La dureté du mental : se motiver avec la psychologie du sport

Rénover sa cuisine et boxer 12 rounds, même combat ? Oui, révèle un expert de la psychologie du sport. Il dévoile certains secrets d’athlètes pour vous aider à mener à bien vos projets de vie les plus divers.

Née au siècle dernier, la psychologie du sport est une science qui s’attarde à la performance au sens large. Elle vise notamment à modifier le discours interne – ou soliloque – d’un individu afin de le propulser vers de nouveaux sommets.

« Elle est axée sur la recherche de solutions plutôt que sur la résolution de problèmes. Il y a un véritable lien entre nos pensées et ce qu’on réalise au quotidien », souligne Sylvain Guimond, docteur en psychologie du sport, auteur, conférencier et figure bien connue des téléspectateurs de RDS.

Il est commun de croire que l’élite sportive est imperméable au stress. L’excellence serait en ce sens quelque chose d’inné, c’est-à-dire la conséquence logique d’une prédisposition naturelle. Or, cela est faux.

« Le stress est une réponse physiologique normale qui nous pousse à nous mettre en action. Celles et ceux qui accomplissent de grandes choses ont en revanche appris à mieux le canaliser », nuance Sylvain Guimond. La psychologie du sport enseigne des stratégies cognitives et comportementales pour, justement, éviter que cette réaction réflexe ne nous submerge.

« Être dans sa zone »

Cette approche permet en outre de réinsuffler du plaisir dans des activités personnelles, familiales ou professionnelles qui en sont exemptes depuis (trop) longtemps. « L’humain performe mieux lorsqu’il est heureux. Plus le niveau de sollicitation est élevé, plus cela devient important de s’outiller pour recadrer le stress au niveau cognitif », affirme l’expert.

Cette quête expose à vivre le flow, une expression courante qui signifie l’état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans ses réussites, où il est commun de perdre la notion du temps. C’est ce qu’on appelle communément « être dans sa zone ».

Par où commencer ?

Pour atteindre cet état de grâce, il faut tout d’abord reconnaître que les humains sont mus par leurs désirs et leurs passions. « Sans motivations, il n’y a pas de vie. Il y a un nom pour ça : la dépression », indique Sylvain Guimond. Identifier ce qui vous pousse à vous mettre en branle – votre « pourquoi » – revient en somme à déterminer ce qui représente, à vos yeux, la ligne d’arrivée. Bingo ! Vous pouvez dès lors vous fixer des moyens d’atteindre vos objectifs, lesquels devraient être à la fois spécifiques, mesurables, amusants, réalistes et fixés dans le temps.

Prochaine étape : reprendre le contrôle de votre monologue interne. Car il existe un écart entre ce que vous vivez et l’interprétation que vous faites de ces mêmes événements. Le nerf de la guerre est en quelque sorte de reprendre le contrôle de ce cadrage, de ce récit. On peut par exemple voir ce travail actif d’élaboration mentale à l’œuvre lors du processus du deuil – d’un être cher, de sa santé, voire de sa propre vie. « Il est impossible d’accepter quelque chose d’inacceptable, tranche-t-il. On peut toutefois se résigner à vivre avec cette nouvelle réalité. »

Entraîner sa concentration

Cela passe notamment par une redirection de votre attention sur les pensées utiles plutôt que nuisibles à la performance. Plus simple à dire qu’à faire ! Cette ressource précieuse, puisque finie, est plus que jamais fragmentée. Résultat : une difficulté croissante à concentrer délibérément son activité mentale sur une poignée d’éléments, et ce, de manière durable.

Heureusement, cette capacité peut être améliorée par l’entraînement, au même titre que l’endurance aérobie. C’est d’ailleurs ce qui explique le fort engouement pour la méditation pleine conscience dans les dernières années.

Une autre manière de tirer profit des enseignements de la psychologie du sport est de pratiquer l’imagerie mentale. Cette technique consiste à se représenter des états sensoriels multiples (toucher, odorat, etc.) lors de l’exécution d’une tâche. Cela permet de stimuler les mêmes zones cérébrales que si vous la faisiez réellement. « L’imagerie mentale a pour effet de diminuer la réponse de stress et d’augmenter le sentiment de contrôle. Ce qui était imprévisible, nouveau, menaçant devient un peu plus familier », conclut Sylvain Guimond.

Comme quoi le cerveau se comporte véritablement comme un muscle !