
Associée à la ménopause, la sécheresse vaginale s’inscrit parmi les phénomènes de vieillissement normal. En effet, jusqu’à 60 % des femmes vont un jour ou l’autre en ressentir les symptômes, comme la douleur pendant les relations sexuelles. Des solutions existent, mais plusieurs se résignent à souffrir en silence plutôt que d’en parler à leur médecin.
« Le vagin est un organe hormonodépendant ; il a besoin d’œstrogènes pour assurer sa lubrification, explique d’emblée la Dre Céline Bouchard, gynécologue et membre active de l’équipe de la Clinique de recherche en santé de la femme de Québec. Or, à la ménopause, le taux de ces hormones baisse. Lorsque le vagin est privé d’œstrogènes, il devient sec et sa paroi peut s’amincir. Par conséquent, cela crée des douleurs lors des relations sexuelles. »
Plus ou moins sévère d’une personne à l’autre, la sécheresse vaginale peut également se traduire par des démangeaisons et de l’irritation au moment d’uriner ou encore de s’essuyer. Le Centre de littératie en santé du CHUM souligne en outre que sous l’effet de la chute des œstrogènes, le tissu – ou muqueuse – du vagin devient moins élastique. Il en résulte, de ce fait, une atrophie qui participe, elle aussi, à rendre les relations sexuelles très inconfortables.
Or, bien que la majorité des femmes seront un jour ou l’autre affectées par la sécheresse vaginale, la Dre Bouchard indique que seulement une sur deux en parlera lors d’une consultation médicale.
« La sécheresse vaginale, il faut en parler à son médecin, car ça nécessite des traitements. Quand on laisse trop se détériorer la situation, parfois, il devient plus difficile de récupérer la fonction sexuelle, insiste-t-elle. On ne doit pas souffrir en silence. Il importe de démystifier un peu le vagin et la santé vaginale ; ça fait partie de nous ! C’est un organe dont les gens parlent peu, c’est encore tabou, mais lorsque survient un problème, il existe des solutions ! »
Plusieurs produits accessibles
À la ménopause, lorsque les œstrogènes cessent de circuler et que la sécheresse vaginale engendre des désagréments légers, il est possible de se procurer certains produits en vente libre. Lors des relations sexuelles, la gynécologue suggère d’utiliser un lubrifiant à appliquer sur les parties génitales de la femme ou du partenaire.
Au quotidien, un hydratant vaginal peut aussi être employé de façon continue afin de garder le vagin humide et de réduire les symptômes (certaines polices d’assurance le remboursent avec une ordonnance).
Pour le traitement des cas modérés à sévères, il existe une hormonothérapie locale à base d’œstrogènes. Celle-ci peut s’ajouter à l’hormonothérapie systémique, laquelle vise surtout à soulager les bouffées de chaleur. S’il y a présence d’une contre-indication à l’application d’œstrogènes – comme le cancer du sein –, de la prastérone (Intrarosa) peut être prescrite. Des produits à prendre par la bouche sont également disponibles pour celles qui le désirent.
« Il est à noter que sur la documentation qui est fournie avec les œstrogènes locaux, il y a un avertissement de Santé Canada mentionnant qu’il y a des risques pour le cancer du sein, les phlébites et les maladies cardiovasculaires, tient à spécifier la médecin spécialiste. Cela fait très peur aux femmes, mais cette mise en garde n’est pas pertinente pour le traitement local. Des études menées à long terme confirment que les risques ne sont pas augmentés. »
Et si ça ne fonctionne pas ?
Prise d’hormones par voie orale, cutanée (timbres transdermiques) ou par le vagin à l’aide de crèmes, d’anneaux ou de comprimés, l’éventail de solutions destinées à faire obstacle à la sécheresse vaginale modérée à sévère est varié. Il arrive cependant que d’autres moyens doivent être envisagés. Si le déficit d’œstrogènes occasionne aussi une atrophie du vagin, il est possible d’ajouter des dilatateurs et d’intégrer de la physiothérapie du plancher pelvien.
En cas d’échec du traitement d’hormonothérapie local, le ou la médecin au dossier s’appliquera à rechercher d’autres causes au problème. Précisons que les omnipraticiens sont tout à fait en mesure d’accompagner les femmes ménopausées affectées par la sécheresse vaginale. Au besoin, les cas particuliers pourront être référés à un spécialiste. La Dre Céline Bouchard recommande avant tout de ne pas se résigner à accepter son état comme étant une fatalité.
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