L’éclipse solaire en 5 questions

Le 8 avril, vers 15 h 30, les yeux de milliers de personnes au Québec seront tournés vers le ciel. L’espace de quelques minutes, une éclipse solaire totale plongera dans la noirceur certaines zones du territoire montréalais, de l’Estrie, de la Montérégie et de la Beauce. Pour mieux comprendre ce phénomène aussi rare que spectaculaire, Virage a fait appel au directeur du Planétarium de Montréal, Olivier Hernandez.

En quoi consiste ce phénomène astronomique très attendu?

« Ce qui se produit, c’est que la Lune vient se placer exactement entre la Terre et le Soleil, cachant complètement ce dernier. Il y a deux à cinq éclipses totales par année visibles depuis la Terre. Le problème, c’est que leur largeur, l’endroit où on peut se retrouver à l’intérieur des éclipses, c’est seulement 200 km sur toute la surface de la planète chaque fois que le phénomène survient. Même si, ici, la bande fera 14 000 km, la zone de visibilité est très étroite », décrit Olivier Hernandez.

À quelle fréquence les éclipses se produisent-elles chez nous?

Au Canada, le phénomène est relativement rare. À Montréal, par exemple, la toute dernière éclipse totale de Soleil a eu lieu en 1932, il y a 92 ans, et la prochaine se produira en 2205. Dans la province, il s’agira de la première à survenir depuis 1972 et la dernière importante du siècle. « La pire ville au pays pour pouvoir voir deux éclipses totales consécutives, c’est Régina en Saskatchewan! note M. Hernandez. La plus récente éclipse totale s’est déroulée en -54 avant notre ère et la prochaine sera visible en 2153; 2200 ans sépareront les deux! »

D’où sera-t-il possible d’observer le spectacle céleste?

De façon générale, la durée des éclipses solaires totales varie de quelques secondes à sept minutes environ. Dans la zone où elle sera complète, celle du 8 avril n’atteindra pas plus de quatre minutes au Québec. La bande de totalité couvrira partiellement la Montérégie et la Beauce, le sud de la région de Montréal, les Îles-de-la-Madeleine et l’Estrie. À Sherbrooke et en périphérie, incluant le site de l’Observatoire du Mont-Mégantic, l’éclipse totale de Soleil durera presque trois minutes trente. Un peu partout, des activités spéciales sont organisées.

Pourquoi est-ce important de porter des lunettes certifiées?

Au moment très précis de l’éclipse totale, le phénomène peut être observé sans protection. Avant, après ou dans les zones où l’éclipse est partielle — même à 99 % —, le port de lunettes certifiées est nécessaire. Comme le blanc de l’œuf, la rétine est translucide. Exposée aux rayons solaires, elle s’opacifie, causant une cécité irréversible. Pour connaître les endroits où il est possible de se procurer des lunettes, on peut consulter le www.eclipsequebec.ca. Une autre avenue consiste à vivre l’expérience en petit groupe afin de se partager les lunettes.

Les éclipses totales de Soleil présentent-elles un intérêt scientifique?

« Une éclipse, c’est un très bon moment pour étudier le champ magnétique du Soleil. Au fil du temps, on s’est également servi du phénomène pour calculer beaucoup de choses : du ralentissement de la Terre à la théorie de la relativité générale d’Einstein. On a même trouvé de nouveaux éléments que l’on ne connaissait pas. C’est en effet pendant une éclipse qu’on a découvert que l’hélium existait, qu’il compose le Soleil », explique le directeur du Planétarium.