À l’occasion du mois du Mois de sensibilisation au cancer de la prostate, Virage démêle le vrai du faux sur le plus répandu des cancers masculins, avec Marie-Christine Beauchemin, coordonnatrice au programme de soutien aux patients de l’organisme à but non lucratif Procure.
- Le cancer de la prostate est sournois.
Vrai. Il l’est surtout aux stades précoces, c’est-à-dire lorsqu’il est confiné à la glande en question. La maladie présente alors peu de symptômes, voire aucun. Ces derniers apparaissent surtout lorsque le cancer est à un stade avancé. Nous recevons parfois des appels de patients qui s’inquiètent de certains symptômes urinaires. De fait, ces symptômes sont souvent reliés au fait d’avoir une prostate volumineuse (hyperplasie bénigne) qui comprime l’urètre. Un cancer de la prostate découvert à un stade précoce se guérit en règle générale plutôt bien.
- Il s’agit d’une maladie taboue.
Vrai. Cela est dû aux effets secondaires liés aux traitements. Les principaux sont la dysfonction érectile, l’incontinence urinaire et les troubles intestinaux, selon si l’on a recours à la chirurgie radicale ou à la radiothérapie. Ce ne sont pas tous les hommes qui vont exprimer qu’ils ont des problèmes de cet ordre. Les effets peuvent affecter leur estime de soi, leur virilité, et renforcer un sentiment de vulnérabilité. De là leur silence. Les femmes aux prises avec un cancer du sein ont tendance à être beaucoup plus ouvertes face à leur maladie et ce que ça implique.
- C’est un cancer de « vieux ».
Faux. On peut très bien recevoir un tel diagnostic à partir de l’âge de 50 ans, voire sous cette barre, bien que ce soit plus rare. C’est donc dire que le risque augmente bel et bien avec l’âge, mais à partir d’un âge mûr. Le cancer de la prostate est la troisième cause de décès par cancer chez les hommes. Ce n’est pas un « petit » cancer qu’on peut prendre à la légère. Les hommes sans facteurs de risque doivent commencer à s’en préoccuper dès l’âge de 50 ans. En cas de doute, il faut en parler à son médecin.
- La plupart des cancers de la prostate ont une cause génétique.
Faux. C’est plutôt le contraire : la plupart sont causés par des mutations non héréditaires, qui ne sont pas transmises de parent à enfant. Ils peuvent être provoqués par l’environnement, l’alimentation et le vieillissement, ou même par des raisons inconnues. Seuls 20 % des cancers de la prostate résultent d’une prédisposition familiale, ce qui veut dire qu’on retrouve cette maladie au sein d’une même famille. Dans de rares cas, ce cancer est dû à une mutation héréditaire, c’est-à-dire transmise d’une génération à l’autre.
- Avoir de bonnes habitudes de vie barre la route à ce cancer.
Peut-être. Il y a aussi beaucoup de recherche qui se fait sur ce sujet. Parmi les facteurs de risque bien établis du cancer de la prostate, il y a l’âge, l’histoire familiale de cancer de la prostate et/ou du sein et de l’ovaire ainsi que la couleur de la peau – les individus d’origine afro-américaine sont plus à risque de le développer. Toutefois, on note aussi l’alimentation, le poids santé et le niveau d’activité physique parmi la liste des facteurs de risque potentiels. Ils pourraient avoir un impact sur l’apparition et la progression du cancer de la prostate.
- L’antigène prostatique spécifique (APS) permet de savoir si l’on a ou non ce cancer.
Pas tout à fait. La prostate sécrète l’APS, dont le rôle principal est de garder le sperme sous forme liquide. Il faut savoir que l’APS est en toute petite quantité dans le système sanguin. Une hausse du taux de cette protéine dans le sang peut être due à plusieurs facteurs, dont la potentielle présence d’un cancer de la prostate. Mais, attention : cela peut aussi être attribuable au fait d’avoir contracté une infection urinaire, de souffrir d’une inflammation de la prostate ou de posséder une grosse prostate. Un taux d’APS plus élevé que la normale commande donc des investigations plus approfondies. C’est pourquoi on le jumelle normalement à un toucher rectal.
- La biopsie de la prostate « répand » les cellules potentiellement cancéreuses.
Faux. C’est une inquiétude qu’expriment souvent les hommes qui téléphonent à notre ligne gratuite, où des infirmières spécialisées en uro-oncologie répondent aux questions sept jours sur sept. Comme si du moment qu’on retire l’aiguille de la prostate, des cellules cancéreuses se disséminaient ailleurs. Ce n’est absolument pas le cas. Si ça devait l’être, on n’aurait certainement pas recours à cette procédure, qui permet de confirmer les soupçons soulevés lors des examens de routine. Aussi, les hommes doivent savoir qu’une biopsie ne laisse pas de traces, sous forme de trou par exemple.
- Il n’existe non pas un, mais bien des cancers de la prostate.
Vrai. Il existe plusieurs types de cancer de la prostate. Celui dont on parle le plus souvent représente environ 95 % de tous les cas. C’est l’adénocarcinome, soit le cancer qui se développe à partir des cellules d’une glande. Parmi les autres types, plus rares, on trouve notamment le sarcome, le carcinome neuroendocrine et le carcinome à cellules transitionnelles.
- Le cancer de la prostate se traite toujours de la même manière.
Faux. Le cancer de la prostate se développe lentement. Dès le diagnostic, il faut se demander si on le traite ou si on le surveille. S’il faut le prendre en charge, on doit alors s’interroger sur l’évolution potentielle de ce dernier, ce qui dictera le traitement. Lorsque le cancer est confiné à la prostate, le but de la chirurgie ou de la radiothérapie est la guérison. En présence d’un cancer avancé avec ou sans métastases, le but sera de le contrôler à long terme, pour ainsi prolonger la vie.
- Posséder une prostate volumineuse prédispose à développer un cancer de la prostate.
Faux. Il s’agit encore une fois d’une inquiétude courante chez les hommes qui contactent Procure. Heureusement, elle est non fondée. Par contre, ces deux conditions peuvent tout à fait cohabiter l’une avec l’autre. C’est une nuance importante.
Pour en savoir plus, il suffit de visiter le site de Procure, un organisme de bienfaisance dédié à la lutte contre le cancer de la prostate ou d’utiliser la ligne de soutien sans frais 7 jours sur 7 de l’organisme, au 1 855 899-2873.
Cette entrevue a été révisée pour plus de clarté et de concision.