Cinq indices pour détecter l’écoblanchiment

Afin d’influencer nos achats, plusieurs entreprises usent de psychologie et d’ingéniosité pour mettre en valeur de fausses vertus environnementales. À tel point que 40 % des prétentions écologiques de produits et services commercialisés sur le Web seraient trompeuses, confuses ou illégales, selon un relevé du Réseau international de protection des consommateurs. Comment détecter l’écoblanchiment ?

1. L’habit ne fait pas le moine

Le bleu et le vert, associés à la quiétude et à la beauté des espaces naturels, sont fréquemment utilisés sur les emballages et dans les publicités pour évoquer un sentiment de confiance envers une marque. De même, les images de paysages, de plantes et d’animaux font émerger des émotions positives, renforçant notre attirance pour un objet.

Méfiez-vous des apparences ! Pour faire des choix éclairés, analysez les caractéristiques réelles du bien convoité. Est-il durable ? Quelle distance a-t-il parcourue ?

2. Les écoétiquettes bidon

Faites confiance aux certifications légitimes qui sont rigoureusement contrôlées par des organismes indépendants, telles Écocert, Écologo, Energy Star, Biologique Québec ou Canada, Fair Trade Certified, ou Forest Stewardship Council (FSC). 

Cependant, ne croyez pas que toute allégation accompagnée d’un cercle vert est crédible. Certaines industries sont très créatives ! Comme dans les exemples suivants, de faux logos peuvent être facilement conçus à l’aide de logiciels de dessin.

Vous doutez ? Consultez le site Web de l’organisme de certification en question, ou la liste des écoétiquettes reconnues par le gouvernement du Québec : environnement.gouv.qc.ca/developpement/ecoetiquette/index.asp

3. Les qualificatifs ambigus

« Pur », « naturel », « écologique » et d’autres termes galvaudés ne sont pas définis de manière universelle et leur utilisation n’est pas réglementée. En conséquence, une compagnie peut se prétendre « écoresponsable », ou présenter sa nouveauté comme étant « écologique », en se basant sur ses propres critères.

La marque de votre démaquillant contient le mot « bio » ? Ça ne veut malheureusement pas dire grand-chose (ne pas confondre avec les certifications biologiques alimentaires, qui sont fiables). En outre, le caractère « naturel » d’un produit ne garantit pas qu’il soit bénéfique pour vous ou pour la planète. Généralement, cela signifie que certains ingrédients proviennent de sources naturelles, mais le produit peut aussi contenir des additifs et des substances transformées. Quand on y pense, tout est naturel ! L’eau, l’arsenic, de même que le gaz « naturel », qui est une énergie fossile contribuant au réchauffement planétaire et à la pollution de l’air.

4. Les belles paroles

Maintes affirmations semblent positives au premier abord, mais ont un effet minime dans la réalité. On l’observe dans le domaine de la mode rapide, où des gestes « bons pour la planète » sont souvent mis en avant. Pourtant, le modèle économique de cette industrie repose sur les ventes toujours croissantes de vêtements, entraînant des conséquences sociales et environnementales dévastatrices. C’est le cas aussi d’une compagnie qui vante ses emballages recyclables, mais qui n’apporte aucune amélioration à ses méthodes et rejets de production.

Repérez également les promesses écologiques qui fournissent peu de détails ni aucune preuve vérifiable, comme « Nous utilisons des matériaux sans danger pour la planète » ou « Nous nous engageons à diminuer notre empreinte de 20 % ». Quelles sont les bases de référence et les méthodes de calcul utilisées ?  

5. Les mythes entourant les gaz à effet de serre (GES)

Il est impossible de totalement éliminer les émissions de GES dans les activités commerciales, ainsi que dans les chaînes d’approvisionnement et de production. Soyez donc sceptiques devant les prétentions telles que « faible en carbone » et les engagements de réduction de GES, qui ne concernent souvent qu’un procédé ou qu’une étape du cycle de vie d’un produit.

Même chose pour la déclaration de « carboneutralité », puisque cela repose généralement sur la compensation, notamment par la plantation d’arbres, et non la réduction des émissions. Sachez également qu’une entreprise peut diminuer ses GES, tout en continuant à surexploiter les ressources, à générer de grandes quantités de déchets, à polluer l’air, l’eau et les sols…

Pour y voir plus clair

Protégez-vous a développé Le Décodeur, un excellent outil qui passe au crible les logos, les écoétiquettes et les ingrédients des produits cosmétiques.

Pour détecter l’écoblanchiment, consultez les sites Web des entreprises et n’hésitez pas à leur demander des précisions sur leurs efforts de réduction de leur empreinte.

Retenez que même vêtu de vert, chaque objet que vous achetez affecte l’environnement, depuis son extraction et sa fabrication, jusqu’à sa fin de vie.

Un produit respectueux de la nature est avant tout local, de qualité, indémodable, réutilisable et réparable. Dès lors, le meilleur achat que vous puissiez faire… est celui que vous évitez.