Faire un Gaétan Boucher de soi-même

Vous voulez faire comme Gaétan Boucher ? Un nouveau complexe sportif ultramoderne à Québec vous offre d’essayer le patinage de vitesse sur longue piste, une discipline olympique méconnue.

Le contraste ne pourrait être plus frappant. À l’anneau de glace exposé aux quatre vents qui se situait jadis à l’angle de l’autoroute Henri-IV et du chemin des Quatre-Bourgeois, à Québec, se dresse dorénavant le nouveau Centre de glaces Intact Assurance. À l’intérieur trône une piste couverte de dimension olympique inaugurée en septembre 2021 et baignée de lumière grâce aux grandes vitres la ceinturant. Il s’agit de l’Anneau Gaétan-Boucher, seule infrastructure sportive du genre dans l’est du Canada, qui fait le bonheur de la communauté régionale de patineurs de vitesse.

Devant la boutique Nagano – « Par des patineurs, pour des patineurs » – m’attend Sylvie Maltais, secrétaire et membre du Club de patinage de vitesse de la ville de Québec (CPVVQ). Cette résidente du quartier de Saint-Émile a accepté de m’initier au patinage de vitesse sur longue piste lors d’une séance d’une heure regroupant quelques-uns des quelque 350 membres du club. Ce soir, m’apprend-elle, je côtoierai surtout des patineurs maîtres (adultes) ainsi que d’anciens athlètes olympiques toujours aussi rapides sur leurs lames.

Apprivoiser les patins

Parlons-en de ces patins de vitesse, justement. La paire qu’on me prête pour l’occasion est étroite, à la limite inconfortable. Au centre de l’anneau, où je les chausse, j’ai l’étrange impression d’être juché sur des échasses. Une fois sur la glace, le contraste avec des patins de hockey est frappant. La glisse est plus longue, gracieuseté d’une charnière (un clap) qui permet à la lame de rester longtemps en contact avec la glace. Cela commande des gestes amples et souples, « comme si tu dansais », me dit Yves Garneau qui, du haut de ses presque 80 ans, est l’un des doyens du CPVVQ.

De concert avec Sylvie Maltais, cet athlète émérite me guide dans mes premières armes dans ce sport. Première notion : tenir la position de base, exagérément accroupie, assimilable à un squat prolongé. Le dos est arrondi et les poings doivent idéalement venir épouser l’espace au-devant du pied, là où débute la cheville. La poussée se fait de manière latérale, ce qui est contre-intuitif pour les marcheurs que nous sommes. « Tes bras doivent coller ton corps, comme si tu allais chercher quelque chose dans tes poches », me conseillent mes cicérones.

Voler sur la glace

Je me tiens dans le couloir intérieur de l’anneau de glace, celui réservé à la récupération. Dans le couloir extérieur filent à vive allure – plus de 50 km/h – les fusées, ce sobriquet affectueux dont on affuble les patineurs de vitesse confirmés. Leur mécanique, subtile, est belle à voir.

« C’est lors des virages qu’on accélère, pas sur les lignes droites », m’informe Sylvie Maltais devant ce spectacle plein de grâce. La clé pour atteindre une telle vélocité est de croiser les jambes, c’est-à-dire de porter celle de droite devant celle de gauche – nous tournons dans le sens antihoraire –, puis de recommencer.

Parvenir à ce niveau exige de maîtriser les transferts de poids. « L’idée est de placer ton poids sur une jambe, ce qui te permet de pousser avec l’autre », m’explique Yves Garneau, qui accompagne sa leçon d’exercices afin de travailler cette habileté.

Encouragé par mon progrès rapide, j’improvise quelques croisements vers la fin de la séance. Si les premières tentatives sont pour le moins laborieuses – je ne me penche pas assez et entame les virages avec trop peu de vitesse –, les suivantes sont à ma grande surprise couronnées de succès. La sensation de voler sur la glace, grisante, instille un goût de revenez-y.

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Envie d’essayer ?

Il est possible de louer une paire de patins de vitesse auprès du Centre de glaces Intact Assurance et de les mettre à l’essai lors d’une des plages horaires réservées au patinage libre. L’accès à l’anneau de glace est gratuit pour les citoyens de l’agglomération de Québec, avec une preuve de résidence à l’appui. Les visiteurs de l’extérieur doivent quant à eux débourser des frais modiques.

Si une simple veste suffit pour rendre confortable la dizaine de degrés Celsius qu’il fait au bord de la piste, il est cependant judicieux de revêtir des vêtements chauds sur celle-ci. Prévoyez un pantalon ajusté, une couche de base, des bas minces, des gants, une tuque légère et des lunettes de sport. Le casque (aussi disponible en location) est optionnel, mais conseillé. centredeglaces.ca/accueil, 581 983-9316.

Photo : Sébastien Picard