André Leclerc : visionnaire un jour…

« Si l’homme a été capable d’aller sur le Lune, il devrait être capable d’aller partout sur Terre. » Pour André Leclerc, le visionnaire fondateur de Kéroul, c’est plus qu’une jolie phrase, c’est une obsession. Celle de rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes à capacité physique restreinte.

André Leclerc a consacré sa vie à prouver par l’exemple que tout est possible, même quand on est cloué à un fauteuil roulant. Pendant 40 ans, il a utilisé une détermination hors du commun pour porter ce combat sur le plan collectif, au sein de Kéroul, contribuant de façon remarquable à l’intégration des personnes handicapées à la société.

Voyager, la bougie d’allumage

« Il faut croire en ses rêves, y mettre temps et énergie, puis s’entourer des bonnes personnes », a-t-il martelé lors d’une entrevue coïncidant avec le lancement de sa biographie justement intitulée Tout est possible !

On découvre dans ce livre que dès son enfance, il rêvait d’une vie normale malgré qu’il soit né avec la paralysie cérébrale : avoir un job, se marier, avoir des enfants. Les sceptiques – et ils étaient nombreux – ont été confondus !

Comme bien des jeunes de son âge, il ne tarde pas à avoir l’appel du voyage. Des périples de toutes sortes ponctueront d’ailleurs sa vie de multiples aventures… et mésaventures. Un premier trajet sur le pouce entre Montréal et Chicoutimi, pour le moins un demi-succès, réveille en lui un militant, qui ne se rendormira pas.

Partant de là, André « Le Kid » Leclerc se sert des talents de vendeur dont il a hérité de son père pour sensibiliser à la fois les médias, la classe politique et la société. Cet extrait-choc d’une entrevue réalisée en 1975 en témoigne : « Je veux que les gens dits « normaux » cessent de nous considérer comme des meubles ».

En 1979, il fonde Roulbec, qui deviendra Kéroul. Sa mission initiale : faciliter les moyens de transport pour les personnes handicapées, évaluer les possibilités d’hébergement adapté dans des lieux touristiques et élaborer un guide touristique dédié à cette clientèle.

Forcé d’innover, obligé de lutter pour la reconnaissance et le financement de Kéroul, il ne lâchera pas le morceau, convaincu que l’accès au tourisme et à la culture est un droit pour tous. Kéroul s’attaquera notamment à l’évaluation du degré d’accessibilité des hôtels du Québec, créera une mention décernée annuellement à un établissement ou une attraction touristique accessible, organisera le sommet mondial Destinations pour tous à Montréal en 2014, etc.

De plus, au fil des décennies, il y aura un peu beaucoup d’André dans toutes les avancées marquantes pour les Québécois et Québécoises à capacité physique restreinte.

Grâce à André, l’enjeu de l’accessibilité se hissera dans la liste des priorités sociétales. Et avec raison, puisque 15 % de la population des pays industrialisés occidentaux est à capacité physique restreinte. Voilà beaucoup de personnes à inclure, et un marché considérable à mieux desservir pour l’industrie touristique.

Des luttes à finir

Nouvellement retraité, que fait André Leclerc ? Il demeure l’ « emmerdeur de service », cette fois au nom des personnes handicapées vieillissantes.

« Je milite depuis près de 20 ans pour des résidences adaptées à notre clientèle, puisque les CHSLD et les résidences privées pour aînés ne le sont pas. Le projet Les pantouflards a évolué et aujourd’hui, le contexte est enfin favorable à sa réalisation. Il suffirait de nous réserver une aile dans les Maisons des aînés. Je n’arrête pas d’achaler la ministre Blais avec ça ! », fait valoir André Leclerc.

À son avis, une autre priorité est d’améliorer le Code du bâtiment afin de lui donner plus de mordant. « On doit se battre pour qu’il ne se bâtisse plus d’édifices non accessibles. C’est la base de l’intégration », affirme celui qui n’a rien perdu de son franc-parler.

De la fierté… et des projets

Un regard dans le rétroviseur le remplit de fierté : il a bel et bien changé les choses pour les personnes handicapées. « Mais il y a encore beaucoup à faire. Il faudrait que je vive vraiment vieux pour avoir le sentiment de devoir accompli », avoue-t-il.

Sur le plan personnel, il a réalisé ses rêves. Ses emplois, il les a la plupart du temps créés lui-même. Il a aussi eu deux enfants et est deux fois grand-père. D’autres belles surprises l’attendaient dans le détour. Comme de connaître des moments de gloire sur scène aux côtés de son ami, l’humoriste Jean-Marc Parent. C’était un juste retour des choses puisque André avait coaché Jean-Marc pour le mythique numéro « Le handicapé » qui a lancé sa carrière.

Aujourd’hui âgé de 65 ans, il est freiné dans ses activités par une hernie discale au niveau du cou. Mais rien pour tarir cette usine à projets. Maintenant que sa biographie est publiée, il aimerait qu’un film humoristique s’en inspire. Est-ce qu’on verra un jour sa vie sur grand écran ? Tout est possible.

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Une biographie inspirante

Pour vous procurer la biographie Tout est possible !, signée René Kirouac, visitez le keroul.qc.ca ou composez le 514 252-3104. Le livre est disponible en format papier, ePub ou audio. Tous les profits sont remis à Kéroul.