À vélo, en bateau ou les deux pieds dans ses souliers, on part en Loire pour des vacances sous le signe de la rando, des châteaux et du vino.
Il y a 17 ans, le paysage du Val de Loire rejoignait l’un des clubs les plus sélects au monde, celui du Patrimoine mondial de l’humanité. C’est une destination de choix. Sur l’axe Paris-Nantes, en TGV, on est à deux heures de train de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Sur l’axe convivialité, gastronomie et art de vivre, on est au top !
J’ai un beau château…
Traversant deux régions (Centre-Loire et Pays-de-la-Loire) et quatre départements (Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire et Maine-et-Loire) sur près de 300 km, le Val de Loire est inscrit par l’UNESCO au titre des paysages culturels majeurs. Le fait que ce territoire héberge la presque totalité des châteaux de la Loire – quelque 3000 merveilles – ne gâche sans doute pas la sauce.
On ne citera que quelques « célébrités » comme Chambord, avec ses chiffres impressionnants – 440 pièces et 800 tours ! – une folie de la Renaissance. Il y a aussi Chenonceau, le château des Dames, construit sur un pont, où l’on peut se rendre en gabarre et, de ses balcons, admirer la vue imprenable sur le Cher qu’avaient ses illustres habitantes, dont Catherine de Medicis. À chaque château, sa raison d’être… visité.
La Loire à boire
Mais le Val de Loire, c’est aussi la vigne et franchement, nul besoin d’être un expert en vin pour apprécier un parcours viticole dans la région. Au minimum faut-il aimer boire frais car ici, blancs, rosés et bulles représentent ensemble 80 % de la production.
Parmi le millier de domaines où l’on peut acheter des bouteilles, quelque 350 se sont engagés dans une démarche touristique facilitant l’accueil et l’accès à leurs exploitations. Elles sont regroupées sous le logo « Les caves touristiques » et rivalisent d’originalité pour attirer les touristes pour qui « il n’y a pas que le vin dans la vie ».
Par exemple, près de Saumur, les caves Monmousseau et Ackerman proposent aux visiteurs un véritable circuit récréotouristique. La tournée des installations est assez formelle mais soudain, au détour d’une galerie, changement de décor !
Ici, les caves troglodytes prennent des allures de véritables musées. Ces cavités – parfois jusqu’à 20 mètres de hauteur – sont prêtées aux artistes qui y vont de projections de lumière, d’élans de poésie, de vidéos, de sculptures… L’été, certaines galeries sont utilisées pour la présentation d’événements spéciaux. Une fois dehors, en rando, on découvrira cette magnifique pierre calcaire dont l’extraction aura servi à la construction des châteaux, des abbayes, des églises et des demeures environnantes.
À Chinon, au Domaine Pierre & Bertrand Couly, on a mis sur pied un jeu d’évasion. Les Français sont fous de ces escape games (qu’ils ne traduisent pas), et le chai de vinification se prête particulièrement bien à y « enfermer » les touristes qui auront une heure pour trouver les indices cachés et s’échapper. Qu’on apprécie ou non ce genre d’activité, les vins élaborés au Domaine valent largement le détour.
Art de vivre
On peut aussi visiter des installations plus familiales, et y puiser un échange assez riche. Au Château de la Ragotière, en Pays-de-Loire, j’avais mille questions à poser aux Frères Couillaud, qui ont acquis le château en 1979 et dont les muscadets, notamment, sont réussis à merveille.
Pour qui attend les frères Couillaud, la surprise est totale. C’est Amélie Dugué-Couillaud qui se présente, fille de Pierre. Elle a repris les rênes du vignoble d’une trentaine d’hectares avec son époux. À leur contact, on comprend tout du Muscadet Sèvre-et-Maine sur Lie. Convivialité, amour de la vigne, respect du terroir, volonté et talent, voilà de quel bois se chauffent ses artisans.
La rillette qu’Amélie dépose sur la table est faite de poisson pêché le matin même par son père. On aura beau demander la recette – un peu de crème, un peu de citron, dira la vigneronne – bonne chance pour reproduire la fraîcheur et l’accord. Le fromage, la charcuterie, les prunes, tout est local, et se consomme au gré des saisons. Il règne ici un art de vivre où prime le respect du temps qui passe.
Ce n’est pas pour rien que nombre de Parisiens quittent la ville pour trouver refuge en Loire. Les restos sont rarement guindés; les vins, eux, savent être tout aussi amicaux que structurés et particulièrement aptes à la garde. On y cultive majoritairement le melon de bourgogne dans le vignoble de Nantes, le chenin, le cabernet et le gamay en Anjou, à Saumur et en Touraine et dans le Centre-Loire, le sauvignon blanc et le pinot noir.
Le Loire, fort du titre de plus long fleuve au pays, a longtemps nourri la convoitise des plus grandes dynasties. Il porte aussi la beauté d’un fleuve sauvage sur certains segments, surtout parce qu’il a été délaissé après le développement des chemins de fer. Il donne souvent lieu à des paysages de carte postale : le fleuve, le château, la vigne. Ici, le weekend, les Ligériens ont de quoi jouer dehors : randonnée à pied, à vélo, à cheval, en bateau.
D’ailleurs, c’est à Cléré-sur-Layon, une commune située dans le département de Maine-et-Loire, que pendant plus de deux heures, Marc Clusel, des Écuries Saint-Nicolas, nous mènera à travers routes de campagne et rangs de vignes… en calèche ! À nos pieds, une discrète glacière dans laquelle Vincent Denis, vigneron-copropriétaire au Domaine du Petit Clocher, a déposé quelques crus.
Déguster ce que le vigneron a su tirer de son terroir à même les rangs de vignes a quelque chose de sacré qui nourrit la compréhension des vins de la région.
En avant les sportifs
C’est connu, la Loire est l’un des circuits de cyclotourisme les plus célèbres de France. On peut y pédaler sur plus de 800 km, ce qui n’empêche nullement la promenade peinarde d’un après-midi. Pour ceux qui préfèrent encore le rythme de la balade à pied, chaque région propose ses circuits. Notamment, depuis 15 ans, on peut participer au Vins, vignes et randos. Au début des vendanges, le randonneur choisit son cépage de prédilection parmi quelque 15 circuits et part avec un guide pendant deux à trois heures, avec arrêts-dégustation. Pour le touriste avide de contacts véritables avec les gens de la place, c’est l’activité rêvée !
Le Piton de Sancerre
De la montagne vers l’Atlantique, il faut traverser la forêt du Berry avant d’arriver à Sancerre, dont les vins sont reconnus à travers le monde. Vu de loin, le village a l’air d’un gros champignon sur son promontoire avec, à ses pieds, des vagues de vignes. À l’intérieur, ses charmantes ruelles de pierres ne comptent pas les bonnes adresses. Sur les routes de campagne, les affichettes annonçant le fromage de chèvre d’appellation d’origine contrôlée se multiplient. C’est ici et dans les communes limitrophes qu’est produit le fameux crottin de Chavignol. On en fait les croquets de Sancerre – des biscuits salés – ou on le sert tel quel, avec des rillettes de poisson de la Loire, sur un pouilly fumé ou un sancerre blanc ou rosé. Ici, les apéros savent s’étirer !
Notre collaboratrice était l’invitée d’InterLoire et du Bureau interprofessionnel des vins du Centre. Elle a fait les lectures préalables à ce voyage dans le confort du Salon Air France.
Photo : Josée Larivée