La mauvaise surprise du point de déclenchement hypothécaire

À la suite de la hausse des taux d’intérêt, certains propriétaires ont des sueurs froides en pensant au « point de déclenchement hypothécaire ».  Virage décortique ce phénomène qui peut avoir de lourdes conséquences sur vos économies.

La Banque du Canada livre présentement une chaude lutte contre l’inflation. Ainsi, le taux d’escompte est passé de 0,25 %, en janvier 2022, à 4,75 % un an plus tard. Ce taux sert de référence pour ceux offerts par les institutions financières.

Pour diminuer l’inflation, les banques centrales (comme celle du Canada) ont dramatiquement haussé leurs taux d’escompte.

Les ménages très endettés ou qui survivent d’une paie à l’autre en pâtissent fortement, surtout ceux qui ont une hypothèque à taux variable avec paiements fixes (qui représentent 80 % de ces prêts). Avant la pandémie, ce produit était attrayant, après 30 ans de taux accommodants. Plus maintenant.

Hausse des intérêts

Si c’est votre cas, la part de votre versement mensuel consacrée aux intérêts a fortement augmenté, au risque d’atteindre le « point de déclenchement », où le paiement au complet sert à payer uniquement les intérêts du prêt. Ce phénomène ne concerne pas les emprunteurs ayant une hypothèque à taux fixe.

Rapidement, le prêteur contacte son client en situation de déclenchement pour effectuer des ajustements. Et c’est là que ça se corse. Surtout pour ceux qui se sont qualifiés pour un prêt de justesse et dont le taux est passé de 1,25% en février 2022 (terme de 5 ans), juste avant la première hausse du taux d’escompte postpandémique annoncée par la Banque du Canada, à 5,8% au 22 juin.

Votre banquier peut alors vous proposer d’effectuer un gros paiement de plusieurs milliers de dollars (si vous avez des économies accumulées, un boni ou un remboursement d’impôt), pour rembourser une partie du capital. Ou d’augmenter le paiement mensuel, qui va ainsi bondir de quelques centaines de dollars. Ouille !

Plus facile, mais plus coûteux

Ou bien, il peut rallonger la période d’amortissement. C’est la solution la plus facile, la plus populaire et… la plus coûteuse.

En apparence, c’est avantageux. Surtout si votre maison est en partie payée. Par exemple : pour un prêt de 200 000 $, avec un terme de 5 ans à un taux de 6 %, vos mensualités passeront de 1 679 $ avec un amortissement restant de 15 ans, à 1 279 $ si cet amortissement passe à 25 ans. La différence annuelle sur vos finances : 4 800 $. Cependant, vous payez de l’intérêt sur de nombreuses années additionnelles.

Beaucoup d’emprunteurs ont vu leur période d’amortissement passer de 25 à 40 ans. Sinon, ils perdaient leur maison. Pour plusieurs, leur dette s’étend désormais bien au-delà de leur retraite. Les médias ont même parlé d’une dame qui aura 103 ans à la fin de son prêt !

Passer d’un taux variable à un taux fixe est-il une bonne idée ? Si, par principe, on ne change pas de bateau en pleine tempête, des simulations avec votre prêteur diront peut-être le contraire… Une porte de sortie intéressante : étendre l’amortissement du prêt, puis opter pour un paiement plus élevé (et, possiblement, des remboursements anticipés) une fois que les taux vont redescendre, dans quelques mois ou années. Car ils finiront par baisser.