En randonnée dans le désert marocain

Le Maroc évoque les villes impériales, les plages blondes, le golf, etc. Mais il y a aussi un Maroc moins connu, avec ses ksars, ses villages de montagne, et ses kasbahs, d’anciens palais de souverains ou citadelles. Et puis, il y a son fascinant désert, qu’on apprivoise en foulant longuement son sable de nos pieds…

L’automne dernier, je me suis jointe à un petit groupe de journalistes pour un voyage de randonnée dont une portion était consacrée à l’exploration du désert, plus particulièrement de l’erg de Chegaga, non loin de la frontière algérienne.

De Marrakech aux portes du désert

Quittant la vibrante Marrakech, nous avons d’abord parcouru la magnifique, mais sinueuse, route du Tizi-N-Tichka qui franchit le Haut Atlas par endroits enneigé ! Après le col de Tichka, plus haut du Maroc et culminant à 2260 mètres, nous avons traversé quelques rares villages, dont Taznakht, réputé pour ses tapis berbères, jusqu’à ce dernier village, Foum Zgui, qui nous mènera aux portes du désert. Après avoir quitté la route, il a fallu une autre heure avant qu’on s’arrête au soleil couchant à l’est du lac asséché d’Iriqui.

Deux chameliers et trois dromadaires nous attendaient déjà en prévision de la randonnée du lendemain. En quelques minutes, l’équipe avait installé notre bivouac et nos tentes étaient montées dans les dunes de l’erg Rhoul. Déjà, les effluves d’un tajine de bœuf et légumes émanaient depuis la tente berbère où s’affairait notre cuisinier Mohamed. Dans l’autre tente, notre guide Saïd nous initiait à l’art du thé à la menthe.

Après un repas succulent – je n’avais aucunement escompté manger aussi bien au beau milieu du désert – et malgré qu’un épais matelas m’attendait, je n’ai pu me résoudre à aller dormir.

Je suis restée longuement là, seule dans la nuit noire au sommet d’une dune, à écouter le silence et à m’imprégner de ce tableau laiteux et féerique qui m’enveloppait. Trois ou quatre étoiles ont filé. Jamais je n’ai vu un ciel d’une telle beauté.

Inoubliable randonnée chamelière

Dans la lumière mordorée du petit matin, tandis qu’on se régale de baghirs, de délicieuses crêpes aux mille trous typiques de l’Afrique du Nord, l’équipe chamelière finalise le démontage du campement et s’affaire à charger les dromadaires.

Saïd en tête, nous entreprenons nos premiers pas à travers cette marée de majestueuses dunes pour une randonnée de six heures. Nous grimpons quelques crêtes et nous arrêtons fréquemment afin d’observer les paysages sableux qui s’étalent à perte de vue. Là, quelques traces furtives d’un scarabée s’entrelacent avec celles d’un fennec.

Je m’étonne de la beauté et du calme des massifs dunaires. Alors que je croyais le désert si aride, c’est toutefois sa grande douceur qui me frappe. À certains endroits, nous rejoignons ces fascinants dromadaires portant nos équipements et nos bagages, près de 150 kilos chacun. À d’autres, nous continuons seuls, ceux-ci contournant les trop hautes dunes.

On prend le temps de bien s’hydrater et de s’arrêter pour se sustenter. Quelques figues et dattes ayant le goût du ciel font aussitôt ressurgir l’envie de continuer à marcher dans ce décor fabuleux.

Au terme de six heures de marche, nous gagnons notre nouveau bivouac. Après un réconfortant thé à la menthe, nous grimpons afin d’admirer le coucher de soleil. Dans la nuit étoilée, la magie se prolonge tandis que Hamid étend sous les braises d’un feu de sable une grande pâte aplatie, qu’il couvrira ensuite de cendres. Tandis que le mella (pain) cuit, chameliers, cuisiniers et guide entament quelques chants berbères.  C’est absolument magique !

À l’aube, je me lève avec une nouvelle soif dont j’ignorais l’existence. J’ai soif de désert et je sais que seule la marche pourra l’étancher…

La journaliste était l’invitée de Terres d’aventure (terdav.ca) et Royal Air Maroc (royalairmaroc.com)

***encadré***

Marcher et marcher encore

La verdoyante Vallée du Drâa : Les oasis du sud regorgent de beauté autour de la vallée du Drâa. Le long de ce fleuve marocain, les dattiers foisonnent et forment de vastes palmeraies où il fait bon marcher. On peut y dormir dans la kasbah de Timidarte, une initiative solidaire coresponsable visant à préserver le patrimoine culturel du ksar et le mode de vie séculaire des villageois.

La vallée de l’Ounila : Sur le versant sud du Haut Atlas central, une vallée verdoyante regorge de kasbahs fourmillantes d’histoires et de villages à explorer. Il fait bon y marcher d’un village à l’autre, notamment depuis Tighza, avec l’Atlas en toile de fond.

Marrakesh : Vibrante, bouillonnante, chaotique, la perle rouge du Maroc recèle de trésors à découvrir. Bien sûr, il faut se perdre dans son souk, flâner dans ce havre de paix qu’est le Jardin Majorelle et s’étourdir sur la place Jemaa el Fna. Il faut aussi y dormir dans un riad, tel que La Villa Nomade, qui baigne dans un parfum de fleur d’oranger et propose une cuisine à la fois créative et traditionnelle. Le couscous parfumé garni de brochettes de viandes et de légumes est tout simplement divin.

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Pour aventuriers de tout âge

Non, les voyages d’aventure ne sont pas seulement l’apanage des jeunes. « Je m’adapte toujours au rythme du dernier », m’assure Saïd, qui a l’habitude de guider des gens dans la soixantaine, voire des randonneurs septuagénaires.

Jad Haddad, directeur de Terres d’aventure Canada, abonde dans ce sens : « 60 % de nos voyageurs ont plus de 50 ans. Les gens veulent de plus en plus garder la forme et demeurer actifs. Ils se tournent vers des circuits où tout est organisé, où ils se sentent en sécurité ».

Terres d’Aventure propose plusieurs circuits de randonnées guidées au Maroc, en petits groupes de 4 à 15 personnes, d’une durée d’environ 8 jours. Leur coût varie entre 800 $ et 1 200 $.

Photo : Marie-Ève Blanchard