« Jusqu’à présent dans ma vie, chaque décennie a toujours été meilleure que la précédente. Il n’y a donc rien de négatif pour moi à débuter la cinquantaine », dit François Morency, qui a bel et bien eu 50 ans en juin dernier, même s’il ne les fait pas du tout. L’humoriste sera la tête d’affiche du banquet des 25es Jeux FADOQ, le 14 septembre, à Lévis.
Quand les 1ers Jeux FADOQ ont eu lieu, en 1991, François Morency fréquentait encore l’École nationale de l’humour. Si on lui avait dit alors qu’il serait l’artiste invité lors du 25e anniversaire de cet événement sportif et culturel, il aurait bien ri. Et pourtant, il réalise aujourd’hui, comme nous tous, que 25 ans, c’est si vite passé !
« Ça me vient par flashs que je vieillis. Par exemple, quand je fais référence à une émission de mon enfance en présence de quelqu’un de 30 ans qui ne sait absolument pas de quoi je parle. Même chose quand je mentionne qu’au début de ma carrière, il n’y avait pas d’Internet. Les jeunes me regardent alors comme si je venais de leur dire que j’étais né au Moyen Âge ! »
50, ce n’est qu’un chiffre
L’âge n’a jamais eu d’importance pour ce pince-sans-rire aux indéniables talents d’animateur. « J’ai toujours eu des fréquentations plus vieilles ou plus jeunes que moi, sans distinction. Et je ne me suis jamais fixé d’objectif précis d’avoir accompli telle ou telle chose à un certain âge. Les remises en question pour moi viennent plutôt à la fin d’un cycle, par exemple quand je change de job, quand je déménage ou quand il survient un deuil dans ma famille. »
Ainsi, à part la tonne de railleries de la part de ses amis humoristes que lui valent son nouveau statut de quinqua, l’événement s’avère plutôt fertile en bonnes blagues pour cet as de l’autodérision. Il en a fait la preuve dans son numéro lors du Gala Juste pour rire consacré aux rivalités entre jeunes et vieux, en juillet dernier. « Je suis plus vieux que Philippe Bond et plus jeune que Michel Barrette, les deux animateurs, et j’ai décidé d’exploiter ce filon », dit-il.
Il reprendra d’ailleurs ce sketch lors de son spectacle de 45 minutes au banquet des Jeux FADOQ, soirée qui sera imprégnée d’une thématique maritime. À cette occasion, comme en vue de tous ses spectacles corporatifs, l’humoriste et animateur aura soigneusement sélectionné les numéros et l’ordre dans lequel il les présentera, afin de maximiser les éclats de rire parmi son auditoire.
« Clairement, je ne suis plus un humoriste de la relève. Par contre, quand je regarde des Lemire et des Barrette qui sont plus vieux que moi et qui continuent encore, je me dis que ça tient la route de faire ça encore dix ans et de poursuivre l’aventure en étant heureux là-dedans. » Ne plus être jeune sans être encore vieux, c’est en plein ça, la cinquantaine !
Une hérédité enviable
Perfectionniste parfois à l’excès, François Morency fait tout pour « contrôler le bout contrôlable » dans le vieillissement. « Je ne fume pas, je ne bois presque pas, je m’entraîne et je mange bien. » Et, bien qu’il sache que les lunettes de lecture au bout de son nez ne représentent que le premier d’une foule de petits changements à venir, il parierait sur sa chance à la loterie de l’hérédité puisque ses deux parents ont 87 ans et sont en pleine forme. Voilà de quoi envisager le vieillissement de façon positive !
Toutefois, s’il peut aspirer à une vie tout aussi longue qu’eux, le célibataire n’arrivera pas à les surpasser côté cœur, puisque son père et sa mère ont célébré récemment leur 65e anniversaire de mariage !
Ses parents, ses modèles
D’ailleurs, ses parents, depuis toujours très présents dans sa vie et dans ses numéros, le sont plus que jamais alors que François Morency planche sur un livre à paraître en avril 2017, consacré à des conversations avec eux et aux perceptions sur les générations.
« L’idée est venue de statuts Facebook que je faisais depuis quelques années et qui ont eu beaucoup de succès, dans lesquels je racontais par exemple que je me retrouvais au téléphone avec mes deux parents qui avaient chacun leur appareil dans des pièces différentes de la maison et qui se mettaient à s’obstiner sur un détail, faisant de moi un simple spectateur de la scène. J’ai décidé de réunir ces textes dans un livre et d’en ajouter de nouveaux, pour raconter mon lien avec mes parents et leur adaptation à la vie moderne, en particulier les nouvelles technologies. »
Pas d’humour méchant ici, car on sent dans ces anecdotes tout l’amour que François éprouve envers ses parents et combien il se sent privilégié qu’ils soient toujours vivants, ensemble et en santé.
« Les gens de 50 ans sont morts de rire parce que les dialogues leur rappellent ceux qu’ils ont avec leurs propres parents. C’est un filon vraiment intergénérationnel car beaucoup de gens de 40 ou 50 ans m’envoient leurs propres anecdotes, mais aussi des jeunes de 20 ans qui vivent des situations semblables avec leurs parents ou grands-parents. »
Il s’agira du deuxième livre de François Morency, qui avait publié Dure soirée, en 2012. Par ailleurs, François développe présentement des projets pour la radio et la télé. Quant à son spectacle, Furieusement calme, il a pris fin le printemps dernier après 215 représentations. Le DVD de ce 4e one man show sera disponible à temps pour les fêtes.
Photo : Louis Prud’homme