D’un côté, il y a des aînés qui s’ennuient de leurs petits-enfants qu’ils ne voient pas assez souvent. De l’autre, il y a des tout-petits dont le développement profiterait grandement de contacts plus fréquents avec des aînés. La solution est claire : comme aînés, « adoptons » tous les tout-petits de notre entourage !
L’état des lieux
C’est dans l’intérêt de toute la société de mettre en place des conditions favorables afin que les bouts de chou du Québec puissent réaliser leur plein potentiel. Or, en ce moment, ils n’ont pas tous une chance égale de réussite.
Des données du nouvel Observatoire des tout-petits, créé en 2016 par la Fondation Lucie et André Chagnon, mettent notamment en lumière que les enfants des milieux défavorisés présentent un écart significatif de développement au moment d’entrer à la maternelle par rapport à ceux des milieux favorisés. Ce retard porte ensuite ombrage à tout leur parcours scolaire, d’où l’opportunité d’agir en amont, en fournissant aux enfants, dès le plus jeune âge, tous les leviers nécessaires à leur réussite.
Collectivement, il y a donc beaucoup à faire pour que tous les tout-petits puissent voir grand. L’Observatoire a d’ailleurs regroupé en quatre pôles les actions à privilégier en ce sens : investir en petite enfance, miser sur la prévention, former et sensibiliser ainsi qu’agir de façon concertée.
Les bienfaits de l’entourage
Comme citoyens, nous devons être au fait du cadre de développement de la petite enfance et encourager les mesures porteuses de conditions gagnantes pour tous. Mais que faire de plus, individuellement, à part être des modèles positifs pour la génération montante ? Être pleinement engagés comme membres de l’entourage bienveillant de nos petits-enfants, bien sûr, mais aussi d’autres jeunes du voisinage, car la qualité du développement des 0-5 ans va de pair avec la qualité de leur milieu de vie.
D’emblée, il faut savoir que les spécialistes en la matière confirment ce qui saute aux yeux : l’apport des aînés auprès des tout-petits est unique. En effet, par leur patience, leur tolérance et leur amour, ils procurent une bonne dose de stabilité, de sécurité et de réconfort aux enfants, trois matériaux nécessaires à la construction de leur estime de soi.
Par ailleurs, on a constaté que plus les enfants passent du temps avec des adultes aimants différents, plus ils sont stimulés par de nouveaux apprentissages, plus ils deviennent curieux, plus ils s’adaptent facilement et plus ils apprennent à s’attacher à d’autres personnes que leurs parents, à avoir d’autres modèles d’adultes significatifs.
« Tout le monde, à sa manière, peut faire une différence, note Geneviève Doray, directrice de Naître et grandir, aussi de la Fondation Lucie et André Chagnon. On ne soupçonne pas l’impact positif d’un sourire, d’un petit mot gentil, d’une marque d’attention à leur égard, sans jugement. De tels gestes les aident à se sentir dignes d’intérêt, importants. »
Donner aux bouts de chou peut aussi prendre la forme d’heures à œuvrer pour des organismes tels que Lire et faire lire ou encore d’un bénévolat moins formel. « Par exemple, un aîné peut s’engager à aller chercher l’enfant de la voisine à la sortie de la maternelle et l’accompagner jusqu’à la maison. Dans un tel cas, l’enfant profitera de temps de qualité avec un adulte aimant de plus pendant qu’un parent débordé pourra souffler un peu. L’aîné va recevoir beaucoup aussi car il va sortir de son isolement, marcher et être stimulé intellectuellement par les nombreux « pourquoi ? » des tout-petits », explique Mme Doray.
Autre suggestion : lorsque nos petits-enfants ont grandi, aller porter les livres que nous gardions pour eux à la maison à un organisme communautaire. Ainsi, ces livres serviront à éveiller d’autres tout-petits moins favorisés.
Cinq activités gagnantes
En terminant, voici cinq idées pour vous amuser avec vos petits-enfants ou des bambins du quartier ! Le rapport bienfaits-coût de ces activités est imbattable, puisqu’elles sont gratuites !
- Se déguiser : Préparez une boîte avec d’anciens vêtements raccourcis, costumes d’Halloween, chapeaux et autres accessoires. Fous rires en perspective, surtout si mamie et papi se déguisent aussi !
- Regarder de vieux albums de photos : Les enfants seront fascinés de vous entendre parler de votre jeunesse, eux qui pensent que vous avez toujours été vieux !
- Faire une cabane dans le salon : Sortez les couvertures des placards, réquisitionnez tous les coussins de la maison, déplacez les meubles. Vous pouvez même faire un pique-nique dans cette cabane improvisée.
- Cuisiner ensemble : En plus de transmettre le patrimoine culinaire familial, cette activité est créatrice de souvenirs impérissables, qui goûtent et sentent bon !
- S’improviser musiciens sur des chaudrons : Éveillez les enfants aux différents sons selon le type de cuillères et de contenants, aux différents rythmes, etc. Allez, lâchez votre fou !
L’entourage bien informé
Pour obtenir d’autres idées d’activités correspondant aux stades de développement de vos petits trésors, visitez le naitreetgrandir.com et profitez-en pour vous abonner à l’infolettre hebdomadaire, qui ne s’adresse pas qu’aux parents, mais à tout l’entourage des tout-petits. « Les grands-parents sont ainsi mieux outillés pour comprendre et s’occuper de leurs petits-enfants. De plus, ça leur fournit des sujets de conversation avec les parents », conclut Mme Doray.
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Quelques chiffres sur les 0-5 ans
1 enfant sur quatre à la maternelle est vulnérable dans au moins un domaine de son développement
Nombre de mots connus à 3 ans : dans un milieu défavorisé : 500; dans un milieu favorisé : 1 100
Dans les milieux défavorisés, 23 % des enfants sont vulnérables s’ils ont fréquenté un service de garde et une maternelle 4 ans ; 44 % sont vulnérables s’ils n’ont pas fréquenté un service de garde et une maternelle 4 ans.
1 $ investi pour assurer un bon départ dans la vie aux enfants présente un rendement de 4 $ à 9 $
Source : Observatoire des tout-petits