La pandémie n’a pas calmé les préoccupations liées au poids, au contraire! Mais comment se sortir du joug des régimes et de la culpabilité, afin d’avoir une relation plus saine avec notre alimentation? En invitant la bienveillance à table.
La bienveillance à plein régime est le thème d’une campagne sociétale menée à l’occasion de la Journée internationale sans diète, le 6 mai, par ÉquiLibre. Cet organisme québécois sans but lucratif a pour mission de favoriser le développement d’une image corporelle positive et l’adoption de saines habitudes de vie.
Non aux diètes, oui à la bienveillance
Pourquoi associer le mot « bienveillance » à l’alimentation? Entre autres parce que depuis le début de la pandémie, 46 % des femmes et 40 % des hommes se disent plus préoccupés par leur poids.
« Dans un tel contexte, les gens sont davantage tentés de se tourner vers le contrôle alimentaire, la privation et les régimes, car la culture des diètes est très ancrée dans la population. Ça amène souvent de l’anxiété et de la culpabilité, des sentiments négatifs, compte tenu du fait que les diètes ne fonctionnent pas à long terme. D’où le concept de bienveillance, par rapport à notre silhouette et notre poids, mais aussi par rapport à ce que l’on mange », explique Andrée-Ann Dufour, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre.
Madame Dufour ne veut surtout pas qu’on interprète le terme « bienveillance » comme une incitation à manger n’importe quoi.
« Manger avec bienveillance, c’est être capable d’écouter les signaux de notre corps ainsi que nos envies, nos préférences. C’est certain que si on s’est privé continuellement de croustilles et de chocolat, on va avoir envie de ces aliments-là. Mais plus on va être à l’écoute de nos envies et de nos besoins, plus on va manger autre chose car les aliments interdits vont perdre leur pouvoir d’attraction. Ainsi, on va graduellement adopter une alimentation variée, retrouver le plaisir de manger et avoir une relation plus saine avec la nourriture », résume la nutritionniste.
Viser l’équilibre… pas la perfection
Il ne faudrait pas toutefois que cette quête devienne un nouveau mantra à respecter à tout prix, au point de devenir anxiogène. « On doit viser l’équilibre et non la perfection. C’est important d’y aller graduellement, sans jugement, avec indulgence, et d’avoir des attentes réalistes par rapport à ce processus. C’est sûr que parfois on va manger même si l’on n’a pas faim. Ça n’a pas d’importance pourvu que globalement on soit plus à l’écoute des signaux de faim et de satiété que notre corps nous envoie », précise Mme Dufour.
Analyser l’appel du frigo
La nutritionniste ajoute qu’il est révélateur d’analyser ce qu’elle nomme « l’appel du frigo ». « Il est bien d’observer ce qui nous cause une envie de manger. Quel est le besoin à la base : est-ce que je me sens seul, est-ce que je m’ennuie, est-ce que je compense l’absence d’activité physique par la nourriture ? Lorsqu’on s’en rend compte, on peut remplacer la nourriture par du tricot, de la marche, un appel à un ami ou autre. »
Ajouter du plaisir
Elle donne aussi plusieurs trucs pour accentuer le plaisir de manger : préparer des plats réconfortants, cuisiner de nouvelles recettes, essayer de nouveaux aliments, commander des plats au restaurant, acheter des mets préparés à l’épicerie, etc.
Oublier la perte de poids
Selon la nutritionniste, la démarche de bienveillance ne doit pas être guidée par la perte de poids. « On n’a pas le plein contrôle de notre poids, qui est influencé entre autres par la génétique et par notre métabolisme qui diminue en vieillissant. Aussi, nos formes changent avec l’âge. Le danger en faisant des changements dans une optique de perdre du poids, c’est qu’on risque de lâcher si l’on n’atteint pas notre objectif. On perdra alors les grands bénéfices pour la santé liés à l’activité physique et à une alimentation équilibrée. »
La bienveillance attire… la bienveillance
Madame Dufour note également que la bienveillance envers notre alimentation ouvre la porte à la bienveillance envers notre partenaire, nos collègues de travail, etc. Sans oublier la bienveillance envers notre corps.
« Il faut se détacher de l’apparence et penser plutôt à ce que notre corps nous permet : tenir la main de notre petit-enfant, avoir des loisirs, faire les choses qu’on aime. L’idée est d’en arriver à accepter, puis à aimer son corps de façon globale, à reconnaître aussi notre valeur comme personne et à s’apprécier. »
Comme quoi bienveillance bien ordonnée comme par soi-même !
Pour voir les deux capsules vidéo de la campagne La bienveillance à plein régime, cliquez ici et ici.