Messieurs, le retour d’âge se conjugue aussi au masculin. Mais contrairement à la ménopause, l’andropause se développe discrètement, sans signes évidents. Conséquence : les principaux concernés peuvent vivre avec une foule de symptômes sans en comprendre la cause. Survol d’un phénomène qui peut affecter votre condition physique, votre vie sexuelle et votre estime de soi.
1- Un phénomène biologique normal
L’andropause, appelée aussi le « déficit androgénique lié à l’âge », est un phénomène biologique caractérisé par une diminution progressive des niveaux hormonaux, parfois étalé pendant trois décennies ou plus. Les hommes affectés peuvent éprouver de nombreux symptômes physiologiques, dont la baisse de la libido et les troubles de l’érection.Selon certaines estimations, de 25 à 50 % des hommes seront confrontés à l’andropause.
2- Le coupable : le taux de testostérone
À compter de la quarantaine ou de la cinquantaine, l’homme sécrète de moins en moins de testostérone, soit l’hormone responsable du développement des caractères sexuels masculins. « On commence à s’inquiéter lorsque les valeurs de testostérone totale se situent entre 10 et 12 nanomoles par litre. En deçà de 8, le diagnostic est clair », affirme Mathieu Charron, infirmier praticien spécialisé dans les soins de première ligne à la clinique médicale privée Humani. À noter que les prises de sang se font tôt le matin, lorsque les taux de testostérone sont les plus élevés.
3- Des symptômes très variés
La perte de la capacité à obtenir et à maintenir une érection forte ainsi que la baisse de la libido sont les principaux symptômes de l’andropause, mais ce ne sont pas les seuls. « L’anxiété, la dépression et les fluctuations d’humeur font aussi partie du portrait clinique, indique Yvon Dallaire, consultant conjugal et auteur. Les hommes entament toutefois généralement des démarches pour des raisons qui découlent de la panne sexuelle. » Parmi les autres symptômes à surveiller, il y a la prise de poids soudaine, les bouffées de chaleur et la baisse marquée des performances physiques et athlétiques.
4- Des conséquences à ne pas négliger
Étymologiquement, « andropause » signifie « cesser d’être un homme ». Il y a de quoi démolir l’ego de monsieur, ce qui arrive d’ailleurs souvent, mais pas toujours. « Le phénomène a beau être lié à l’avancée en âge, il n’en demeure pas moins mal vécu par plusieurs. Cela a des impacts sur l’estime de soi et la santé sexuelle, donc l’identité », explique Mathieu Charron. Yvon Dallaire est du même avis. « Les remises en question sont fréquentes, y compris à l’intérieur du couple. L’andropause peut se superposer à des problèmes d’ordre relationnel avec son ou sa partenaire », souligne-t-il.
5- Des stéréotypes à déconstruire
Derrière l’andropause se dissimulent des réalités physiologiques, certes, mais aussi psychologiques et sociales. « Les hommes associent fréquemment leurs performances sexuelles à leur virilité. Cela n’a pas lieu d’être », tranche Yvon Dallaire. En cause : une société où l’image du mâle dur, vigoureux et sûr de lui est martelée à longueur de journée. Habilo Médias, le Centre canadien d’éducation aux médias, le confirme : la publicité est une source importante de représentations stéréotypées de la masculinité.
6- Des traitements adaptés
Le traitement de l’andropause passe par la prise de testostérone. Le but : redresser le taux à des valeurs considérées comme normales. Gélule, gel, injection : la thérapeutique peut prendre plusieurs formes, chacune avec sa posologie propre. « Les médicaments sont généralement bien tolérés, même si un suivi est nécessaire pour s’assurer qu’ils n’occasionnent pas d’effets secondaires indésirables », précise Mathieu Charron. Il faut aussi porter attention aux interactions avec les autres médicaments pris par le patient pour traiter des comorbidités.
7- Une sexualité à redéfinir
Si la médication constitue la pierre angulaire du traitement de l’andropause, elle ne devrait toutefois pas être la seule avenue explorée. Les hommes en andropause devraient saisir cette occasion pour développer de nouvelles représentations. Cela peut par exemple passer par une éducation à la sensualité. « Ce n’est pas parce que je cours moins que je ne peux pas admirer le décor, illustre Yvon Dallaire. La relation sexuelle va bien au-delà de la simple génitalité ; elle s’accompagne de vibrations du cœur et de l’esprit. »
8- L’importance d’un mode vie sain
Les hommes ont la réputation de prendre plus soin de leur voiture que de leur corps. Ce stéréotype a beau avoir la peau dure, il n’en demeure pas moins à-propos dans le cas de l’andropause. Les hommes qui en souffrent ont en effet tendance à en amplifier certains symptômes plus secondaires par leurs mauvaises habitudes de vie, comme la prise de poids, la baisse de l’énergie et la diminution des performances physiques et sportives. Manger de manière saine, bouger sur une base régulière et dormir suffisamment sont autant de premiers pas pour commencer à se soigner.
9- Votre médecin, votre allié
Des préoccupations par rapport à l’andropause? Consultez votre médecin de famille, qui devrait en principe être en mesure de doser votre testostérone. En cas de doute, ce dernier pourrait vous diriger vers un endocrinologue, soit le médecin spécialiste des hormones. Si vous êtes un patient orphelin, vous pouvez toujours vous tourner vers l’une des rares cliniques privées qui évaluent et traitent l’andropause. « Les hommes sont généralement plus à l’aise de discuter de leur santé, surtout sexuelle, avec des professionnels de la santé du même sexe qu’eux », remarque Mathieu Charron.
10- Partenaires, soyez aux aguets!
Malgré les symptômes qui s’accumulent, plusieurs hommes refusent de contempler la vérité en face. Le soutien du partenaire de vie peut alors être salvateur. La personne aimée peut aider à identifier les symptômes, accompagner dans le processus d’acceptation et de traitement, ainsi qu’offrir son aide face à ces grands changements. Dans un couple hétérosexuel, par exemple, il arrive que la conjointe traverse elle-même un épisode similaire. « Par expérience, les femmes sont beaucoup plus sujettes à venir chercher des réponses à leurs questions lorsque leur ménopause survient. Elles ont ce qu’il faut en main pour tirer la sonnette d’alarme », conclut l’infirmier praticien spécialisé.