Préparer son road trip

La seule mention de l’expression road trip – ou « escapade routière » comme le suggère l’Office québécois de la langue française – suffit à faire rêver. Mais peu importe comment on nomme cette formule, on profitera d’autant plus de la belle liberté qu’elle procure si l’on a préalablement planifié son projet.

Il y a deux écoles de pensée. Celle de l’escapade routière à l’aventure et sans attache, et celle qui préconise une bonne préparation pour savoir où l’on va aller et ce qu’on va voir et visiter. Chez les road trippers de la blogosphère, la seconde rallie davantage d’adeptes. Comment s’y prendre pour s’assurer de ne pas rater le meilleur tout en gardant la souplesse de s’improviser de merveilleux moments ?

Baliser son territoire

On commence par circonscrire la région qui nous intéresse, sur une carte routière par exemple. Puis, on l’apprivoise en s’informant sur ses particularités. On dresse une liste des incontournables et des lieux qui correspondent à nos intérêts.

Où recueillir les informations pertinentes ? En lisant les commentaires et conseils de blogueurs qui ont suivi le même itinéraire. Dans Google, on tape blog road trip et la région à visiter, et l’on obtient quantité d’articles et de photos. On profite ainsi de l’expérience des autres pour ne pas rater ce qui nous intéresse : randonnées, gastronomie, musées, histoire, etc. Du coup, on identifie ce qu’on contournera parce que ce n’est pas dans notre palette.

Par ailleurs, le site roadtrippers.com (en anglais) offre un outil interactif pour planifier son trajet et plusieurs guides pour des destinations au Canada. De plus, Pinterest constitue une mine quasi intarissable de voyageurs qui ont écrit sur à peu près toutes les destinations.

Les traditionnels guides imprimés ajoutent quant à eux des renseignements précis et pratiques. Comme ces ouvrages mentionnent à peu près tout ce qui se trouve dans un endroit, et que tout n’est pas d’un intérêt égal pour soi, on annote ce qui nous convient.

Sur le site du bureau de tourisme de la région, de la province ou de l’État, on trouvera aussi une mine d’informations. Dans plusieurs cas, on peut demander de nous poster cartes et brochures. Si les GPS sont devenus indispensables, il reste que la technologie n’est pas à toute épreuve. Aussi faut-il prévoir une bonne vieille carte routière en papier, un soutien complémentaire utile.

Cette étape de recherches permet de tracer un circuit détaillé au jour le jour. Un bon moyen pour y voir clair : dresser un tableau en 5 colonnes (date, lieu, activités et visites, nombre de kilomètres à parcourir et hébergement). L’outil par excellence pour les distances est bien sûr Google Maps. Le piège à éviter : surcharger les journées par de longs déplacements ou par un trop grand nombre de visites. On conseille généralement 300 à 400 km quotidiennement, ce qui laisse la souplesse de choisir nos activités une fois sur place dans notre liste de choses à voir, selon la météo, notre humeur et notre degré d’énergie ou de fatigue.

Si l’on a ratissé large au début, notre tableau nous aidera à ramener notre trajet dans une dimension réaliste qui correspond au temps et au budget dont on dispose. Pour éviter de passer nos journées dans la voiture, on coupe alors les lieux trop éloignés.

Réserver ou pas ?

Sans réservation d’hébergement préalable, on se garde la liberté de prolonger une étape un ou quelques soirs de plus. Par contre, on s’expose à ne pas trouver, à la dernière minute, le genre d’endroit qui correspond à nos goûts et à notre budget. En haute saison, le risque de devoir dormir dans la voiture ou d’avoir à parcourir de longues distances en soirée s’accroît considérablement. De plus, il y a des destinations très populaires où tous les hôtels affichent complet plusieurs mois à l’avance.

Réserver ses lieux d’hébergement comporte de grands avantages. D’abord, celui de faire sa recherche sans pression, à la maison, quand on a le temps de vérifier le prix et autres détails qui nous importent et d’aller lire les commentaires sur TripAdvisor. Une fois sur place, on pourra consacrer ses journées entières à visiter en toute quiétude. On se fait envoyer des réservations écrites avec tous les détails pertinents et, une fois notre journée terminée, on entre l’adresse dans le GPS.

Le même principe s’applique aux entrées sur les sites et aux excursions. Plus ils sont fréquentés, plus il est prudent de réserver pour s’assurer une place au jour et à l’heure qui nous conviennent.

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L’expérience de Paul Houde

L’animateur Paul Houde est un pro de l’escapade routière. Au retour de son voyage de cette année, il aura parcouru 44 États américains et roulé jusqu’à Vancouver. « J’aime conduire, dit-il. Derrière un volant, je me détends. » On le devine, il est un adepte de la planification méticuleuse.

« Ça peut paraître intense, mais j’ai autant de plaisir à préparer mon voyage qu’à le faire. Je ne laisse rien au hasard. Au cours d’un road trip, je vais parcourir plus de 10 000 km et dépenser de l’argent. Je veux donc savoir où je m’en vais. J’aime sortir des sentiers battus mais être bien préparé pour le faire. Je veux éviter de rouler toute la journée et de passer à côté de dix choses qui valaient un petit détour. »

Quelle est sa démarche ? Il insiste d’abord pour dire qu’il ne veut pas donner de conseils, que ce qui lui convient n’est pas nécessairement le meilleur pour tout le monde. Puis, il accepte de partager sa façon de procéder.

Géographe de formation, il a besoin de cartes, de tableaux et de connaître l’altitude (dans Google Maps, icône Menu, puis Relief). Si l’on conduit un gros motorisé, par exemple, ce genre d’information peut être utile pour bien évaluer le temps de déplacement. Pour visualiser un passage qui pourrait être escarpé ou tortueux afin de savoir à quoi s’attendre, il va sur YouTube

Paul Houde consigne ses informations dans un carnet de voyage détaillé qui contient les cartes, les tableaux et autres, et qui peut faire plus de 100 pages. Un tableau Word résume aussi chaque étape, la distance à parcourir, les arrêts à faire en chemin, les endroits où se ravitailler, etc. Pour son voyage de cette année, dans les canyons de l’Ouest américain, son tableau synthèse fait six pages !

Chacun ses goûts, chacun sa méthode, insiste-t-il. Son seul conseil : « Ayez du plaisir ! »

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Quelques suggestions

  • La Normandie, de Dieppe au Mont-Saint-Michel, entre 500 et 1000 km selon les détours, dont la pointe jusqu’au Cap de la Hague. Incontournables : Yport et Étretat sur la côte d’Albâtre; les plages du débarquement; Honfleur; les magnifiques plages jumelles de Deauville/Trouville; et le majestueux Mont-Saint-Michel.
  • Terre-Neuve, près de 7 000 km au départ du Québec si l’on fait la plupart des points d’intérêt de l’île : Gros Morne, St-Anthony, Twillingate, St-John et Bonavista. En juin, il fait froid mais on peut voir des icebergs spectaculaires.
  • Des classiques : les Rocheuses canadiennes, les canyons de l’Utah et de l’Arizona, la spectaculaire Big Sur en Californie, ou les Highlands en Écosse. Plus près de nous : la Côte-Nord jusqu’à Natashquan.

Photo : Johanne Landry