Vous planifiez de retourner à Paris tant vous aimez vous retrouver dans une grande ville européenne francophone ? Songez plutôt à Bruxelles la magnifique, et prolongez le plaisir en visitant la Wallonie, moitié sud de ce petit pays débordant de culture, où l’on parle français, où l’on accueille les cousins québécois comme de la grande visite et où l’expression « Y’a pas d’souci » est une véritable philosophie de vie !
Les gourmands – nous le sommes tous au moins un peu ! – ont deux raisons de plus de choisir cette charmante destination pour leurs prochaines vacances. La première : Brusselicious 2012, une année thématique visant à mettre en valeur la gastronomie bruxelloise, dont certaines savoureuses retombées deviendront des traditions. La deuxième : l’offensive La Wallonie des saveurs, en 2012-2013. L’occasion est belle de goûter aux spécialités qui font la renommée de la Belgique : frites, chocolat, bière, gaufres et tant d’autres délices encore. Et c’est ce que j’ai fait, pour mon plus grand bonheur, de la baraque à frites aux restaurants étoilés.
Bruxelles : une capitale centrale
Ville de 1,1 million d’habitants où le français est la langue de la grande majorité malgré que le nord du pays soit néerlandophone, Bruxelles est un endroit de choix où loger et d’où rayonner en étoile vers d’autres grandes capitales d’Europe. En effet, on est à 1 h 15 de Paris en train et à moins de 2 heures de Londres, Amsterdam et Cologne. Qui plus est, l’aéroport international est à 14 km seulement de la ville.
Bruxelles est reconnue pour sa Grand-Place, que d’aucuns considèrent comme étant l’une des plus belles au monde. C’est aussi la capitale la plus verte d’Europe, avec ses innombrables parcs et jardins occupant 20 % de la ville. De plus, c’est la capitale de l’Union européenne : les nombreux édifices modernes du quartier européen en témoignent.
Bruxelles, j’en mange !
Bien sûr, c’est aussi à Bruxelles qu’habite le célèbre Manneken-Pis, cette incontournable statuette de bronze qui s’avère plus petite que ce que sa renommée laissait présager. On se console vite en s’arrêtant pour déguster une savoureuse gaufre de Bruxelles bien croustillante à l’extérieur et légère comme l’air à l’intérieur, habituellement servie ensevelie de crème glacée et de sauce au chocolat, mais que l’on a avantage à déguster avec juste un soupçon de sucre en poudre.
Encore un petit creux ? Chaque rue ou place a sa baraque à frites ( fritkot en bruxellois ) et chaque Bruxellois a ses frites préférées, plus ou moins croustillantes, qu’il mange nature ou trempées dans l’une ou l’autre des dizaines de sauces disponibles. Ici, les bâtonnets dorés font partie intégrante de la gastronomie, à un point tel que l’Ordre national du cornet d’or désigne annuellement ses Chevaliers, des frituristes faisant honneur à la profession ! Pour se faire une idée, il faut en goûter et en goûter encore : Maison Antoine ( Place Jourdan ), Friterie du Bourdon ( Chaussée d’Alsemberg ), Frites Flagey ( Place Flagey ), etc. Attendez-vous à faire la file… et à vous régaler !
Côté bière, un arrêt au Moeder Lambic, Place Fontainas, est un autre must, puisqu’on y retrouve un des plus larges éventails de bières en fût au pays. Il faut goûter à la Kriek, une Lambic brassée avec des cerises. Autre incontournable : À la Mort Subite, rue Montagne-aux-Herbes- Potagères, une brasserie typique jadis fréquentée par nul autre que Jacques Brel. J’y ai bu une superbe bière wallonne, la Ciney blonde et mangé une tartine de fromage blanc, sur laquelle on coupe des radis et des oignons verts avant d’y mordre à belles dents.
Un peu de chocolat ? Trouver une chocolaterie à Bruxelles est plus aisé encore que de dénicher un dépanneur au Québec. Laurent Gerbaud, rue Ravenstein, représente la nouvelle garde parmi les artisans chocolatiers belges. À partir d’un assemblage raffiné de chocolats noirs, il propose des mariages inusités avec notamment du gingembre confit ou des figues, de même que des pralines qui génèrent une explosion de bonheur en bouche. Il offre aux groupes un atelier de fabrication-dégustation.
Il faut aussi s’arrêter à la presque bicentenaire biscuiterie Dandoy, rue au Beurre, pour faire bonne provision de speculoos ( biscuits à base de cassonade et d’épices ), de pain d’amandes et de pain à la grecque.
Souper à la table de Véronique Toefaert est également un privilège. OEnologue et antiquaire en vins, cette grande dame sait marier les vins et les produits du terroir et nous reçoit sur réservation dans son appartement privé dont la fenêtre de la cuisine s’ouvre sur la rumeur des Galeries Saint-Hubert, de somptueux passages couverts d’un toit vitré où se succèdent les boutiques de luxe.
Et si vous avez une occasion très spéciale à souligner ou que vous disposez d’un rondelet budget gastronomie, offrez-vous un repas au Chalet de la Forêt, tenu par le chef Pascal Devalkeneer, double étoilé du Guide Michelin. Du bar de ligne rehaussé de caviar PerSe au soufflé avec sabayon à la Kriek Cantillon, les produits d’une extrême finesse étaient parfaitement mis en valeur. Et que dire du décor et du service ! Certainement, une des plus grandes expériences gastronomiques de ma vie.
Escapades en Wallonie
Il ne faut pas repartir de Bruxelles sans goûter aux charmes de la campagne wallonne :
- Tournai ( 75 km de Bruxelles ) : La Grand-Place est imposante, avec sa vue sur les clochers de la cathédrale et son beffroi ( tour abritant les cloches de la ville ), le plus ancien de Belgique. Il faut aussi vous arrêter à la pâtisserie Quenoy, Place de la gare, pour savourer les spécialités tournaisiennes préparées à cette adresse depuis 1885. Demandez à Paul-Émile Quenoy, 4e génération, de vous faire goûter au Clovis, au Bollus et aux Ballons noirs de Tournai. Quant à la Brasserie Le Beffroi, sur la Grand-Place, elle propose des moules en saison et des steaks en tout temps, que le serveur suggère d’accompagner d’une bière bien rafraîchissante : La Tournay. Cela va de soi !
- Namur ( 55 km de Bruxelles ) : Capitale de la Wallonie, cette ville se déployant au confluent de la Meuse et de la Sambre, au pied d’une citadelle, sait charmer les visiteurs. À une quinzaine de minutes de là, on trouve le Domaine viticole du Chenoy, l’un des quelque 40 vignobles professionnels de Belgique, où il faut s’arrêter pour déguster l’original Muscat bleu et rencontrer un véritable passionné, Philippe Grafé.
L’inoubliable Doudou de Mons
Toujours à un jet de pierre de Bruxelles, il faut faire un arrêt à Mons et même planifer son séjour afin d’y être lors de la fin de semaine de la Trinité, pour voir un spectacle unique et absolument fascinant : le Doudou ou Ducasse rituelle, une tradition datant de XIVe siècle et faisant partie des chefs-d’oeuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité de l’Unesco. Et pour cause ! Plus de 1 700 acteurs en costumes médiévaux participent à une procession dans les rues, puis se rassemblent sur la Grand-Place pour un affrontement singulier dans une aire de combat entourée uniquement de câbles… et de 40 000 spectateurs ! Dans ce combat appelé « Lumeçon », saint Georges, à cheval, doit tuer le dragon pour que le destin de la cité soit pérennisé. Il y arrive après maintes esquives du dragon, qui donne chaque fois des coups de queue dans la foule hyper serrée, les spectateurs se ruant alors pour arracher un peu du crin de cheval porte-bonheur attaché à la queue de la bête.
Il faut voir les jeunes hommes tenant le câble, souvent torse nu, être écrasés jusqu’à suffocation en raison de la pression exercée par la foule, puis être sortis de là par la police, fiers de perpétuer la tradition. Vérification faite, on me dit que la Ducasse se passe toujours sans casse, ce qui me paraît quasi invraisemblable, tout comme l’ensemble du spectacle !
Ce jour-là, trois fois plutôt qu’une – dont à 9 h 30 du matin ! – on m’a offert de l’excellent vin mousseux Ruffus, du vignoble des Agaises, le plus grand producteur de vin de Belgique. Pas facile, la vie de journaliste ! De plus, au restaurant Les Gribaumonts, de Lisanne Casus et Nicolas Campus, à Mons, le repas et le service étaient dignes d’un restaurant étoilé. Au moment de fermer le rideau sur cette journée mémorable, j’ai repris à mon compte le nom d’une brasserie wallonne et je me suis dit : « La vie est belge !»