« On reste jeune si on a toujours des projets »

Derrière l’artiste flamboyante qu’on qualifiait de reine du disco et qui compte près de 30 albums à son actif, Pasty Gallant est aussi une femme d’une rare profondeur. La chanteuse, qui médite et cultive le bonheur au quotidien, lancera bientôt son autobiographie : Ma vie en technicolor.

Un bel exercice 

C’est à la demande générale que Patsy a choisi de revenir sur sa vie personnelle et professionnelle dans une autobiographie qui sera publiée le 16 septembre aux Éditions La Semaine. « Ça faisait longtemps que les fans me demandaient une biographie », confie la Néo-brunswickoise d’origine.

Replonger dans son enfance a été un exercice formidable. « Ça m’a permis de renouer avec des gens à qui je n’avais pas parlé depuis 30 ans et de retrouver des photos d’il y a longtemps. J’ai été chanceuse d’en trouver, car je jette tout ! Je ne vis pas dans le passé. »

Chanter, c’est sa vie depuis l’âge de trois ans. « Je considère que ma carrière a démarré à l’âge de six ans, à partir du moment où ma mère a été payée lorsque mes sœurs et moi chantions. Nous formions les Gallant Sisters. C’est grâce à la chanson que ma mère a pu nous nourrir. Elle avait quand même 10 enfants… Ma mère était notre gérante, cousait nos costumes. Elle était dure, mais dans le contexte de l’époque, je la comprends. C’est à elle que je dois ma carrière. »

« Tu me tues »

Patsy, qui est un grand livre ouvert, a limité quelque peu ses confidences en relatant sa vie. « Pour ne pas faire mal aux gens et parce qu’il faut se garder un jardin secret. »

Un ex a menacé de la poursuivre. Il n’assume pas leur relation. « Ça m’a fait mal… J’ai retranché ce passage parce qu’il évoquait sa vie privée. Pourtant, c’était une belle histoire… Comme j’ai écrit six chansons pour lui, j’ai décidé d’en laisser deux dans le livre, dont une nouvelle qui s’intitule Tu me tues. Parce que les gens ignorent souvent que depuis 40 ans, j’écris paroles et musique, j’ai eu l’idée d’insérer dans le livre les chansons que j’ai écrites pour certaines personnes, notamment celles qui m’ont été inspirées par le décès de deux de mes sœurs. Je pense que cela permettra aussi aux gens de mieux connaître la personne derrière l’artiste. »

Toujours jeune

La dynamique chanteuse, qui célèbrera ses 72 ans le 15 août prochain et qui se targue de mener une vie particulièrement active, souhaite aussi inspirer les gens sur ce plan. « J’ai une énergie de jeune, dit-elle. C’est génétique. Même si ma mère est morte à 47 ans, elle avait une énergie incroyable ! Cette énergie et cette joie de vivre, c’est aussi dans la tête. J’oublie mon âge… J’ai dansé et j’ai bougé toute ma vie. J’ai participé aux Dieux de la danse il y a quelques années. Je n’en reviens pas moi-même ! Eddy Toussaint souhaite que je recommence à danser. Je suis encore très flexible. Ça me vient de mes années de danse. »

Elle se lève à 6 heures le matin et a toujours quelque chose à faire. « Je suis incapable de rester à ne rien faire… Je crois qu’on reste jeune si on a toujours des projets. Je m’émerveille encore, je nourris ma tête et mon âme. C’est tellement important… Je fais de l’arthrite, mais je passe par-dessus. Ça fait mal, mais j’avance ! »

La mère et la femme

Maman d’un fils unique, Jason, âgé de 34 ans, la chanteuse s’enflamme en parlant de lui. « C’est mon fils adoré. Quand je regarde tous mes trophées, je me dis que ce n’est rien comparativement à la chance d’avoir un enfant. Je l’aime à la folie ! Nous avons une belle complicité. Et il a du talent ! Il chante, mais pas suffisamment. C’est un métier si difficile, mais il ne faut jamais perdre son rêve de vue… »

Et l’amour, qu’en est-il pour cette passionnée de la vie ? « Comme j’ai donné ma vie à mon métier, mes histoires d’amour ont toujours été difficiles… Je vais chercher mes hommes et la plupart du temps, je les laisse. Je me lasse ou ils ne peuvent supporter la vie que je mène. Je suis une femme très forte et je suis toujours dans la lumière. L’attention a toujours été sur moi. Bien des hommes ne peuvent assumer ça… Je me souviens de mon ex-mari qu’on appelait « Monsieur Gallant ». Ce n’est pas drôle, quand même… J’aimerais rappeler aux femmes de mon âge de ne pas avoir honte de vouloir encore être aimée et de vouloir du sexe si elles en ont envie. C’est tout à fait normal… »

Une grande philosophe

Même si elle en avait le pouvoir, Patsy ne changerait rien à sa vie… sauf une chose. « J’aurais aimé aller à l’école plus longtemps, mais j’ai compris que ce n’est pas l’école qui nous rend intelligents. C’est l’école de la vie qui nous donne notre pouvoir. Pour moi, le bonheur se trouve dans les petits moments. Je profite de chacun d’eux. Je suis une adepte de méditation depuis 1980. Je médite une fois par jour depuis tout ce temps… même au bout du monde ! »

Photo : Spiro