L’autoâgisme : quand l’âge devient une barrière intérieure

« Je suis trop vieux pour… » Ce type de pensée limitante est plus répandu qu’on pourrait le croire. Selon un sondage récent, près d’une personne sur trois adopte des comportements âgistes envers elle-même, une statistique inquiétante compte tenu des effets négatifs que peut engendrer l’autoâgisme.

Qu’est-ce que l’autoâgisme?

L’autoâgisme désigne les attitudes, croyances ou comportements négatifs qu’une personne entretient envers elle-même en raison de son âge. Cela inclut l’intériorisation de stéréotypes liés à l’âge, souvent véhiculés par la société, avec des répercussions importantes sur l’estime de soi, le bien-être ainsi que la santé mentale et physique.

Les visages de l’autoâgisme

Un sondage Ipsos, commandé par la Coalition canadienne contre l’âgisme en partenariat avec le Réseau FADOQ, révèle que 31 % des répondants reconnaissent avoir des comportements âgistes envers eux-mêmes, et 42 % expriment de l’anxiété face au vieillissement. Ces attitudes peuvent prendre plusieurs formes :

Autodévalorisation : des phrases comme « Je suis trop vieux pour apprendre » ou « À mon âge, je ne peux plus être productif » illustrent une perception limitante.

Limitation volontaire des activités : refuser de participer à des activités sportives ou sociales en supposant qu’elles sont « pour les jeunes » ou éviter les nouvelles technologies par peur de l’échec.

Acceptation des stéréotypes : croire que vieillir signifie forcément perdre son autonomie ou sa mémoire, ou considérer les changements physiques normaux comme une déchéance.

Refus d’assistance : par honte ou pour éviter de « paraître vieux », comme refuser un appareil auditif.

Les conséquences de l’autoâgisme

L’autoâgisme peut avoir des effets considérables, comme le confirment plusieurs études scientifiques :

Santé mentale : les recherches montrent que les pensées négatives liées à l’âge peuvent entraîner une baisse de l’estime de soi, un sentiment d’anxiété accru et un risque de dépression plus élevé.

Santé physique : depuis le début des années 2000, des études ont démontré que l’intériorisation de croyances négatives sur l’âge est associée à des impacts mesurables, comme une augmentation du stress chronique, des niveaux d’inflammation plus élevés et une pression artérielle accrue. Ces facteurs contribuent à un risque cardiovasculaire plus élevé. D’autres travaux ont également établi un lien entre ces pensées et une diminution de la mémoire, de l’équilibre ou de la capacité à récupérer après une blessure.

Abandon des comportements sains : selon des chercheurs, l’autoâgisme peut réduire la motivation à adopter des habitudes bénéfiques, comme faire de l’exercice ou avoir une alimentation équilibrée, ce qui augmente encore davantage les risques de maladies chroniques.

Isolement social : enfin, le sentiment de solitude ou la peur du jugement lors d’événements sociaux, renforcés par l’autoâgisme, peuvent aggraver l’isolement et nuire au développement personnel.

Comment contrer l’âgisme envers soi?

Il est possible de dépasser ces pensées limitantes grâce à des efforts conscients :

Remettre en question les stéréotypes : se rappeler que chaque parcours de vieillissement est unique et que l’âge ne définit ni la valeur ni les capacités d’une personne.

Pratiquer l’autocompassion : remplacer les pensées négatives par des affirmations positives valorisant ses forces et réalisations.

S’engager activement : participer à des activités intergénérationnelles, relever des défis ou apprendre de nouvelles compétences.

Promouvoir une image positive de l’âge : insister sur les avantages du vieillissement, comme l’expérience et la sagesse.

L’autoâgisme est une forme insidieuse de discrimination qui peut affecter profondément la qualité de vie. Mais avec une prise de conscience et des efforts pour valoriser chaque étape de la vie, il est possible de s’en libérer pour vivre pleinement son âge.