Bilan routier 2024 : forte hausse des décès chez les personnes aînées

L’année dernière, 64 personnes âgées de 65 à 74 ans ont perdu la vie sur les routes du Québec, selon le bilan routier 2024 de la SAAQ. Pour cette tranche d’âge, c’est le pire constat des six dernières années. Et de loin.

En fait, le nombre de décès dans cette catégorie d’âge est 56,1 % plus élevé que celui relevé en 2023, et 35 % supérieur à la moyenne des cinq années précédentes.

Chez les 55 à 64 ans, ce sont 55 vies qui ont été fauchées, soit une très légère hausse par rapport à la moyenne des années 2019 à 2023.

Selon la SAAQ, le nombre de décès en 2024 est en baisse pour tous les groupes d’âge… sauf trois des plus vieux. Les 45 à 54 ans ont connu une stabilité, alors que les 55 à 64 ans et les 65 à 74 ans ont enregistré une hausse.

Pour les 75 ans ou plus, il y a tout de même une bonne nouvelle : le nombre de décès a diminué de 8,5 % par rapport à 2023. Cependant, en comparaison avec la moyenne de 2019 à 2023, on observe tout de même une hausse de 4,2 %.

En 2024, les personnes de 55 ans et plus représentaient 27 % de l’ensemble des accidentés sur le territoire québécois, mais 45,6 % des décès. Depuis 2019, leur part n’avait jamais été aussi élevée.

« Hécatombe »

Au total, 379 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la route en 2024, un chiffre plus élevé qu’il y a dix ans, alors que le Québec déplorait 318 décès.

Globalement, les piétons et piétonnes comptent pour un peu plus de la moitié des victimes du réseau routier de la province.

Pour CAA-Québec, le bilan routier 2024 est « particulièrement préoccupant pour les usagers vulnérables », notant que les décès chez les piétons et les cyclistes sont en hausse, et qu’une « hécatombe est aussi tangible » chez les personnes aînées.

« Ces données sont un triste rappel qu’il y a tant à faire pour protéger les usagers les plus vulnérables sur nos routes, a indiqué dans un communiqué André Durocher, directeur sécurité routière chez CAA-Québec. Nous avons individuellement le devoir de nous responsabiliser et de penser aux autres lorsque nous sommes sur la route, de façon à faire mieux collectivement. »

Du côté de Piétons Québec, qui qualifie ce bilan de « désastreux pour les personnes à pied », on souligne dans une missive que la mise en œuvre du Plan d’action en sécurité routière progresse trop lentement. « Plusieurs actions, parfois très simples, n’ont toujours pas vu le jour. Pensons, par exemple, à la mise sur pied d’une Table d’actions concertées en sécurité routière », déplore la directrice générale de l’organisme, Sandrine Cabana-Degani.

L’organisme plaide pour la poursuite de l’approche Vision zéro et demande aux autorités de freiner l’augmentation du nombre, de la taille et du poids des véhicules sur les routes. Il réclame aussi la réduction des vitesses de circulation dans les milieux de vie, la sécurisation des traversées d’artères et l’accélération du déploiement de mesures d’apaisement de la circulation.

En 2023, la FADOQ, de concert avec Piétons Québec, CAA-Québec, Vivre en Ville et plusieurs autres organismes, a formé une coalition pour exiger que le gouvernement tienne compte des usagers les plus vulnérables de la route dans ses projets d’infrastructures.

« D’année en année, près de 50 % des victimes piétonnes décédées sont âgées de 65 ans et plus, alors qu’elles constituent 19 % de la population du Québec », avait alors déploré Gisèle Tassé-Goodman, présidente de la FADOQ.

Parmi les solutions proposées pour offrir aux personnes aînées des déplacements à pied plus sûrs et plus dignes : l’ajout de feux piétons, l’installation de saillies de trottoirs, la création de passages piétons et de traverses surélevées.

Des facteurs aggravants

Selon la SAAQ, plusieurs facteurs ont un impact sur la capacité des personnes vieillissantes à se déplacer à pied, dont la fatigue musculaire, le ralentissement, les pertes de concentration, les problèmes de vision et d’audition, ainsi que la perte d’équilibre. Ceux-ci expliqueraient en partie pourquoi « les piétons aînés sont surreprésentés dans les statistiques et souvent plus gravement blessés que les plus jeunes ».

Lorsque survient un accident, les conséquences sont souvent plus graves pour les personnes plus vieilles, puisque leur corps est plus fragile. Une chute ou un impact qui serait mineur pour une personne de 30 ans peut devenir mortel à 70 ans, ou entraîner une hospitalisation prolongée ou une perte d’autonomie.