À 65 ans, Patrice L’Écuyer se lance un nouveau défi

Patrice L’Écuyer n’a plus rien à prouver. Pourtant, à 65 ans, l’acteur et animateur vedette, l’une des personnalités préférées du Québec, a choisi de se lancer un défi : monter seul sur scène, sans personnage derrière lequel se dissimuler. Dans Après seulement 32 ans d’absence sur scène, son tout premier one-man-show en carrière, il se dévoile comme jamais auparavant.

« Je pense que lorsque les gens sortiront de la salle, ils auront l’impression de mieux connaître Patrice L’Écuyer, qui n’est pas celui qu’on voit à la télévision, dit l’artiste au sujet de son spectacle, qui sera présenté un peu partout au Québec jusqu’au printemps 2026. C’est une véritable rencontre avec le public. »

Les gens qui ont interviewé Patrice au fil des années savent à quel point il a toujours été jaloux de sa vie privée. Dans ce show, actuellement en rodage, on pourra découvrir ce qui explique cette légendaire discrétion. « Il y a des raisons qui expliquent tout ça, confie‑t‑il. Je vais les révéler sur scène, mais c’est un sujet dont je ne parlerai jamais en entrevue. Des événements dans ma vie m’ont amené à choisir de ne pas parler de moi. Je ne me sentais pas à l’aise de le faire. Cela dit, mon spectacle n’est ni une biographie ni une psychanalyse, mais je dévoile les coulisses de ma vie, mes insécurités, mon côté hypocondriaque, etc. »

« Je parle de moi et de ma vision des choses, poursuit-il. Que les gens puissent être intéressés par ce que j’ai à dire, c’est très touchant. Ce spectacle est incroyablement gratifiant par rapport à tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. »

Patrice L'Écuyer

Le véritable bonheur

À la mi-soixantaine, alors que plusieurs songent à la retraite, Patrice s’aventure dans un nouveau projet. Manifestement, ses choix semblent davantage dictés par son état d’esprit que par son âge. « Je comprends qu’on puisse trouver audacieux de faire un premier one-man-show à 65 ans. Peut-être que je frapperai un mur à 75 ans, mais en attendant, je ne ressens pas mon âge. Je crois que je ne suis pas fait comme tout le monde. Pour moi, l’âge n’a jamais compté. J’ai l’impression d’avoir 30 ans. Toute ma vie, j’ai eu la chance de faire ce que j’aime. Quand j’ai commencé ma carrière, je jouais au théâtre. Chaque fois que j’allais travailler, je disais toujours que j’allais “jouer”, et j’ai conservé cette expression. Toute ma vie, j’ai joué. J’aime tellement ce que je fais que je ne ressens pas le poids des années. »

« Par contre, j’ai constaté qu’on arrive un jour à l’âge où il faut faire ce qu’on aime, nuance-t-il. Et pas seulement dans le travail. Il faut s’entourer des gens qu’on aime. Il faut faire le ménage dans sa vie. Si on ne le fait pas, on risque d’être malheureux longtemps. C’est ce que l’âge m’a appris : le véritable bonheur, c’est de vivre avec les gens qu’on aime et de faire ce qui nous passionne. » 

C’est ainsi que plus de trois décennies après sa dernière apparition sur scène, Patrice réalise un vieux rêve : celui qui l’animait à ses débuts, mais qu’il n’avait jamais osé concrétiser. « Très jeune, j’étais déjà attiré par la scène, se souvient-il. Je voyais Yvon Deschamps en spectacle, mais jamais je n’aurais osé imaginer que je pourrais, moi aussi, faire ça un jour. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu, mais sans jamais croire que ce serait possible. Que ça me serait permis. Comme le dit si bien le dicton en vogue au Québec, et que je déteste profondément : “On est nés pour un petit pain…” Yvon a tellement joué au Théâtre Maisonneuve qu’il en a usé le plancher. On l’a même découpé pour lui en donner un morceau! Juste de penser que je vais monter sur cette scène, je trouve ça émouvant. »

Un père moderne avant l’heure

Malgré une carrière exigeante, Patrice L’Écuyer a pleinement profité de sa vie familiale. Aujourd’hui, ses deux filles, âgées de 24 et 23 ans, volent de leurs propres ailes. « C’est une très belle étape, blague-t-il. Mes filles sont parties! (rires) Les gens s’imaginent que j’ai travaillé comme un fou toute ma vie, mais j’ai probablement été un père plus présent que la moyenne. C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé, mais en contrepartie, j’avais beaucoup de temps libre. Quand ma première fille est née, j’ai pris une année sabbatique. Chaque an, j’ai passé deux, trois ou quatre mois à la maison à temps plein. J’avais la chance d’organiser mes horaires. C’était fantastique! J’ai été très présent et, par conséquent, je n’ai aucun regret. »

Même sur le plan professionnel, il n’en éprouve aucun. « J’ai réalisé presque tous mes rêves professionnels, avoue-t-il. En fait, j’ai même fait bien plus que ce que j’aurais osé imaginer. Je me souviens qu’à 16 ans, ma blonde, avec qui je sortais depuis un mois, m’avait demandé ce que je voulais faire dans la vie. Quand je lui ai répondu que je voulais être acteur, elle a tellement ri qu’elle en est tombée à la renverse dans un banc de neige. Ça m’avait tellement fait mal. »

Le doute comme moteur

Si cet épisode avait pu semer le doute chez le jeune acteur en devenir, il admet n’avoir jamais eu besoin de qui que ce soit pour plonger dans cet état, étant lui-même la source de ses propres incertitudes. « Je suis quelqu’un qui doute de toute façon, confie‑t-il, amusé. J’aurais trouvé une autre raison de douter. Je pourrais même donner des cours d’inquiétude! Mais j’en parle dans mon spectacle : ce n’est pas parce qu’une chose te fait peur que tu dois t’empêcher de la faire. Dans la vie, on ne se fait pas assez confiance. On ne s’aime pas assez. Les doutes, je les compare au trac. Certaines personnes en sont paralysées, mais moi, ça me stimule. »

Avec les années, ses inquiétudes ne se sont pas apaisées, mais Patrice a appris à les apprivoiser. « Je m’inquiète souvent pour des choses sans importance, dont je ne devrais pas me préoccuper, mais fondamentalement, je suis un éternel optimiste. J’ai toujours cette certitude que, d’une façon ou d’une autre, tout finira par bien aller. »

Patrice L’Écuyer est en spectacle avec Après seulement 32 ans d’absence sur scène. On peut se procurer des billets sur son site au www.patricelecuyer.com.

Photo : Bruno Petrozza
Coiffure et maquillage : Anabelle Deschamps