Thérèse Wagner pousse de la fonte. Cinq fois par semaine, la femme de 75 ans se rend à un gym dans les Laurentides pour s’entraîner. C’est une bonne habitude de vie puisque la musculation chez les personnes aînées peut aider à prolonger la durée de l’autonomie physique.
Souriante, la septuagénaire nous accueille à l’entrée de la salle d’entraînement du gym Saint-Sauveur, à Sainte-Adèle, où elle passe près de 10 heures par semaine. La musique pop résonne, tout comme les cling-clang ! des poids et haltères.
« Je ne m’entraîne pas dans le but d’avoir les cuisses ou les bras gros comme ça », s’amuse-t-elle en formant un énorme rond avec ses mains. En effet, cette grand-maman n’a rien d’une madame muscle. Mais sa poignée de main est ferme, tout comme le biceps qui se profile sous sa manche de t-shirt.
Ça fait sept ans que Thérèse Wagner cultive son corps en poussant, tirant et soulevant des poids. À chaque jour, c’est sa routine. Les bras, les jambes, le tronc… tout y passe. C’est une question d’équilibre, souligne-t-elle. Sur Internet, la retraitée fouine même les sites spécialisés afin de perfectionner sans cesse son programme d’entraînement.
Pourquoi ? « La musculation, c’est plus qu’une passion, répond-elle du tac au tac. C’est devenu une obligation. Si j’arrête une ou deux semaines, je suis moins en forme. Je le ressens tout de suite. »
« La musculation chez les personnes aînées, c’est hyper important »
Thérèse Wagner, c’est l’exception. Chez les 60 ans et plus, six personnes sur dix ne font pas, ou trop peu, d’activité physique, explique Mylène Aubertin-Leheudre, professeure au département des sciences de l’activité physique de l’UQAM. En ce qui concerne la musculation, la proportion serait beaucoup plus faible.
« Il y a une peur. Beaucoup de gens se disent : “Moi, des exercices dans une salle de gym avec des machines, ça ne m’intéresse pas”. »
Pourtant, à partir de 55 ou 60 ans, les hommes et les femmes commencent à perdre de la masse et de la force musculaire. S’ils n’y remédient pas, cette diminution risque de miner une foule d’activités quotidiennes.
« Quand vous vous déplacez, en traversant une rue par exemple, il vous faut de la force et de la masse musculaire. Si vous ne les maintenez pas par de la musculation, vous allez graduellement perdre votre autonomie physique. »
Si vous estimez que cet argument ne fait pas le poids, l’experte ajoute que vous aurez aussi besoin de votre force et de vos muscles pour vous maintenir en équilibre. Un laisser-aller pourrait être lourd de conséquences. Pensez aux chutes, l’une des causes majeures d’hospitalisation et de décès chez les personnes aînées.
Tout ça, c’est bon pour le corps, mais qu’en est-il de la tête ?
« Quand vous contractez vos muscles, il y a des mécanismes qui envoient des messages à votre cerveau. Ça aide à maintenir une certaine santé cognitive », fait valoir la chercheuse.
« Un peu, c’est mieux que rien du tout »
Si l’exemple de Thérèse Wagner est inspirant, il ne doit pas devenir intimidant.
« Il faut toujours se dire qu’un peu, c’est déjà mieux que rien, martèle Mylène Aubertin-Leheudre. Il ne faut pas vous dire que vous devez aller au centre d’entraînement cinq fois par semaine pour garder votre santé. Vous allez d’abord commencer modestement, puis vous allez augmenter graduellement votre routine. »
La recommandation actuelle, c’est d’en faire au moins deux fois par semaine, puis d’effectuer des exercices d’intensité, de l’aérobie modéré, au moins trois fois par semaine. L’experte insiste : il n’est jamais trop tard. « Vous pouvez avoir 78 ans et vous dire que vous vous prenez en main en vous remettant en activité physique. Vous pouvez en faire chez vous, avec peu ou pas de matériel. Vous pouvez utiliser votre corps, des poids libres ou même des boîtes de conserve et des bouteilles d’eau. »
En exemple, elle suggère de prendre une chaise et de la placer le dos contre un mur. On feint alors de s’asseoir sans réellement poser les fesses. Puis hop !, on se relève avant de se baisser de nouveau. En cas de fatigue, on prend une pause, puis on recommence. On augmente ensuite le nombre de répétitions.
Écouter son corps
Connaître et respecter ses limites sont des conditions essentielles à la réussite de son entraînement, confirme Thérèse Wagner.
« Je suis en contrôle de mon corps. Si je suis moins en forme, je baisse les poids. L’année dernière, j’ai persisté à m’entraîner lorsque je n’aurais pas dû et je me suis blessée à un bras. Ça m’a appris à faire plus attention. Quand on se sent fatigué, il faut s’arrêter ! »
Un jour, concède-t-elle, son corps ne lui permettra plus d’augmenter la charge des poids. Il l’obligera même à la réduire. Mais dans son esprit, pas question d’arrêter. « Je vais m’entraîner quand même… jusqu’à ce que je sois dans ma tombe ! »
Consultez un professionnel de la santé si vous souhaitez amorcer un programme d’entraînement et que vous avez des questions par rapport aux fréquences et aux types d’activités physiques qui vous conviennent le mieux.