Le 1er mars a débuté l’édition 2016 du Défi J’arrête, j’y gagne ! Sa porte-parole, Dre Christiane Laberge, enjoint les accros de la clope à écraser. Pour de bon. Son argument est béton : « Cesser de fumer est le geste le plus important et le plus efficace à poser pour améliorer sa santé. » Elle répond à cinq questions fréquentes des fumeurs de 50+.
D’abord, quelques mots sur le Défi. À sa 17e édition, il invite les fumeurs à arrêter de fumer pendant au moins six semaines. On peut s’y inscrire gratuitement jusqu’au 28 février, au defitabac.ca Les « futurs ex-fumeurs » améliorent ainsi leurs probabilités de voir leur mauvaise habitude s’envoler en fumée car ils y trouvent de la motivation, du soutien, une communauté en ligne, des outils personnalisables, incluant une application pour téléphone mobile et… la chance de gagner des prix.
Virage : Au Québec, on compte 22,4 % de fumeurs chez les hommes et 16,8 % chez les femmes. Comment faire chuter encore plus le pourcentage de fumeurs ?
Dre Christiane Laberge : « Au fil des ans, beaucoup de fumeurs ont fait une croix sur le tabac. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec les » vrais « , le noyau dur. Plusieurs d’entre eux veulent arrêter de fumer, mais c’est plus difficile.
« En ce qui concerne les grands anxieux, les dépressifs, les personnes ayant de la difficulté à se concentrer ou vivant avec un trouble du déficit de l’attention, il se peut qu’on ait d’abord à leur donner des médicaments pour traiter leur état. Dans leur cas, les médicaments agiront comme des lunettes afin d’acquérir d’autres attitudes et d’autres aptitudes. D’ailleurs, un jour ou l’autre, il faudra bien lier tabagisme et santé mentale car les rechutes viennent souvent du fait qu’on ne s’est pas attaqué au problème de fond. »
Virage : Où trouver la motivation pour en finir avec la cigarette ?
C.L. : « On fume pour les 4 R : relaxer, respirer, se retrouver dans sa bulle et se récompenser. Pour se débarrasser de leur mauvaise habitude, les fumeurs doivent être prêts à se procurer ces sensations autrement, à s’ouvrir à des plaisirs alternatifs. La motivation passe par des buts à court, moyen et long termes nourris par le plaisir et l’utilité liés au fait d’abandonner le tabac.
« Par exemple, des exercices de respiration peuvent être tout aussi satisfaisants qu’avaler de la fumée et on peut très bien relaxer et se retrouver dans sa bulle sans être dans un nuage de boucane, notamment en plongeant son nez dans un guide de voyage sur la destination qu’on visitera pour se récompenser, avec l’argent économisé en ne fumant plus ! »
Virage : Est-ce que les traitements pharmacologiques sont vraiment efficaces ?
C.L. : « Oui, ils augmentent significativement les chances de réussite. Toutefois, il est important d’en discuter avec votre médecin ou votre pharmacien afin de choisir celui qui vous convient, puis de respecter son mode d’utilisation et sa durée. S’ils ont été prescrits, ces traitements sont couverts par le régime public d’assurance médicaments et les régimes privés.
Virage : Beaucoup de fumeurs de longue date croient qu’il est inutile d’arrêter de fumer après 20, 30 ou 40 ans de tabagisme, car le mal est fait. Est-ce vrai ?
C.L. : « Non ! Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer. Les bénéfices pour la santé sont nombreux et mesurables rapidement. Ainsi, une personne qui écrase avant l’apparition de dommages irréversibles au système respiratoire voit sa capacité respiratoire s’accroître de 30 % après quelques semaines seulement. »
Virage : Comment les proches d’un fumeur doivent-ils agir ?
C.L. : « Il faut frapper sur la cigarette, pas sur le fumeur. Ça veut dire que si notre conjoint ou un ami est un gros fumeur, on peut l’accommoder en prévoyant des pauses entre les services lors d’un souper, pour lui permettre d’aller fumer dehors. Mais zéro cigarette dans la maison, par exemple, sous aucune considération. C’est inutile de fumer près de la hotte, de la porte patio ou dans une pièce dont la porte est fermée et la fenêtre ouverte, car ça prend 10 000 changements d’air pour enlever toute trace de fumée secondaire.
« Par ailleurs, si quelqu’un de notre entourage décide de relever le Défi J’arrête, j’y gagne !, on peut l’aider énormément par du renforcement positif rapide et intensif. Avoir uniquement un objectif à long terme, comme un voyage, ne fonctionne pas vraiment dans un tel cas. Il vaut mieux miser sur des gestes quotidiens comme le féliciter, l’écouter, l’encourager par des mots doux et de petites attentions. Se donner des associés est d’ailleurs la façon la plus efficace de réussir le Défi. »
Un paquet de trucs
Voici quelques trucs signés Doc Laberge pour vous aider à garder la cigarette à distance :
- Apprendre à respirer : des cours de yoga, de relaxation ou l’application RespiRelax nous enseignent à nous calmer en respirant profondément.
- Pratiquer la méditation pleine conscience : la méditation prépare le cerveau à accueillir un nouveau comportement et à le maintenir.
- Adapter ses habitudes : si prendre un café, un verre de vin ou une bière menace de nous faire craquer pour une cigarette, on peut opter pour un café vanille ou un bloody caesar, qui se marie moins bien avec le goût du tabac.
- Marcher : cette activité physique est idéale pour respirer profondément, se retrouver dans sa bulle, relaxer et se récompenser par du temps consacré à soi, bref, les 4 R ! L’exercice aide aussi à maintenir son poids.
- Résister au pic : chacun peut se créer des trucs positifs pour passer au travers les deux minutes que dure un hit de nicotine. « Une de mes patientes se répétait qu’elle se donnait la permission de fumer, mais uniquement en commençant par la deuxième ! »
- Demander des conseils et du soutien : 1 866 JARRÊTE (527-7383).
Photo : Éric Carrière – Maquillage : Véronique Prud’homme