Jouer au pickleball, c’est participer au sport le plus en croissance au Québec. Grâce à sa simplicité, son accessibilité et son côté ludique, il a déclenché un véritable raz-de-marée dans les parcs et les gymnases, où les adultes s’y amusent comme au temps de leur jeunesse.
Pour moi, ça s’est passé en deux temps. D’abord, un samedi matin dans un parc de Sainte-Adèle, où « mon » court de tennis était envahi par un groupe qui pratiquait un sport dont j’ignorais tout, même le nom: pickleball. Marcel, un pur inconnu, m’a abordée en me demandant si je voulais « essayer ». J’ai dit oui, mais ce fut l’affaire d’un jour.
Puis, un an plus tard, j’ai « essayé » de nouveau et là, j’ai été conquise. C’était en 2018. Je n’ai plus jamais joué au tennis : pas assez d’action, arrêts de jeu trop fréquents, trop dispendieux… Je suis très loin d’être la seule à avoir eu la piqûre.
Hausse vertigineuse
Au Québec, il y aurait autour de 35 000 personnes qui pratiquent ce jeu de raquette, dont environ 10 000 au sein de la Fédération québécoise de pickleball, répartis dans plus de 50 clubs. Le nombre d’adeptes a augmenté de façon vertigineuse en quelques années seulement. Au Canada, il a triplé entre 2020 et 2022, pour atteindre un million de joueurs. À les croire, ce sport est la 8e merveille du monde. Leur passion n’a d’égal que l’enthousiasme avec lequel ils veulent en convaincre les autres.
« On peut jouer au pickleball, peu importe l’âge, même avec un niveau de condition physique faible ou moyen, dit Jacques Goulet, ex-professeur d’éducation physique. La plupart du temps, il n’y a que deux ou trois pas à faire pour rejoindre la balle, peu de mouvements par-dessus l’épaule et la raquette courte assure un certain contrôle. De plus, l’apprentissage est facile et permet d’éprouver rapidement du plaisir. En achetant un filet et en traçant des lignes au sol, on peut même jouer chez soi. »
Au-delà du plaisir, il y a la compétition. Il y a désormais de nombreuses ligues et groupes formés partout au Québec.
« Des circuits professionnelles commencent aussi à se créer. Ça va vite! », explique Stéphane Brière, directeur général de la Fédération québécoise de pickleball. Pour accéder à un niveau intermédiaire ou élevé, les exigences physiques sont plus grandes. Le jeu demande de bonnes habiletés dans la frappe, le déplacement et la stratégie autour du placement de la balle. Mais plus que tout, ce sont les réflexes et la coordination œil-main qui sont particulièrement sollicités, vu la vitesse du jeu.
Renouer avec le jeu
Un des attraits de ce sport est son aspect ludique et son caractère social. Jouer au pickleball, Ingrid Kovitch en est passionnée depuis deux ans. Elle constate qu’à un certain moment de leur vie, les adultes arrêtent de jouer, au sens propre du mot.
« Ce sport permet de renouer avec cette dimension importante à la fois pour la santé mentale et physique. Y jouer, c’est aussi se retrouver avec des gens qui partagent la même passion et avec qui on peut échanger hors du terrain. Il y a finalement peu d’occasions de se faire de nouveaux amis, mais quand tu joues au pickleball, tu en as 20 tout de suite! L’été, il fait beau, les gens apportent leur chaise dans le parc et comme quand nous étions enfants, c’est la fête. »
« Il y a maintenant des journées pickleball jumelées à des pique-niques et même des soirées pickleball pour célibataires », renchérit Stéphane Brière.
Le corollaire de ce succès est la facilité de trouver des partenaires de jeu. Pas besoin de les chercher, ils sont déjà là, dans les clubs privés, dans les gymnases l’hiver et dans les parcs l’été, en grappes, de bonne humeur, heureux de s’amuser en toute simplicité, même si la victoire leur importe autant que la satisfaction de garder la forme.
Victime de son succès
L’engouement n’est pas sans conséquence. « Avec seulement 1000 courts, le manque de terrains est criant, au point où cela freine la progression de notre sport », affirme Stéphane Brière.
Plusieurs clubs doivent même se résigner à refuser de nouveaux membres, car le nombre de terrains est insuffisant. Mais les municipalités et les communautés de joueurs sont à la recherche de solutions.
« Ils construisent soit des courts dédiés au pickleball, soit des courts multifonctionnels. Il y en a même qui lignent des surfaces de béton dans des stationnements municipaux pour accueillir les joueurs », souligne M. Brière.
Le manque d’entraîneurs et d’officiels ainsi que l’organisation de compétitions sont aussi des enjeux sérieux. En fait, la Fédération estime que l’extrême rapidité de la croissance du pickleball confronte ses gestionnaires à des problèmes qui auraient dû se présenter dans cinq ans !
Considéré auparavant comme le sport des têtes blanches, le groupe d’âge affichant la croissance la plus rapide est maintenant celui des 18-34 ans. Et l’élan n’est pas près de ralentir.
Alors, ça vous dit « d’essayer » ?
EN BREF – Jouer au pickleball
Le pickleball est pratiqué sur une surface de la taille d’un terrain de badminton. En simple ou en double, les joueurs frappent une balle en plastique perforée au-dessus d’un filet de 0,91 m de haut à l’aide d’une raquette à face pleine. La partie est habituellement de 11 points, mais un écart de 2 points est nécessaire pour remporter le match. On peut marquer des points uniquement lorsqu’on est au service.
EN SAVOIR PLUS
Pour connaître les regroupements régionaux FADOQ qui offrent du pickleball, vous pouvez consulter la liste d’activités dans zoneviva.ca. Pour tout savoir à l’échelle de la province, visitez aussi le pickleballquebec.ca.