« Nos enfants n’auront pas le temps de débattre des changements climatiques. Ils devront vivre avec les effets. » À la lecture de cette citation de Barack Obama, votre cœur se serre ? Alors peut-être êtes-vous un peu, beaucoup, énormément écoanxieux…
En effet, les grands-parents sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter du piètre état de la planète dont leurs petits-enfants hériteront. Les générations montantes ressentent encore plus cette détresse, au point où il n’est pas rare de nos jours d’entendre des jeunes adultes remettre en question l’idée même de mettre au monde des enfants, alors que la Terre multiplie les appels au secours, à coups d’inondations, de canicules, de feux dévastateurs et autres désastres.
Définition et solutions
Dans sa définition la plus large, l’écoanxiété est l’anxiété ressentie, à divers degrés et de multiples façons, face aux conséquences du réchauffement planétaire. « Je nous souhaite d’être tous un peu écoanxieux, puisque les impacts du dérèglement climatique sont déjà bien réels. L’anxiété est une réponse naturelle à cette menace, mais elle ne doit pas devenir trop intense et nuire à notre fonctionnement », résume Karine St-Jean, psychologue et autrice du livre Apprivoiser l’anxiété.
L’une des clés pour mieux composer avec l’écoanxiété est de bien s’informer, auprès de sources sûres, sans tomber dans le piège de la surinformation.
Une autre piste est de canaliser cette inquiétude en se mobilisant, par des actions individuelles et collectives. « Alors que l’inaction alimente l’anxiété, les gestes concrets favorisent le bien-être. De plus, tous nos choix ont un impact direct sur l’environnement et sur notre entourage, qui peut être influencé à adopter de nouvelles pratiques », rappelle Mme St-Jean.
Certains utiliseront leur écoanxiété comme un ressort vers l’engagement citoyen, par exemple au sein du comité environnement de leur municipalité. L’énergie auparavant grugée par la peur est ainsi libérée pour mieux lutter. Sans compter que c’est stimulant d’œuvrer auprès de personnes partageant les mêmes préoccupations que soi. Toutefois, il faut veiller à conserver l’équilibre entre engagement et temps pour soi, idéalement passé dans la nature.
Le bon ton avec les petits-enfants
Comme aînés, quelle est la bonne attitude à adopter si nos petits-enfants nous questionnent à propos de l’anxiogène sujet des changements climatiques ?
D’emblée, Noémie Larouche, autrice du livre Écoanxiété – L’envers d’un déni, suggère de demander aux enfants comment ils se sentent par rapport à cette situation et ce qu’ils en comprennent.
« Après avoir écouté les jeunes, les aînés peuvent proposer de réfléchir au sujet avec eux et voir comment ils pourraient, ensemble, passer à l’action pour faire partie de la solution », indique Mme Larouche, également rédactrice en chef du magazine de science pour adolescents Curium.
Les aînés se doivent d’expliquer les « vraies affaires » dans des mots simples, sans dramatiser. « Il ne faut surtout pas pelleter le problème par en avant en disant aux jeunes qu’eux vont réussir à sauver la planète », avertit la psychologue Karine St-Jean. Nier la réalité est tout aussi néfaste.
« Comme adultes, on ne doit pas non plus prétendre que ce n’est pas de notre faute ni prendre tout le blâme, poursuit Mme St-Jean. Le bon filon est de cultiver avec eux l’espoir actif, axé sur les choses qui sont faites maintenant et qui vont dans la bonne direction. On les incite ainsi à s’informer, à réfléchir et à agir. »
Prescription : bain de nature
Noémie Larouche et Karine St-Jean encouragent toutes deux les aînés à aller aussi souvent que possible se promener dans la nature avec leurs petits-enfants et à s’émerveiller avec eux.
« Lors de ces moments de découverte et de paix, on échange sur notre amour pour la planète. On met aussi l’accent sur ce qui reste plutôt que sur ce qui est perdu », note Mme Larouche.
« Passer du temps dehors avec eux, ne serait-ce que dans un parc, fait contrepoids à l’anxiété et augmente leur attachement envers la nature. Et plus ils auront la fibre environnementale, plus ils seront mobilisés », conclut Mme St-Jean.
Comme quoi la nature peut être à la fois l’enjeu et la solution.
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« Agir : c’est bon pour soi et bon pour tous »
– Hélène Bolduc
Engagée socialement depuis toujours, Hélène Bolduc a décidé de devenir militante pro-environnement… à 84 ans !
Cinq fois mères, 13 fois grand-mère et 5 fois arrière-grand-mère, cette Montréalaise fait désormais partie de Mères au front (meresaufront.org). Cet organisme regroupe des mères et grands-mères résolues à forcer la classe politique à presser le pas en matière d’actions concrètes face aux changements climatiques.
« Il faut agir aujourd’hui et préparer l’avenir, car tout n’est pas noir », croit fermement Mme Bolduc. Son attitude proactive à l’égard de cet enjeu de société se situe à mille lieues du défaitisme et du déni.
Côtoyer des gens qui carburent au même sentiment d’urgence lui fait du bien. Et elle est convaincue que cette implication dans la communauté fait une différence réelle. « L’organisme Mères au front est plus crédible et a plus d’impact grâce à la présence de grands-mères », assure-t-elle.
Elle encourage les aînés à faire leur part, à leur façon. Comme elle le démontre, l’écocitoyenneté n’a pas d’âge !
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À lire
Apprivoiser l’écoanxiété, Dre Karine St-Jean, Les éditions de l’Homme, 27,95 $.
Écoanxiété – L’envers d’un déni, Noémie Larouche, Éditions MultiMondes, 21,95 $.