Dans son plus récent livre, Louise Portal plonge dans ses nombreux souvenirs. Sa biographie, Aimer, incarner, écrire, propose une formule différente, qui permet de découvrir l’artiste dans le cadre d’un échange avec son collaborateur, Samuel Larochelle. Outre sa carrière d’exception, la femme partage des confidences sur sa vie intime, de sa jeunesse à aujourd’hui.
« Toutes les grandes décisions que j’ai prises viennent d’un ressenti, explique Louise Portal au sujet de la genèse de son nouveau livre. Je me suis levée un matin et je me suis dit que c’était le temps. Il n’y avait pas d’urgence, mais je suis quand même rendue à l’âge des bilans. »
Pour ce faire, elle a souhaité se faire accompagner sur le chemin de la mémoire. « J’ai demandé à Samuel de m’écouter, de me relancer. Grâce à cet échange, j’ai eu moins de pudeur que si j’avais écrit ce livre moi-même. »
Parsemé de photos, de dessins et de textes de son autrice, le livre débute sur la relation gémellaire de Louise, ce lien initial qui a marqué toute sa vie. Jumelle de Pauline Lapointe, aujourd’hui décédée, elle a eu à entreprendre sa propre quête pour trouver son unicité tandis que sa jumelle rêvait de symbiose. « Pauline et moi avons traversé beaucoup de sentiers épineux, confie-t-elle. Elle m’habite tous les jours. »
Une carrière d’exception
En 50 ans de carrière, Louise Portal a été de 45 longs métrages, 16 courts métrages et 37 séries télévisées, a enregistré cinq albums et signé une vingtaine de livres. Celle qu’on associe, entre autres, au Déclin de l’empire américain, aux Invasions barbares mais aussi à Cordélia, rappelle les succès et les écueils. « Le chemin n’a pas toujours été parsemé que de roses, constate-t-elle. J’ai été refusée au Conservatoire; mon premier disque est resté un an sur les tablettes; mon livre, Jeanne-Janvier, a été refusé par quatre maisons d’édition. Comme disait Samuel, rien n’a été gratuit ! Je crois que j’avais besoin de rencontrer des obstacles pour pouvoir mûrir et grandir. Ils m’ont propulsée au lieu de me paralyser. »
Il y a eu aussi de grands moments, nuance-t-elle. Après un prix d’interprétation dans un festival de théâtre amateur, elle s’est retrouvée en France à fréquenter trois écoles de théâtre. À son retour, il y a eu l’entrée au Conservatoire, puis son travail avec Walter Rossi, son ex-amoureux, producteur de quatre de ses albums. « C’est un destin incroyable ! La vie voulait vraiment que je sois une artiste… C’est à travers ce métier que j’ai trouvé un sens à ma vie. »
Avancer sur le chemin du vieillir
Au fil des pages de son livre, Louise Portal multiplie les confidences sur sa vie amoureuse. Chaque histoire semble la préparer à son grand amour, Jacques, rencontré il y a 30 ans de manière impromptue. « C’est un parcours amoureux nécessaire, croit-elle. Ma relation avec Jacques prend beaucoup de place, car elle est la réalisation de mon espérance amoureuse. Je n’ai pas pu fonder une famille : j’ai fait deux fausses couches, dont la dernière à 45 ans. J’ai compris que la vie ne voulait pas que je vive la maternité, mais je vis toujours ce grand amour et ça, c’est merveilleux. »
« Pas le droit de vieillir comme actrice »
Quand on lui demande si ce métier lui permet de vieillir, la réponse surgit, spontanée et pleine de sens : « Il ne faut pas attendre qu’on nous donne le droit. Si j’étais dans l’attente, je serais déprimée… Pour une actrice qui a une feuille de route comme la mienne, j’ai tourné dix jours en quatre ans. On ne me donne pas le droit de vieillir comme actrice, car il n’y a pas de rôles. J’ai eu mes heures de gloire, mais je suis maintenant dans le détachement et le contentement, car je veux vieillir sereinement. Je me donne le droit de vieillir, car j’accepte ce qui vient à moi. J’ai eu quelques jours de tournage cet été, mais il y a aussi l’écriture, les conférences. Je vais à la rencontre des gens de mon âge, j’anime des journées d’aînés, je chante. Je fais le bonheur de plein de monde… »
Louise Portal : Aimer, incarner, écrire est publié au Éditions Druide. Il sera en librairie le 20 septembre 2023.