Suivre ou ne pas suivre… le nouveau Guide alimentaire

Si le nouveau Guide alimentaire canadien a suscité bien des commentaires positifs, il a aussi généré son lot d’inquiétudes de la part de nutritionnistes qui le trouvent mal adapté aux aînés. En ce Mois de la nutrition, faisons le point avec Louise Lambert-Lagacé.

Nutritionniste clinicienne et personnalité médiatique depuis 44 ans, Mme Lambert-Lagacé a bien des réserves concernant le nouveau Guide alimentaire qui, rappelons-le, a fait voler en éclats les notions de portions recommandées et de groupes alimentaires.

« J’applaudis qu’on mette l’accent sur l’importance de cuisiner davantage, d’utiliser des ingrédients de qualité, de limiter les produits hypertransformés et d’éviter les substituts de sucre. Mais le nouveau Guide comporte bien des lacunes, dont celle de ne pas tenir compte du fait que les besoins en protéines des personnes âgées sont plus élevés que ceux des adultes », déplore la coauteure du livre Au menu des 65 ans et plus (Éditions de l’Homme).

Les protéines : pour la masse musculaire

Elle souligne que la préoccupation première avec la clientèle âgée est de freiner la perte de la masse et de la force musculaires, qui nuit à la qualité de vie et à l’autonomie. Or, les protéines d’origine animale semblent avoir un effet supérieur aux protéines d’origine végétale au niveau de la masse musculaire des personnes âgées. De plus, dans un contexte de perte d’appétit, il lui semble peu réaliste de demander aux aînés de prioriser les protéines d’origine végétale, dont il faut consommer de grandes quantités pour équivaloir aux protéines d’origine animale.

« Le Guide est très politiquement correct. On veut sauver la planète en priorisant les protéines d’origine végétale, mais en contrepartie, ça va coûter cher en soins de santé pour les aînés », lance-t-elle.

De surcroît, elle considère que le Guide demande un effort considérable aux aînés en leur suggérant de consommer surtout des protéines d’origine végétale, eux qui ont très peu cuisiné et mangé du tofu et des légumineuses dans leur vie.

Les produits laitiers : pour le calcium

Madame Lambert-Lagacé s’inquiète aussi que les produits laitiers n’aient pas un statut particulier. « J’ai examiné sept guides alimentaires de différents pays et partout, il y a toujours au moins une portion de produits laitiers recommandée quotidiennement. Et pour cause : aucun groupe alimentaire ne nous donne autant de calcium. Une tasse de brocoli donne 62 mg de calcium comparativement à 325 mg pour un verre de lait. Dans une société vieillissante, où l’ostéoporose est présente et où les fractures de la hanche ne sont pas rares, c’est inquiétant de rendre les produits laitiers optionnels.

Le Guide Lambert-Lagacé

Alors, faut-il reléguer le nouveau Guide aux oubliettes ? Louise Lambert-Lagacé recommande aux aînés d’en retenir le meilleur, notamment la belle part qu’il fait aux fruits et légumes ainsi qu’aux grains entiers.

Pour le reste, elle y va de ces quelques lignes directrices : « Je suggère aux personnes de plus de 50 ans de consommer au moins deux portions de produits laitiers par jour afin de sécuriser leurs besoins en calcium et en vitamine D. À 65 ans, il faut continuer à consommer deux produits laitiers par jour, tout en augmentant sa consommation de protéines de sources variées, à chaque repas, pour éviter la baisse de la masse musculaire. »