Rien de plus plaisant que de marcher en nature. Cependant, cette activité n’est pas sans impact. Lors de vos prochaines sorties de plein air, voici des éléments à prendre en considération afin de devenir un randonneur plus respectueux de l’environnement.
La pandémie a propulsé comme jamais la popularité de la randonnée. Selon une étude de Rando Québec, l’achalandage sur les sentiers a explosé de 54 % entre 2019 et 2020. Une bonne nouvelle quand on sait que le grand air et l’exercice apportent de nombreux bénéfices pour la santé. Toutefois, cet engouement génère aussi des impacts négatifs. Parmi ceux-ci, on note la dégradation accélérée des sentiers, l’augmentation des déchets de toutes sortes et la pollution atmosphérique.
Afin de minimiser votre impact et de préserver une belle harmonie avec les autres utilisateurs de la forêt, comme les mammifères et les oiseaux, voici les bonnes pratiques à adopter en randonnée et en camping.
- On n’utilise pas la forêt comme composteur.
Bien qu’un cœur de pomme ou une pelure de banane se décomposeront en nature, ce n’est pas une raison pour jeter ces restants de table aux quatre vents. « Le problème, c’est la multiplication des rognures de pommes, car les gens mangent et se débarrassent de leurs déchets aux mêmes endroits. Des animaux deviennent dépendants de cette source de nourriture au point de devenir agressifs », explique Jean-François Boily, directeur général du parc régional Val-David-Val-Morin secteur Dufresne, qui rappelle qu’il ne faut jamais nourrir les animaux sauvages.
- On rapporte son papier de toilette, même si c’est répugnant.
La nature est une grande toilette. Oui, on peut pisser partout, mais il y a des manières de le faire. En premier lieu, on trouve un endroit isolé où personne ne nous verra accomplir nos petits besoins. En deuxième lieu, on ramasse notre papier hygiénique. C’est peut-être dégoûtant, mais sa présence l’est tout autant pour les prochains visiteurs.
Le truc réside dans la préparation. En partant en rando, on sait qu’à un moment donné, le besoin d’uriner se fera sentir. On prévoit un sac en papier brun afin d’y déposer le papier hygiénique après usage, sac qu’on glisse dans notre sac à dos. Une petite dose de désinfectant et l’on repart sur les sentiers sans avoir laissé de trace.
- On creuse un terrier pour son numéro deux.
Rien de mieux pour débloquer le système digestif que l’activité physique ! Lorsqu’on vide ses intestins en nature, il y a une manière de le faire. Premièrement, on enterre ses excréments dans un trou de 15 à 20 cm de profondeur. La meilleure technique est de creuser ce trou sanitaire avant la coulée du grand bronze. Sinon, c’est un peu plus compliqué, d’où l’intérêt de posséder une petite truelle.
Deuxièmement, on recouvre cette cavité de matières organiques tout en y glissant le papier hygiénique. « Il est important de faire ses besoins à plus de 70 mètres des cours d’eau afin d’éviter leur contamination », dit Patrick Auger, porte-parole de Sans Trace Canada. Il faut aussi enterrer les excréments de chien.
- On délègue l’ambiance sonore aux oiseaux.
Les haut-parleurs portatifs connaissent actuellement un engouement comparable aux baladeurs dans les années 1980. Les jeunes en sont particulièrement friands et les trimballent partout, même en rando et en camping. Mais pourquoi part-on en nature ? Un peu beaucoup pour fuir la clameur urbaine. Alors, cessez de la reproduire ! En plus d’être irritante, la musique enterre le magnifique chant des oiseaux et dérange la routine des animaux.
- On laisse le monopole du feu aux lucioles.
Le plein air et les feux de camp, c’est aussi indissociable que les crêpes et le sirop d’érable. Or, à l’heure des grandes sécheresses induites par le réchauffement climatique, on se questionne sur la pertinence de semer des feux à tout vent. « Plus le sol est sec, plus il y a de risque que le feu se propage par les racines, augmentant les probabilités de feux de forêt », dit Jean-François Boily, du parc régional Val-David-Val-Morin.
Les feux doivent être faits aux endroits désignés et seulement lorsque les conditions s’y prêtent. Surveillez toujours les recommandations de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Ouste le feu ! Laissez place aux spectacles des étoiles et des lucioles. Éblouissement garanti à zéro impact environnemental.
- On utilise les cartes officielles.
Les applications dédiées à la randonnée pédestre comme AllTrails sont de plus en plus populaires. Toutefois, leur contenu est généré par les utilisateurs et ceux-ci ne respectent pas toujours les parcours. Beaucoup s’écartent des pistes et créent de nouveaux tronçons. Ça sème la confusion pour les autres utilisateurs, en plus d’augmenter le piétinement de la végétation au sol. « Pour cette raison, on privilégie l’utilisation des cartes officielles des gestionnaires de sentiers, comme celles qu’on retrouve sur l’application Ondago, », explique Patrick Auger, porte-parole de Sans Trace Canada.
- On respecte les propriétés privées.
Au Québec, de nombreux sentiers serpentent à travers des terres privées. Leurs propriétaires accordent des droits de passage, mais si les randonneurs ne font pas attention, ces droits de passage peuvent être révoqués. « Depuis la pandémie, le comportement irrespectueux de certains randonneurs a provoqué la fermeture de nombreux sentiers. Comme marcheurs, on doit se faire discrets pour ne pas déranger les propriétaires terriens », ajoute M. Auger.
- On pense zéro déchet.
Avez-vous remarqué que les poubelles débordent souvent à l’entrée des sentiers ? Le problème, c’est que les éboueurs ne visitent pas quotidiennement ces installations se trouvant souvent en territoire reculé. Quand la poubelle est pleine, n’en rajoutez pas; rapportez vos déchets à la maison. « L’idéal, c’est de tenter de réduire au maximum sa production de déchets à l’étape de la préparation de sa sortie », conseille Patrick Auger.
- On ne craint pas les mares de boue.
Quand un sentier devient humide, la manie des randonneurs est d’éviter les flaques de boue en marchant à l’extérieur du corridor de marche. Ce phénomène provoque l’élargissement des sentiers et augmente l’érosion. Malgré l’humidité, on marche en tout temps dans le milieu du sentier, quitte à couvrir nos chaussures de saleté. « Et l’on prévoit des bas secs pour le chemin du retour », suggère Patrick Auger.
- On réduit son empreinte carbone.
Malgré son image verte, le plein air n’est pas si vert. Le transport nécessaire afin de se rendre au départ des pistes génère beaucoup de pollution. Avant de fouler les sentiers, on pense au climat. Est-ce justifiable de faire 400 km aller-retour pour aller faire une courte rando de 10 km ? Non. Des sentiers de proximité apportent les mêmes bienfaits physiques et mentaux. Lorsqu’on s’éloigne, on privilégie le covoiturage, afin de réduire son empreinte environnementale.
Bonnes randonnées !
Photo : Simon Diotte