Retomber en amour, les yeux grands ouverts

Il n’y a pas d’âge pour retomber en amour. Que l’on ait 30, 50 ou 70 ans, l’amour peut se pointer dans nos vies avec son cocktail de surprises, de passion et de bonheur. Mais il semble clair que nos exigences se transforment avec le temps. Que demandons-nous aux relations amoureuses quand l’amour n’est plus tout à fait aveugle ?

Christian Forget, psychologue, sexologue et thérapeute conjugal, explique que peu importe l’âge, les besoins fondamentaux restent les mêmes. « Les êtres humains veulent aimer et être aimés, soutenus, considérés, appuyés, protégés. Mais en vieillissant, les goûts, les désirs et les attentes sont davantage basés sur des critères d’empathie et d’acceptation. La jeunesse et le mitan de la vie ont demandé de s’adapter à une foule de situations. Ensuite, les gens aspirent à une relation harmonieuse et à être acceptés comme ils sont. »

Manon : de nouveaux critères

Pour Manon, 64 ans, agente d’immeubles nouvellement à la retraite, le changement est radical. « Avant, j’accordais une très grande importance au physique de mon partenaire. Il devait avoir un certain gabarit et une belle crinière. Aujourd’hui, ces clichés n’ont plus d’importance. Mon nouvel amoureux, Jean, m’a séduite avec sa personnalité. Il a beaucoup plus de charme que de cheveux ! »

Pas surprenant que les critères changent puisque après 50 ans, les nouveaux couples ont des enjeux différents. Bébé, maison et carrière ont été remplacés par jardinage, voyages et compagnonnage. Pour ce bout de chemin rempli d’incertitudes, on n’investit plus dans un avenir lointain, mais dans un présent qui se renouvelle chaque jour.

« Ce qui compte, c’est la somme de nos acquis, les expériences à partager avec l’autre », poursuit Manon. Elle a trouvé en Jean un partenaire qui avait comme elle le goût de s’engager, dans l’acceptation.

« Avec l’âge, les gens qui ont fait de l’introspection ont réduit l’écart entre le vrai soi et le faux soi. Ils savent davantage ce qu’ils veulent et ce n’est surtout pas quelqu’un qui va les changer. Ils n’ont plus le goût se de battre », ajoute Christian Forget. Il précise que le mot « acceptation » ne signifie pas pour autant « résignation ».

Des attentes différentes

Les sites de rencontres sont éloquents sur les attentes des femmes et des hommes en quête d’un nouvel amour. Une enquête sur le terrain a démontré qu’en règle générale, monsieur cherche la dernière compagne de sa vie et souvent la cohabitation, et madame, un compagnon qui respectera son autonomie.

Pourquoi cette différence ? « Dans ce nouveau terrain de jeu, hommes et femmes arrivent avec un passé lourd de comportements qu’ils ne veulent pas revivre ou reproduire, soutient Christian Forget. Devant de tels griefs, ce n’est pas toujours facile de se refaire une santé émotive. »

Selon le psychologue, le principal défi est d’accepter sa propre vulnérabilité sans crainte d’être blessé si on laisse tomber ses mécanismes de défense. « Tout réside dans le fragile équilibre entre nouer une relation profonde et rester soi-même », résume M. Forget.

Claude : dur, dur de trouver

Claude, 73 ans, sur le marché du cœur depuis quatre ans, aimerait bien y parvenir, mais la rencontre ultime se fait attendre. « Je ne sais plus sur quel pied danser pour plaire à une femme. J’ai toujours l’impression d’en faire trop ou pas assez », confie-t-il.

D’un côté il sent que certaines cherchent une sécurité financière, qu’il n’a pas lui-même d’ailleurs, ou encore qu’elles convoitent l’homme parfait. « Et puis, j’ai parfois l’impression de devoir passer le test auprès de toutes ses copines ! Ce que je souhaite, c’est pourtant simple : une femme avec qui partager le quotidien. Il me semble que la vie à deux est plus intéressante », fait-il remarquer.

« Le hic, c’est que les femmes ont déjà joué dans cette pièce, explique Christian Forget. Elles ont donné au mari, aux enfants, au bureau, au chien… Et, de peur de retomber dans ce schéma d’abnégation, elles refusent souvent  la cohabitation pour ne pas tenter le diable de l’asservissement ! »

Blanche : pour la vie, non merci !

Plusieurs femmes se demandent même s’il faut donner une nouvelle chance à l’amour passé la soixantaine. Blanche avoue être fort ambivalente face à cette recherche d’un compagnon pour la vie, après avoir vécu trois longues relations.

« Il me semble que la vie amoureuse ne doit pas nous enfermer dans l’avenir, dit-elle. Pour moi, une relation est plus intéressante si les deux partenaires se choisissent tous les jours et ne se sentent pas prisonniers d’une dynamique. C’est peut-être un cliché que de vouloir se redécouvrir tous les jours, mais c’est ce que je désire, sinon aussi bien être seule. »

À l’aube d’une nouvelle relation, comment gérer ses nouvelles attentes ? Laissons à Christian Forget le soin de répondre à cette question. « Une relation nouée tardivement demande plus que jamais l’acceptation des différences, la mise à jour de ses compétences de partage et aussi de tomber en amour les yeux ouverts… sur soi et sur l’autre. »

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