Chacun de leur côté, Louise Turcot et Marcel Sabourin ont au total 17 petits-enfants. Et c’est sans compter leurs petits-enfants d’adoption dans l’émission Les Parent : Thomas, Oli et Zak ! Grâce aux personnages de Madeleine et Bernard Rivard, les grands-parents ont pris leur juste place dans le quotidien de cette famille pas si ordinaire que ça.
L’émission entamera en septembre sa 8e et dernière saison, à Radio-Canada. Louise Turcot et Marcel Sabourin n’en faisaient pas partie au départ mais ont néanmoins eu amplement le temps, en cinq ans, de s’attacher aux trois enfants et à leurs parents, joués par Anne Dorval et Daniel Brière, qui charment aussi régulièrement plus d’un million de téléspectateurs.
« Nous avons vu Joey Scarpellino, Raphaël Grenier-Benoît et Louis-Philippe Beauchamp passer d’enfants à ados, puis se transformer en jeunes adultes. J’aurais continué volontiers encore deux ou trois ans mais c’est comme ça dans notre métier », dit Marcel Sabourin, dont le charisme et la folie sont demeurés intacts, à 80 ans.
« Le plaisir de voir évoluer les jeunes vedettes des Parent s’apparente à ce qu’on ressent à regarder grandir nos propres petits-enfants », ajoute Louise Turcot qui, à 70 ans, cumule déjà 50 ans de métier. Elle aussi aurait goûté encore quelque temps au pur bonheur de faire partie de cette famille idéalisée et de jouer les scènes bien ficelées de cette comédie qui fait du bien par sa façon d’épouser la réalité de toutes les familles.
À l’enseigne de la tolérance
La présence de plus en plus fréquente des grands-parents Rivard chez les Parent – jusqu’aux splendeurs et misères de la cohabitation pendant quelques mois ! – a ajouté une nouvelle dimension à la vie de cette famille nucléaire. Une dimension où Marcel Sabourin perçoit notamment de la tolérance entre les aînés et les plus jeunes, parce que leur lien est dénué de responsabilité et d’autorité.
« Les sketchs se veulent comiques. Les grands-parents essaient d’être à l’écoute de leurs petits-enfants mais ne comprennent pas toujours ce dont ils parlent ! Ils se font manipuler aussi, mais sans malice. Il ressort beaucoup d’amour de ces liens familiaux », analyse Marcel Sabourin. Père de quatre fils et grand-père de huit petits-fils et d’une seule petite-fille, il semblait prédestiné à devenir le papi des trois garçons turbulents vivant sous le toit des Parent.
Des rôles seulement !
Celui qui incarne Bernard Rivard, grand buveur de « chablisse » – cépage que lui seul fait rimer avec Suisse ! – avoue avoir plusieurs affinités avec son personnage. « C’est un nono, qui aime tout le monde, résume cet éternel excentrique. Et moi, j’ai été ridicule toute ma vie. Je sais rire de moi-même et mon personnage aussi. D’ailleurs, c’est essentiel ! »
Louise Turcot, elle, prend davantage ses distances par rapport au personnage de Madeleine. « C’est une Germaine et moi, je ne suis pas du tout comme ça dans la réalité. Aussi, Madeleine a toutes les difficultés du monde à maîtriser les nouvelles technologies et doit souvent faire appel à son beau Thomas pour la dépanner, ce qui n’est pas mon cas. Souvent, des femmes de mon âge me disent qu’elles se reconnaissent dans Madeleine. Ça leur fait du bien de savoir qu’elles ne sont pas seules à vivre telle ou telle situation et de pouvoir en rire par le biais de l’émission », dit la grand-maman de neuf petits-enfants, dont un bébé tout neuf né en juin.
Sur le plateau toutefois, Louise Turcot doit un peu être la Germaine de Marcel, ce dernier avouant être parfois perdu. « Lorsqu’il y a des scènes compliquées, elle me raccroche toujours avec un geste ou un regard, et je dis ma réplique à temps. » Puis, il baisse le ton, Louise étant au maquillage à deux pas : « Ne lui dites pas, mais c’est une actrice très talentueuse et très professionnelle (rires !) »
La complicité entre ces deux grands comédiens est à la fois simple et grandiose, notamment lors de la séance de photos, au parc Lafontaine. « Lui dit des farces plates, moi je ris. Je suis habituée, mon chum [Gilles Renaud] aussi fait toujours des blagues plates », lance Louise entre deux fous rires. Et lui éclate de son rire inimitable en se jetant la tête en arrière, faisant ressurgir en moi le souvenir de l’original professeur Mandibule de La Ribouldingue.
« Continuez vos études »
Au fil des saisons des Parent, Louise et Marcel ont souvent jasé avec les interprètes de Thomas, Oli et Zak et reçu quelques confidences de leur part, entre deux scènes.
« À chaque occasion, je les encourage à terminer leurs études. Je répète la même chanson aux autres jeunes acteurs qui jouent des rôles dans l’émission. Je dis aux comédiens de la relève que s’ils ne sont pas prêts à sauter au travers un cerceau en feu pour obtenir un rôle, ils ne sont pas faits pour ce métier-là », illustre celui qui s’est retrouvé sans contrat devant lui « au moins 250 fois », sans jamais pour autant avoir chômé très longtemps en 55 ans de carrière.
L’effet petits-enfants
En clôture de cette belle rencontre, la discussion prend une tournure plus personnelle. Tout en attendant que le soleil daigne ajouter à leur aura lumineuse pour les dernières photos, les deux comédiens parlent du mélange de fierté, de respect et d’amour qui parfume la relation que chacun entretient avec ses enfants devenus parents et avec ses petits-enfants.
La réplique finale appartient à Louise Turcot : « Entre autres choses, mes petits-enfants m’incitent à me garder en forme parce que je veux les voir grandir. Ils sont une véritable raison de vivre. »
Photos : Bruno Petrozza