Louis Morissette : «casser l’image du gars frondeur»

La maturité s’amène toujours avec quelques cadeaux sous le bras. La cinquantaine, associée à quelques ennuis de santé, ont convaincu Louis Morissette de faire les choses pour lui et de se détacher du regard des autres. Inspiré par ces réflexions, l’humoriste présente Sous pression, son premier spectacle solo en carrière.

« Je suis encore en train d’assimiler ce qui m’arrive, raconte Louis Morissette au sujet de la cinquantaine. Dans ma tête, je suis tellement un p’tit gars que je n’en reviens pas d’avoir 50 ans ! Suis-je déjà rendu là ? C’est fou ! Comme j’ai de grands enfants, je me dis que ça doit être vrai : j’ai 50 ans… »

Candidement, il avoue ne pas aimer vieillir. Mais comme personne n’est éternel, autant s’efforcer de vivre ça positivement.

« Ça m’a angoissé par le passé, mais j’ai réalisé que ça ne donnait rien. Après tout, on ne sait jamais quand tout peut s’arrêter. Les affaires trippantes ne viendront pas des autres, elles vont venir de moi, alors je compte les provoquer. »

Seul sur scène

Ainsi, après presque 30 ans de carrière et après avoir partagé la scène avec les Mecs comiques, puis avec son épouse, Véronique Cloutier, Louis Morissette a choisi de faire cavalier seul sur scène. Ce premier spectacle sololui offre l’occasion de se mettre à nu, de se dévoiler en riant de ses victoires, ses revers, ses peurs, ses défauts, ses vulnérabilités… Bref, en enlevant le vernis qu’il a longtemps appliqué sur sa personnalité, comme il l’a déjà expliqué sur les réseaux sociaux.

« J’arrive à une étape de ma vie où j’ai beaucoup plus envie de faire les choses pour moi, explique-t-il. Dans un élan d’authenticité, j’ai eu envie de casser l’image du gars frondeur qui n’a peur de rien, car ce n’est pas ma réalité… »

Ce spectacle, c’est aussi l’occasion d’examiner la course effrénée au succès.

« Plus jeune, je croyais que lorsque j’arriverais à 50 ans, j’atteindrais une certaine sagesse, poursuit-il. Je m’étais fixé des objectifs. Je me disais que si je réalisais telle ou telle chose, j’allais être satisfait, comblé, apaisé. Finalement, l’atteinte d’un objectif en amène un autre et au final, on ne ralentit jamais. »

À cette question : « Qu’est-ce que le succès ? », il estime que chacun a sa réponse. « Pour ma part, je sais que ce n’est pas relié à un compte de banque, car ultimement, ça ne m’a jamais calmé. Il reste le dépassement personnel. Je me suis rappelé ce que je voulais faire initialement et j’ai constaté que j’avais déjà coché beaucoup de cases. À partir de ce moment, j’ai décidé de faire les choses parce que j’en avais envie, avec des gens que j’aime et pour les bonnes raisons. Mais pour y parvenir, il a fallu que je m’arrête, que j’aie des soucis de santé… »

Quand le corps dit « stop ! »

Louis a vécu des crises aiguës de bruxisme qui ont évolué vers l’inflammation de l’ATM (articulation temporo-mandibulaire). « Cela a mené à une forme de surdité au niveau de l’oreille gauche, dit-il. Quand ça m’est arrivé, mon médecin a suggéré que je relaxe un peu. Ça semblait être relié au stress et à des facteurs extérieurs. Je me suis donc arrêté et je me suis questionné. »

C’est sur cet événement que repose la genèse du spectacle. « Sur scène, j’évoque les événements qui ont marqué ma carrière, mais comme je le dis toujours, on peut changer les événements ou les personnes, nous avons tous le même type de récit, c’est-à-dire des points charnières, des traumatismes, etc. »

Avec le temps, Louis a acquis une certaine liberté intérieure. « J’ai une grande chance, admet-il : j’ai une liberté financière qui me permet de faire des choix. Certains me disent que s’ils pouvaient refuser certaines choses, leur vie serait plus simple. J’en suis conscient. Je ne suis pas un coach de vie et je ne dis pas aux gens comment ils devraient vivre, car chacun a sa réalité, ses enjeux. Mais au-delà de l’aspect financier, il n’en demeure pas moins qu’on peut faire les choses pour soi et ne pas vivre dans le regard des autres. J’aurais aimé faire ce cheminement plus jeune… mais j’étais trop occupé à travailler. »

L’histoire d’une passation

Sur Tout.tv, on peut visionner les épisodes de Louis Morissette : Retour à la base, une série documentaire qui nous entraîne dans les coulisses de son spectacle, dont la première partie est assurée par son fils Justin.

« C’est donc aussi l’histoire d’une passation, dit le père de trois enfants âgés de 21, 19 et 14 ans. Justin apprend ce métier. J’en profite pour partager deux ou trois choses avec lui et lui éviter peut-être quelques ennuis. Je sais qu’il veut faire ce métier. Ce n’est pas le chemin que j’aurais préféré le voir prendre, mais c’est son choix. Même si je trouve ça fort plaisant de faire des spectacles avec lui, je ne veux pas que ça se vive au détriment de son parcours scolaire. Justin a du talent et la bonne attitude, mais il n’est ni le premier ni le dernier à avoir du talent. Alors nous verrons. »

Dans le documentaire, on constate aussi que Véro et Louis forment, encore et toujours, une équipe unie, soudée, complice. « Quelle chance d’être encore en amour avec sa femme, dit-il, enthousiaste. Véro, c’est ma partner et ma critique numéro 1. Elle ne recule devant aucune critique. J’ai besoin de ça pour avancer. Je l’admire beaucoup et je crois que c’est réciproque. C’est un élément important dans une vie de couple… »

Photos : Andréanne Gauthier

On se procure des billets pour le spectacle Sous pression au louismorissette.ca. Pour chaque billet vendu, 2 $ seront remis à la Fondation Véro & Louis, dont la mission est de créer des milieux de vie permanents et adaptés pour des personnes autistes de 21 ans et plus, présentant ou non une déficience intellectuelle.