Tranche de vie : maison à vendre !

Le courtier a planté sa pancarte sur mon terrain. Impossible de reculer. Mon cocon depuis 30 ans, ma « maison sous les arbres », est à vendre ! De par ma nature, je décide d’aller vite, sous-estimant l’ampleur des décisions à prendre et des tâches à réaliser.

Décision 1 : vendre ou rester ?

Pourquoi vendre ? La difficulté de trouver un « homme à tout faire » honnête et compétent pour effectuer quelques réparations. La forte augmentation de la facture de déneigement. L’arrivée de l’hiver et l’appréhension des aléas de la météo. Le départ de voisins que j’aimais bien. Ç’aurait aussi pu être une question de santé ou le besoin d’effectuer des rénovations afin que la maison ne perde pas passivement de sa valeur par simple comparaison avec les maisons du quartier nouvellement vendues et rénovées.

Ces « petites choses » auxquelles j’attachais peu d’importance, sournoisement, me stressent. La maison devient un poids. Et je me prends à souhaiter une certaine légèreté de l’esprit.

La décision prise, pas de procrastination…   La maison se vend en trois jours, après 14 visites. Les photos sont affichées le lundi sur le Web et dès le jeudi, mon courtier reçoit trois offres d’achat. L’une est proche de mon prix et je l’accepte.

Aurais-je pu laisser ma maison sur le marché plus longtemps pour faire monter les enchères ? Dans mon esprit, un tien vaut mieux que deux tu l’auras !

Décision 2 : quel nouveau logement choisir ?

J’ai 67 ans. Je déteste déménager. Ma santé est bonne mais le vieillissement est inéluctable. Ne désirant pas acheter, je peux louer un condo locatif ou un logement, ou encore déménager en résidence pour personnes autonomes et semi-autonomes. Côtoyer des personnes plus âgées ne me dérange pas. Un jour j’arriverai aussi à un âge vénérable (optimisme !).

Je visite quatre résidences – différents styles, services et prix – pour asseoir mon choix sur une résidence à échelle humaine, avec des services de base, localisée au bord de la rivière, avec plein d’arbres. Je ne serai pas dépaysée et je reste dans mon quartier.

Je prends le risque de signer mon bail avant de vendre ma maison… en fait, le même jour que celui du contrat avec le courtier immobilier. Mon côté joueuse probablement !

Décision 3 : avec ou sans courtier  ?

Vendre par soi-même ? Avec une entreprise d’assistance aux propriétaires vendeurs de type DuProprio ? Mandater un courtier immobilier assujetti aux règles de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) pour me protéger en cas de pépin ?

Marie-Ève Bellemare-Tessier, de l’OACIQ, précise que les entreprises d’assistance ne sont pas des agences immobilières. Les courtiers, quant à eux, sont encadrés par des règles, un code d’éthique, doivent déclarer les conflits d’intérêt potentiels, suivre des formations.

Rencontre avec quatre courtiers d’autant de bannières. Surprise : la disparité des plans d’affaires et des prix de vente suggérés. La fourchette s’étend entre 20 000 $ en-dessous de l’évaluation foncière (!) et 60 000 $ au-dessus de celle-ci. Certains misent tout sur le Web. D’autres mettent l’accent sur le service personnalisé ou sur leurs plans de protection – des produits d’assurance dont il est difficile d’évaluer la valeur (le diable est dans les détails). Mes anciens voisins me réfèrent l’un d’eux, ce qui détermine mon choix.

Décision 4 : avec ou sans garantie légale ?

Aucun des courtiers rencontrés ne me propose la possibilité de vendre sans garantie légale ma maison qui date de 1958. Pourtant, c’est une tendance nette pour les maisons d’un certain âge et pour les condos, me dit Me Yves Joli-Cœur, avocat expérimenté en droit immobilier. La majorité des ventes de successions se font sans garantie légale, les enfants ne voulant pas hériter des problèmes de leurs parents. Le vendeur s’assure en effet la tranquillité d’esprit.

Désavantages : il faut réduire le prix de vente et la maison peut rester plus longtemps sur le marché. En marché de vendeurs toutefois, ces désavantages s’atténuent.

Décision 5 : que faire après la vente ?

D’une maison de 8 pièces avec sous-sol, j’allais habiter dans un 3 ½, grand, certes, mais il me fallait me départir de plusieurs biens.

Ici, planifier son déménagement prend toute son importance. La majorité des organismes ne viennent plus chercher meubles et biens divers ou encore ils ont des calendriers chargés. Comme je dois quitter la maison rapidement, impossible d’attendre ou d’afficher sur des sites de revente. Quelques firmes existent pour accompagner les personnes qui déménagent, mais il y a des frais.

Il faut aussi magasiner son déménageur (l’emballage est un contrat séparé) et de nouveaux meubles mieux adaptés à un espace plus petit, négocier les travaux au nouveau logement au besoin et être présente lors de l’inspection pré-achat et de la signature de l’acte de vente. Et puis, donner de l’attention à mes chats.

En effet, les animaux de compagnie accusent un stress plus élevé dans les circonstances. J’ai ainsi perdu un de mes chats. Dr Michel Pépin, de l’Association des médecins vétérinaires du Québec, explique qu’un déménagement ne tue pas chat ou chien mais que le stress peut être un facteur déclencheur d’un mal caché (voir amvq.quebec/fr/nouvelles/ne-les-oubliez-pas).

Épilogue

Si j’avais à revivre cette expérience, je planifierais à plus long terme. Je prendrais le temps de bien m’informer avant de plonger dans ce monde méconnu de la vente immobilière. Et vaut mieux être en santé… parce que de l’énergie, ça en prend !

Six semaines se sont écoulées depuis mon déménagement. Ma nouvelle vie semble remplir ses promesses. À suivre.