La Nature d’Alexis : un bijou forestier

La Nature d’Alexis est un bijou pour les amateurs de randonnée en Mauricie. Ce réseau d’une soixantaine de kilomètres est entretenu par un modeste groupe de bénévoles, composé en majorité de personnes de 65 ans et plus. Rencontre avec des gens passionnés qui voient grand pour leur petit paradis forestier.

Nous sommes dans le bois à Saint-Alexis-des-Monts, une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Trois-Rivières.

« Ici, on se sent immergés dans la nature, fait valoir Claude Cormier. Plus haut, il y a la réserve faunique Mastigouche, puis le bois pour des centaines de kilomètres. »

Ce passionné de la marche en forêt avance d’un bon pas sur le sentier du Carolus, accompagné de trois autres administrateurs de la coopérative de solidarité La Nature d’Alexis. Leurs yeux scrutent le sol. Il faut s’assurer que les chemins sont praticables.

La balade des bénévoles

Lancé en 2010, La Nature d’Alexis œuvre au développement et au maintien de sentiers accessibles qui mettent en valeur les paysages de la région. Aujourd’hui, ce réseau comprend neuf chemins aménagés en forêt mixte, en majorité sur des terres publiques.

Pour le maintenir, l’organisme compte sur un noyau formé d’une quinzaine de bénévoles actifs, la plupart âgés de plus de 65 ans. « Nous, on est des amants de la nature. On essaie de la promouvoir », explique Jean Paquin.

À ses côtés, Michel Sévigny opine : « Quand on marche dans les sentiers, on n’émet pas de CO2. Je trouve ça intéressant de participer à développer un réseau pour que la population puisse se déplacer sans se motoriser. Il me semble qu’on y gagne, pour la santé et l’environnement. »

Le labeur est parfois ardu. Il faut notamment retirer les gros obstacles, comme les troncs cassés par le vent, et les arbres potentiellement dangereux.

« Il y a quatre ans, il y a eu une grosse tempête de neige mouillée, se remémore Claude Cormier, président de l’organisme. Partout, il y avait des arbres pliés, des branches cassées. Un événement comme ça, c’est déprimant… on se dit qu’on va avoir beaucoup d’ouvrage. »

En 2022, rebelote. Les volontaires ont dû retirer des centaines d’arbres à la suite de violentes rafales de vent. La quasi-totalité de l’été a été consacrée à nettoyer les dégâts. Malgré tout, ils s’entendent pour dire que le travail est gratifiant et se fait toujours dans la joie.

Les finances, un pas à la fois

À la suite d’épisodes météorologiques malheureux, même les bénévoles les plus expérimentés doivent faire appel à des professionnels. Or, cela coûte de l’argent. Tout comme le site Web, les assurances, les structures de bois…

« Nos budgets viennent de plusieurs sources, dont les cotisations des membres et les dons corporatifs. Il y a aussi les droits d’accès, l’aide municipale et des subventions », énumère Claude Cormier. Pour le moment, l’organisme a les fonds nécessaires pour assurer son maintien, mais le président se donne le mandat de diversifier et d’augmenter les revenus.

La philanthropie est l’une des avenues envisagées. L’installation de bornes de donation en bordure des pistes en est une autre. La porte n’est pas fermée aux nouveaux projets, mais seulement si les ressources humaines et matérielles sont au rendez-vous.

« Je veux m’assurer qu’il n’y a pas de pression, que tout le monde s’amuse et que rien n’est obligatoire », conclut Claude Cormier.

En effet, le bénévolat, comme la marche en forêt, c’est bien plus agréable lorsqu’on prend le temps de respirer, de regarder vers l’avant et d’apprécier le chemin parcouru.

À DÉCOUVRIR

Parmi les neuf sentiers de La Nature d’Alexis, la boucle du Lac de l’Aqueduc (6 km, facile/intermédiaire) figure sur la liste du défi 75 sentiers, établi par Rando Québec. Qualifié de « sanctuaire de beauté et de tranquillité », ce sentier mène notamment à un belvédère qui offre une vue imprenable sur le village de Saint-Alexis-des-Monts. Avec sa montée en douceur, l’itinéraire est idéal pour une sortie en famille.

À l’inverse, le sentier du Tonnerre (18 km, difficile) offre un beau défi aux randonneurs expérimentés. Ce tronçon du Sentier national au Québec nous plonge dans la réserve faunique Mastigouche et propose des panoramas extraordinaires à partir des caps rocheux et des falaises. Dépaysement garanti.

COMMENT CONTRIBUER ?

Faute de moyens financiers suffisants, environ 80 % du réseau national dépend, du moins en partie, de l’implication bénévole, selon Rando Québec. « C’est grâce aux forces vives des bénévoles que le réseau pédestre peut se maintenir », soutient Grégory Flayol, directeur général adjoint de l’organisme.

Les volontaires œuvrent dans des organismes sans but lucratif, mais aussi pour le compte de parcs régionaux et de gestionnaires privés. Ils s’occupent d’administration, de promotion, d’entretien, de défrichage… Ils fournissent même leurs propres outils. L’absence de financement public récurrent rendrait pratiquement impossible la rémunération de la main-d’œuvre.

« Les gens ont l’impression qu’un sentier, c’est juste une trace dans la forêt, affirme M. Flayol. Mais ce n’est pas ça. C’est une infrastructure changeante qu’il faut continuellement sécuriser. Il ne faut pas attendre qu’il soit complètement dégradé avant d’investir. »

Le bénévolat en forêt vous inspire ? Sur Facebook, visitez la page du groupe privé Bénévolat en plein air au Québec. Vous y trouverez notamment des conseils, de l’information technique et des propositions de participation à des corvées bénévoles.