C’est la dragonne chouchou des Québécois, celle qu’on rêverait tous d’avoir comme associée, comme mentor, comme amie. Pourquoi ce coup de cœur qui n’a de cesse depuis sa première participation à l’émission Dans l’œil du dragon, à Radio-Canada ? Parce que Mme Henkel est bien plus qu’une femme d’affaires à l’intuition juste et au charme désarmant. C’est une femme sensible et sensée, forgée par un parcours unique et difficile. Elle fait preuve de la plus grande audace qui soit : avoir des valeurs solides et vivre sa vie sans jamais y déroger.
Une biographie captivante, Quand l’intuition trace la route, a permis au public de découvrir davantage cette femme inspirante. Et depuis peu, il peut s’approcher encore plus de cette âme vaillante par le biais d’une série de spectacles-conférences intitulée Aimer, savoir, entreprendre, présentée un peu partout au Québec. Deux heures de pur bonheur pour les spectateurs et elle, au cours desquelles, contre toute attente, l’humain occupe bien plus de place que l’argent.
« J’ai entrepris les spectacles-conférences parce que j’en avais assez du négatif. Parce que je voulais mettre en évidence qu’avec la techno, on a mis de côté l’humain pour se consacrer au tout pour soi, tout de suite. Je n’invente rien, je remets à l’avant-scène des valeurs essentielles : la famille, le respect, le travail acharné, la persévérance, l’intégrité et l’authenticité. J’ai bâti mes entreprises sur ces valeurs et mon dieu que je me bats encore, depuis près de 25 ans, pour préserver ces principes ! », dit la dame de 58 ans, avec la conviction et l’enthousiasme qu’on lui connaît.
Un parcours fascinant
À la voir dans son chic bureau de présidente de la compagnie portant son nom, arborant avec grâce un veston d’un jaune intense, on a peine à croire le parcours qui l’a menée là. Ça semble impossible de penser qu’en 1991, après avoir quitté l’Algérie avec mari et enfants pour s’établir au Québec, cette Marocaine se soit retrouvée devant rien, comme tant de femmes immigrantes chez nous. À une époque, elle vendait à la pièce, à des centres de santé ou d’esthétique, le gant d’exfoliation Renaissance en lequel elle croyait, mais pas les banquiers. Elle ne rentrait chez elle que lorsqu’elle avait atteint son objectif quotidien.
Maintenant, le gant Renaissance est vendu dans plusieurs pays et n’est qu’une facette des Entreprises Danièle Henkel, spécialisées dans le domaine médico-esthétique, qui emploient 50 personnes. « L’argent que j’ai, je l’ai gagné. Je ne dois rien à personne. Souvent je suis tombée et je me suis relevée. Je n’ai jamais abdiqué et je n’ai jamais eu peur de recommencer », affirme-t-elle.
Très humaine et incroyablement accessible, elle est facilement émue par les histoires que les gens lui racontent après ses spectacles, par courriel, sur Facebook ou Twitter. Comme celle de cette femme de 66 ans qui a vu son spectacle, lu son livre et lui a écrit pour lui annoncer qu’elle démarrait son entreprise.
« J’en avais les larmes aux yeux, car je me rendais compte qu’elle avait tout compris. Elle avait compris que le temps n’existe pas, que tout ce qui existe est ce qu’on fait avec. Qu’on ait du succès ou des échecs, on aura eu le cran d’avoir essayé et d’avoir mordu dans la vie pendant cette aventure. »
De façon générale, elle a un faible pour les gens qui font le saut du côté des affaires après 50 ans. « À cet âge, on ne se préoccupe plus des mêmes choses que lorsqu’on est jeune. Les motifs sont différents car la seule personne qu’on veut impressionner, c’est soi-même ! Il n’y a rien de plus magique ! Cette deuxième partie de vie se doit d’être nourrissante pour l’âme et pour l’esprit. C’est une phase au cours de laquelle on doit se redécouvrir, se dépasser : peindre, se lancer en affaires, retourner aux études, etc. À tout âge, il faut avoir la rage de vivre. Moi, je l’ai. »
Une contre tous !
Avec tout ce charisme, toute cette authenticité, toute cette élégance aussi, pas étonnant que plusieurs entrepreneurs qui participent à l’émission Dans l’œil du dragon souhaitent manifestement être choisis par Mme Henkel plutôt que par ses collègues masculins. Quand on lui fait la remarque qu’elle n’éclipse pas seulement les quatre autres dragons, mais qu’elle les éteint carrément, elle prend le compliment en rigolant un bon coup. Puis, elle lance : « Je me dois d’être à mon meilleur, car je ne représente pas seulement les femmes d’affaires du Québec, je représente toutes les femmes du Québec ! »
Danièle, telle quelle
Avez-vous des défauts ? (Rires) « On a tous les défauts de nos qualités. Je suis propre à l’excès, un brin intransigeante, parfois trop exigeante envers moi-même et les autres. Je donne le meilleur de moi-même et j’attends la même chose en retour…»
Comment arrivez-vous à tout faire ? « Je jongle constamment avec mon agenda et je fais des compromis, sans perdre de vue mes priorités : mon conjoint, mes quatre enfants et mes cinq petits-enfants. Je n’arrive pas à participer à des soupers de famille à toutes les semaines, mais je passe du temps avec les miens au moins deux fois par mois. Et alors, on s’amuse beaucoup. »
Avoir 58 ans, ça vous fait quoi ? « Je suis fière de mon âge, de mon allure, de mon énergie, de ma flamme. Je dis sans gêne que je suis à l’aube de la soixantaine, ce que mes enfants n’aiment pas, car ils trouvent que ça les vieillit ! »
Et la retraite, c’est pour quand ? « Battre en retraite, dans le domaine militaire, c’est reculer. Et moi, dans la vie, je ne recule pas, j’avance. Je n’ai rien contre le principe de prendre sa retraite mais moi, la retraite, j’en veux pas ! »
Pour les dates du spectacle-conférence : conferencesdh.com, 514 766-9993.
Photo : Bruno Petrozza – Maquillage : Véronique Prud’homme