Dalida, Collins, Dassin… le plaisir des spectacles hommage

Plus que jamais, les spectacles hommage aux icônes de la musique des années 60, 70 et 80 remplissent les salles. Pour mieux comprendre ces artistes qui se mettent dans la peau de nos idoles de jeunesse, nous rencontrons trois interprètes qui nous font revivre une autre époque, le temps d’un show.

De Joan à Dalida

Par son port gracieux sur scène, sa silhouette élancée, ses costumes et sa voix, Joan Bluteau redonne vie depuis une vingtaine d’années à la grande Dalida, décédée en 1987.

« Je ne pensais jamais que je ferais ça aussi longtemps, confie la chanteuse native de Québec. Mais je ne m’en lasse pas. »

On l’a d’abord entendue chanter à la radio, mais également comme choriste en tournée avec Marc Dupré, avec qui elle a chanté en duo, tout comme elle l’a fait avec Bruno Pelletier, France D’Amour et Sylvain Cossette. On l’a ensuite vue sous le chapiteau du Cirque du Soleil, aventure qui l’a menée un peu partout dans le monde, de Barcelone à Madrid, de Paris jusqu’au Brésil.

En 2003, de retour d’une tournée en Europe, Joan est fascinée et profondément émue par un reportage sur celle qu’on surnommait « la Callas des variétés ». L’idée lui vient alors de créer un spectacle dans lequel elle incarnera cette chanteuse immensément populaire… et profondément malheureuse dans la vie privée.

Sur scène, Joan Bluteau incarne Dalida. Photo : Victor Diaz Lamich

Elle ne ménage alors aucun détail pour rendre hommage à l’interprète de Paroles, paroles, Gigi Lamoroso et Il venait d’avoir 18 ans. « J’ai fait beaucoup de recherches sur elle parce que je ne voulais pas l’imiter », explique Joan. Elle s’assure même de la bénédiction du frère de Dalida, Bruno Gigliotti, dit Orlando. Il a même assisté, ravi, à la première de Dalida… Une vie au Capitole de Québec, dans une production signée Jean Pilote et Serge Beaulieu.

C’est tellement agréable de faire plaisir aux gens en chantant des chansons qui me font rêver 

Joan Bluteau

Joan Bluteau poursuit cette aventure cet automne, alors qu’elle présentera Avec le temps… Dalida, un tout nouveau spectacle dont elle tirera un album du même titre. joanbluteau.com

Phil? Non, Martin!

Appuyé par une voix et une physionomie étonnamment proches de celles de l’original, Martin Levac reprend avec bonheur les grands succès de Phil Collins et de Genesis. Le professeur de chant et de batterie s’amuse à raconter d’où lui est venue l’idée de personnifier l’interprète de In the Air Tonight.

Il avait à peine huit ans quand il a demandé à apprendre à jouer de la batterie. Trois ans plus tard, en 1982, tandis qu’il patinait à toute vitesse sous les lumières disco de l’ancien Paladium de Longueuil, il entend You Can’t Hurry Love de Phil Collins. C’est le coup de foudre.

Dans les années 80, sa musique jouait sur tous les postes de radio. Je me suis acheté tous ses disques et bien que je sois naturellement droitier, j’ai appris à jouer de la batterie en gaucher, comme lui.

Martin Levac

Attiré par la perspective de faire carrière dans la musique, Levac a été finaliste à deux reprises au Festival international de la chanson de Granby, en 1996 et 1998.

C’est enfin en 2002 qu’il se joint au groupe-hommage à Genesis (The Musical Box) et se met à personnifier professionnellement Phil Collins. C’est aussi cette année-là qu’il rencontre son idole en chair et en os dans les studios de la station de radio CKOI. Les deux se revoient à Genève en 2005, alors que Collins assiste à un spectacle dédié à l’album mythique The Lamb Lies Down on Broadway (ils ont partagé la scène pendant le rappel!), puis en 2010, sur le plateau de Tout le monde en parle, où Collins a dit reconnaître en Martin son meilleur interprète et personnificateur.

Martin Levac incarne Phil Collins depuis plus de 20 ans. Photo: Véronique Pelletier

« Nous sommes dans la business de la nostalgie, continue Levac. Depuis 2020, je chante toujours en Phil Collins, mais je ne joue plus son personnage entre chaque chanson. Je parle au public en moi-même qui leur raconte des anecdotes sur Collins et Genesis. Les gens adorent ça. »

Martin Levac présentera cet automne son nouveau spectacle, Musicographie d’un imposteur, exclusivement au Studio Bapaume, à Lacolle. Il montera aussi sur scène dans plusieurs autres villes, dont Montréal et Québec, dans le cadre de sa tournée Martin Levac, Phil Collins & Genesis. martinlevac.com

Faire du bien, comme Joe Dassin

Né au Saguenay–Lac-Saint-Jean dans une famille de musiciens, Benoît Labonté avait à peine huit ou neuf ans quand il est tombé en amour avec la chanson Les plus belles années de ma vie, de Joe Dassin. Il ne pouvait pas s’imaginer qu’un Bleuet allait un jour personnifier « le plus français des Américains ».

Benoît a chanté sur le circuit des bars pendant une trentaine d’années. Dans son répertoire, du rétro, des versions de chansons populaires américaines, mais aussi quelques pièces originales et beaucoup de succès du regretté Joe Dassin.

Benoît Labonté a travaillé sa voix pour la rapprocher de celle de Joe Dassin. Photo : Archives personnelles/Benoît Labonté

« À 49 ans, j’en avais assez de chanter dans les bars, confie-t-il. Je suis allé assister au spectacle de Martin Fontaine, Elvis Story, à deux ou trois reprises au Capitole de Québec. Plusieurs fois, on m’a fait la remarque que ma voix était très proche de l’original quand je chantais du Joe Dassin. J’ai travaillé un peu ma voix, dans les basses surtout, et j’ai fait écouter mes enregistrements à des amis. »

Leurs réactions l’ont encouragé à présenter en 2015 la première de son spectacle Souviens-toi Joe. Son succès a été instantané.

Tout ce que je veux, c’est faire du bien aux gens, comme Joe le faisait quand il était vivant. 

Benoît Labonté

« Je ne me sens pas comme un imitateur de Joe Dassin. Premièrement, je ne lui ressemble pas du tout! Ce qui m’importe, quand je chante ses grands succès, c’est que ma voix et mon interprétation soient le plus près possible de ce qui l’a fait connaître. » facebook.com/benoit.labonte.94