Plonger dans l’univers… de Mario Cyr

Mario Cyr dit de lui-même qu’il carbure aux défis. L’homme se définit comme un être passionné… et patient ! Son parcours a de quoi captiver. Cinéaste des profondeurs océaniques, le Madelinot de 64 ans est aujourd’hui connu à travers le monde. Il a été le premier à réussir à capter des images de morses et d’ours polaires en milieu marin.  

Depuis son enfance, Mario Cyr est fasciné par l’eau. Aux Îles-de-la-Madeleine, entre l’âge de 8 et 15 ans, il passe tous ses étés sur la plage. Son masque de plongée, ses palmes et son tuba ne sont jamais bien loin. Il prend plaisir à découvrir ce qui se cache dans le Grand Bleu. À l’époque, il espère qu’il pourra, dès qu’il aura atteint l’âge requis alors fixé à 16 ans, suivre son cours de plongée. Il réalise finalement son rêve et ce sera le début d’une épopée.

« À partir du moment où je suis entré dans l’eau pour aller voir ce qui se passait en dessous, j’en suis vraiment tombé amoureux !, lance d’emblée l’explorateur. Il faut comprendre qu’au début, il s’agissait uniquement de plongée sportive. Mais à l’âge de 19 ans, j’ai commencé par hasard la plongée commerciale. Je participais à la construction de ponts, de quais, je travaillais sous les bateaux… L’hiver, l’ouvrage s’effectuait dans l’eau froide, sous la glace. »

« Jusqu’à maintenant, j’ai travaillé dans près de 90 pays. Le grand bonheur dans tout ça, c’est qu’à 64 ans, je suis encore en bonne forme physique et que je continue à faire de la plongée. C’est un métier passionnant, car même si tu vas au même endroit et vois les mêmes animaux, tu apprends encore des choses, tu n’as jamais fini d’apprendre ! »

Mario Cyr

Apprendre à manier la caméra

En 1984, Mario Cyr fait de la plongée commerciale depuis maintenant cinq ans et voilà qu’il reçoit un appel de Discovery Channel. La chaîne souhaite produire un documentaire sur les phoques du Groenland. Une équipe de tournage s’est déplacée aux Îles-de-la-Madeleine et l’embauche comme guide. Jusqu’à ce jour, le futur cinéaste n’a jamais touché à une caméra, mais la température glaciale l’amène à prêter main-forte au caméraman… qui est frigorifié !

Mario Cyr en Arctique.

« Il m’a appris un peu comment l’appareil fonctionnait et j’ai commencé à faire de la caméra sous-marine, raconte le Madelinot. Quelques mois plus tard, la même compagnie me rappelle pour savoir si je voulais accompagner une équipe pour travailler du côté de l’Alaska. J’y suis allé, mais en me disant que je ne savais pas trop ce que j’irais faire là. Une fois sur place, un autre caméraman qui était avec moi m’a montré plein de choses. »

Mario Cyr
Mario Cyr dans le bassin du Grand Océan à l’Aquarium de Québec (Photo : Johanne Martin)

Une première mondiale

Mario Cyr se rend compte qu’il y aurait peut-être moyen pour lui de gagner sa vie en captant des images. Pendant sept ans, tout en poursuivant la plongée commerciale, il prend part à un ou deux tournages par année. Puis, en 1991, National Geographic le mandate pour aller filmer des morses sous l’eau. Il se retrouve donc dans l’Arctique et capte des images inédites. Après ce franc succès, son nom se met à circuler dans le milieu de la caméra sous-marine.

« Ce que je fais, ce sont toujours des défi. C’est ce que j’aime, quand les gens me disent que ce n’est pas faisable, que c’est très difficile. J’ai la passion, mais de la patience aussi ! Il faut passer beaucoup de temps avec les animaux pour aller chercher de bonnes images. » 

Mario Cyr a réussi à capter des photos saisissantes sous l’eau et sur la banquise au cours des 45 dernières années. (Photo : Mario Cyr)

Aujourd’hui, le cinéaste est engagé dans divers projets.

« Je vais parfois chercher des images, tout simplement. De temps en temps, je suis aux côtés de scientifiques qui veulent prendre des mesures, faire une étude sur le narval ou l’ours polaire, par exemple, et qui ont besoin de visuel pour documenter leurs travaux, mieux comprendre le comportement de ces animaux. C’est un mélange de tout ça, mais toujours lié à l’image. »

Témoin des changements climatiques

Au cours des 30 dernières années, Mario Cyr a été un témoin privilégié des changements climatiques. « Au début, en 1991, il faisait très froid dans l’Arctique. C’était assez rare qu’on s’arrêtait avec les Inuit pour sonder la glace. Aujourd’hui, on doit le faire très fréquemment, toutes les 30 à 45 minutes. Tout cela a des conséquences sur la migration des animaux qui sont là-bas. Ça vient changer tout le système qu’on a connu », commente l’homme.

De nouveaux projets ? L’explorateur n’est pas près de s’arrêter ! L’été prochain, il se rendra une fois de plus dans l’Arctique avec une équipe française. Il collabore en outre à une série sur les métiers des profondeurs qui devrait être diffusée l’an prochain à TV5. « J’arrive du Cambodge où j’ai rencontré des plongeurs qui cherchent des mines. J’irai à Alexandrie cet hiver pour voir des archéologues sous-marins. On va tourner toute l’année… », termine-t-il.

Mario Cyr sera de passage à l’Aquarium du Québec le samedi 3 février et le dimanche 4 février 2024 afin de présenter sa conférence L’aventurier des glaces.