Le VRS en cinq questions

La saison des virus respiratoires s’amorce bientôt. En plus de l’influenza (grippe) et du SRAS-CoV-2 (COVID-19), le virus respiratoire syncytial (VRS) est responsable de bon nombre d’hospitalisations chez les personnes aînées. Heureusement, un nouveau vaccin offre enfin une lueur d’espoir pour les 60 ans et plus. Tour d’horizon en cinq questions.

Qu’est-ce que le VRS ?

Vous toussez, éternuez, coulez du nez. Vous vous sentez à plat et fiévreux. Un simple rhume ? Peut-être. C’est peut-être aussi le virus respiratoire syncytial (VRS), un agent pathogène très répandu qui provoque une infection des poumons et des voies respiratoires. Ses symptômes apparaissent généralement de deux à huit jours après l’exposition au virus.

« C’est un virus qui, un peu comme la grippe (influenza), peut causer des problèmes respiratoires, explique le Dr Nicholas Brousseau, membre du Comité sur l’immunisation de l’Institut national de santé publique du Québec. Souvent, les symptômes sont légers. Mais chez les personnes plus fragiles, ça peut donner des problèmes plus importants. »

Comment ça s’attrape ?

Le VRS suit un modèle saisonnier annuel. Au Canada, les épidémies s’amorcent généralement à l’automne, en octobre ou en novembre, et se terminent au début du printemps.

Le VRS est très contagieux. Selon le site Web du gouvernement fédéral, il se propage d’une personne à l’autre par l’entremise de contacts étroits. Puisqu’il est présent dans les gouttelettes respiratoires, le virus entre dans votre corps par le nez, les yeux ou la bouche lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue à proximité de vous.

Vous pouvez aussi contracter la maladie en touchant une surface contaminée par le virus, comme une poignée de porte, avant de vous toucher la bouche, le nez ou les yeux.

Il est difficile de confirmer un cas de VRS. Les symptômes peuvent mettre la puce à l’oreille du personnel médical, mais il faut un écouvillonnage nasal pour confirmer le diagnostic. En général, celui-ci n’est administré qu’aux personnes admises à l’hôpital.

Le VRS, c’est dangereux ?

La plupart du temps, les infections au VRS ne sont pas plus graves que celles d’un rhume banal et se résorbent en une à deux semaines. Néanmoins, la dangerosité varie grandement en fonction de l’âge et de l’état de santé de la personne infectée.

« Chez les enfants très jeunes, il peut causer beaucoup de problèmes, comme des bronchiolites. Le virus occasionne ainsi de nombreuses hospitalisations chez ce groupe d’âge, souligne le Dr Brousseau. Mais en vieillissant, comme on l’a déjà eu, on va être capable de mieux se défendre si l’on est réinfecté. Ça donne donc des problèmes plus légers. »

Mais une fois rendu à un âge avancé, on s’expose à nouveau à un risque de développer de sérieux problèmes respiratoires.

« Surtout chez les aînés plus vulnérables, prévient le Dr Brousseau. Comme ceux qui ont des maladies chroniques, des maladies du cœur ou respiratoires, et qui sont déjà fragilisés. 

À quel point est-il une menace pour les personnes aînées vulnérables ?

« La grippe demeure la principale cause de problèmes respiratoires chez les personnes aînées, mais ici, chaque année, le VRS cause quand même un peu plus d’une centaine de décès chez les aînés et plus d’un millier d’hospitalisations. »

Selon une étude récente, il y aurait eu environ 5,2 millions de cas de VRS, 470 000 hospitalisations et 33 000 décès à l’hôpital chez les adultes de 60 ans et plus dans les pays à revenu élevé, en 2019.

Le vaccin change-t-il la donne ?

Oui… mais pas tout de suite.

Remontons le fil de l’histoire. En raison de la gravité potentielle du VRS, les scientifiques ont multiplié les efforts pour concevoir un vaccin contre ce virus.

« Ça fait des décennies qu’on veut le développer, mais on n’avait jamais réussi à le faire, raconte le Dr Brousseau. Mais des avancées technologiques récentes ont permis d’en créer un. On a donc enfin un vaccin pour combattre le VRS chez les aînés. »

En effet, l’entreprise pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) a développé l’Arexvy, le premier vaccin pour prévenir les maladies des voies respiratoires causées par le VRS chez les adultes âgés de 60 ans et plus. Santé Canada a approuvé le produit en août, soit quelques mois après son pendant américain.

Selon GSK, les études cliniques ont démontré que le vaccin est efficace à 82,6 % dans la prévention des maladies des voies respiratoires inférieures causées par le VRS chez les personnes âgées et à 94,6 % chez les personnes ayant des problèmes de santé sous-jacents.

« La durée d’efficacité paraît assez élevée, fait valoir le Dr Brousseau. On ne semble pas se diriger vers une vaccination annuelle, comme c’est le cas pour la grippe. On pense que le vaccin pourrait protéger pour un certain nombre d’années, ce qui est une excellente nouvelle. »

Il faut néanmoins tempérer notre enthousiasme. D’abord, bien que GSK promette la disponibilité du vaccin au Canada « avant la période d’activité maximale 2023-2024 », il est certain qu’il n’y aura pas assez de doses pour envisager une campagne massive de vaccination au pays cet automne. 

Ensuite, les comités d’experts n’ont pas encore donné leur avis quant à l’utilisation du vaccin. À qui sera-t-il recommandé ? Combien de doses ? Selon quel calendrier ? « Je pense que ça vaut la peine d’examiner tout ça pour voir à qui ça vaut vraiment la peine de donner ce vaccin », plaide le Dr Brousseau.

Le Comité sur l’immunisation du Québec (provincial) et le Comité consultatif national de l’immunisation (fédéral) dévoileront leurs recommandations ultérieurement.  

C’est donc à compter de l’automne 2024 que l’on pourra songer à une véritable campagne de vaccination.

Néanmoins, le développement d’une première arme vaccinale donne un réel espoir dans la lutte contre ce virus potentiellement mortel. Et comme l’indique le Dr Brousseau, ce n’est que le début de cette nouvelle offensive. Dans les prochains mois, plusieurs compagnies pharmaceutiques dévoileront vraisemblablement d’autres vaccins contre le VRS, notamment chez les aînés.

Comment traiter le VRS ?

À défaut d’avoir le vaccin, est-il possible de traiter le VRS ? D’emblée, rappelons qu’il s’agit d’un virus et non d’une bactérie. Conséquemment, les antibiotiques sont inutiles. Il n’existe donc pas de traitement pour guérir l’infection.

Comme pour le rhume et la grippe, il faut se reposer, boire beaucoup de liquide et s’armer de patience. L’acétaminophène ou l’ibuprofène peuvent être consommés pour contrôler la fièvre et la douleur.

Soyez aux aguets, surtout si vous avez 65 ans et plus. Si votre état de santé se dégrade et que les symptômes s’aggravent, notamment l’apparition d’une difficulté respiratoire, consultez un médecin. Dans les cas graves, l’hospitalisation peut être nécessaire afin de donner un soutien en oxygène et des soins pour pallier les complications.

Comme prévenir est mieux que de traiter, suivez ces quelques conseils pour vous protéger et protéger les autres :

– Restez à la maison si vous êtes malade, si possible, et évitez d’entrer en contact avec des personnes qui présentent un risque élevé d’infection grave au VRS;

– Évitez les contacts étroits, comme les poignées de main et les baisers, avec les personnes qui présentent des symptômes de rhume;

– Lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon ou utilisez un désinfectant pour les mains contenant au moins 60 % d’alcool;

– Toussez et éternuez dans un mouchoir en papier ou dans le pli de votre coude;

– Améliorez la ventilation intérieure, par exemple en ouvrant les fenêtres ou les portes;

– Nettoyez et désinfectez les surfaces fréquemment touchées;

– Portez un masque dans les lieux achalandés.