigineusement, mais pas le Régime de rentes du Québec ni le Régime de pensions du Canada. Pour payer des dépenses essentielles, il a sorti sa carte de crédit. Résultat : il s’est résigné à mettre sa retraite sur pause à l’âge de 81 ans.
Des personnes aînées de toutes les catégories de revenus prennent leur retraite à 65 ans et plus, souligne une récente étude publiée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, « mais ce sont celles et ceux qui sont dans les 25 % les plus pauvres qui sont les plus nombreux en proportion à repousser la retraite au-delà de l’âge légal ».
Cinq conseils
Vous songez à mettre votre retraite sur pause ? Voici quelques conseils offerts aux travailleurs d’expérience par Lucie Dubé, experte en gestion de carrière.
Se renseigner. Mettez-vous au parfum des incitatifs fiscaux ajoutés ces dernières années. Il y a encore beaucoup à faire, mais le travail après 65 ans est plus payant que ce que vous pourriez penser.
Se questionner. Soyez réaliste par rapport à ce que vous êtes capable d’accomplir. Même si vous avez déjà occupé des postes de gestion, est-ce que vous pouvez ou voulez encore faire ça ? Il faut cibler des emplois qui demeurent à votre mesure.
Élaborer une stratégie. Il est important de préparer votre candidature en fonction du type de poste souhaité. Attention de ne pas tout mettre dans votre CV. Si un employeur voit que vous avez 40 ans d’expérience, il va peut-être vous écarter.
Se dynamiser. L’âge est relatif. Si vous arrivez en entrevue et que vous êtes dynamique, les gens vont avoir envie de vous embaucher. À l’inverse, si vous semblez manquer d’énergie, ils risquent d’éprouver une certaine résistance.
Avoir confiance. Certains employeurs croient que les gens plus âgés ne sont pas capables de s’adapter à de nouvelles tâches. Pourtant, vous faites partie d’une génération qui a été capable de s’adapter. Vous êtes passé de la machine à écrire aux outils technologiques que l’on connaît aujourd’hui.
Bonjours,
J’aurai 70 ans en février 2024 je reçois la pension du fédéral et le revenu garanti aussi la régie des rentes qui est très minime je travaille présentement 4 jours par mois parce que si je fait plus d’heures je serai coupé sur ma pension , l’an dernier j’avais droit à une allocation logement mais elle a été coupé il y a un ans j’avais dépassé le montant admissible pour cette allocation de 1200$ pour l’année 2021 le maximum étant de 5000$ ce qui m’amène à poser la question est ce qu’il y a un programme du gouvernement qui inciterais les personne de 60 ou 70 and à retourner sur le marché du travail sans être pénalisé ? Et comprenez moi bien que ce montant plafond est largement insuffisant pour subvenir au besoins de base de la vie courante. Mon point étant que les programmes gouvernementaux ne sont pas à la hauteur pour inciter le retour au travail des retraités du moins pour ceux qui veulent améliorer leur sort.Si je pouvait travailler plus d’heures sans être pénalisé, je le ferait et c’est la ou le bas blesse. Pourquoi le gouvernement restreint les personne retraités à retourner sur le marché du travail quand il y a un manque criant de main d’oeuvre ? La question se pose!
Effectivement, je suis bien d’accord avec l’énoncé si dessus. Il faut faire très attention de ne pas passer la limite de revenue pour ne pas être pénaliser. Je pourrais travailler 3 à 4 jours par semaine mais je dois me limiter à 2 jours par semaine. Je n’ai pas de pension privée, je vie seulement avec la pension de vieillesse et la RRQ. Pas évident du tout de rejoindre les deux bouts. On se prive de bien de choses, une chance que le moral est bon.