
Les fleurs cultivées au Québec ont la cote. De plus en plus, les pivoines, les dahlias et les autres tulipes cultivées ici colorent nos campagnes et s’invitent dans les marchés publics ainsi que chez les fleuristes et certains détaillants en alimentation.
Encore méconnue, la culture de fleurs coupées dans la province a contribué à la création d’un nouveau type d’exploitation agricole, celui des fermes florales. Si ces fermes se comptaient pratiquement sur les doigts d’une main il y a moins d’une décennie, on en dénombre environ 150 à l’heure actuelle.
« Depuis trois ans, il y a une explosion de nouvelles fermes », lance Chantal Brasseur de la ferme PenséeFleur, située à Shefford, près de Granby, en Estrie. Celle-ci ne cesse de revoir à la hausse ses superficies en culture depuis sept ans.
Cette floraison s’observe en fait à l’échelle de la province. Des fermes se sont même enracinées aux Îles-de-la-Madeleine et en Abitibi.
L’an dernier, les propriétaires de ces petits établissements agricoles (des femmes à 90 %), qui se définissent comme des fermières-fleuristes, se sont par ailleurs regroupées au sein de l’Association des productrices et producteurs de fleurs coupées du Québec (APFCQ).
« Avec l’Association, on veut mettre la lumière sur la fleur locale et montrer son importance dans notre économie, relève Sarah Beaupré Quenneville, responsable des communications à l’APFCQ et propriétaire de la ferme Au beau pré, à Saint-Anicet. Je pense qu’on peut aller chercher une belle part de marché. »
Un bouquet par semaine
« Pour l’heure, la majorité des fleurs coupées offertes chez les fleuristes proviennent d’Afrique et d’Amérique du Sud », souligne le directeur général du grossiste montréalais Fleurexpert, Devin Kovacz. Il confirme que la demande pour les fleurs coupées cultivées localement est en croissance, mais précise que la filière est encore jeune. « Pour se démarquer, les fermes florales ont avantage à se trouver une niche, estime-t-il. Par exemple, certaines privilégient un circuit court et vendent directement dans les marchés publics, tandis que d’autres favorisent le secteur événementiel et veillent à fleurir les mariages et autres anniversaires. »
Certaines fermes optent, pour leur part, pour une production à plus grande échelle et visent la clientèle des fleuristes et des grossistes, alors que d’autres, comme la ferme Libella, située à Bury, en Estrie, misent essentiellement sur le tourisme et l’autocueillette.
D’autres encore, s’inspirant des producteurs maraîchers et de leurs paniers fermiers, offrent la possibilité de souscrire un abonnement pour recevoir un bouquet de fleurs coupées locales par semaine.
Bref, en matière de floriculture, l’aventure peut revêtir différentes teintes.
Choix écoresponsable
« En plus de favoriser l’économie locale, les fleurs cultivées au Québec représentent un choix écoresponsable », fait valoir Sarah Beaupré Quenneville, de l’APFCQ
« Les fleurs n’ont pas parcouru des milliers de kilomètres avant d’être offertes aux consommateurs, et leur mode de production s’inspire bien souvent des principes de l’agriculture biologique », dit-elle.
« La majorité des fermes florales essaie de travailler manuellement le plus possible et avec le moins d’intrants chimiques sur les fleurs », explique la floricultrice spécialisée dans la culture de dahlias, de pivoines et de renoncules.
Sarah Beaupré Quenneville affirme qu’un travail d’éducation reste à faire pour promouvoir les fleurs locales, tant auprès des fleuristes que des consommateurs. Elle se réjouit toutefois de constater que les portes tendent à s’ouvrir de plus en plus.