Mon genou (ou ma hanche) me fait souffrir !

Après 60 ans et encore plus après 70 ans, l’arthrose amène bien des gens à joindre le clan des tamalous (t’as mal où ?) Lorsqu’elle est ressentie au genou ou à la hanche et que la douleur vient à hypothéquer sérieusement les activités quotidiennes, elle peut mener à une chirurgie de remplacement, de plus en plus fréquente de nos jours. Tour d’horizon avec l’orthopédiste Robert Turcotte.

Arthrose, quand tu nous tiens

Si le mot « arthrose » fait partie de votre paysage, vous n’êtes pas seul. En effet, l’arthrose, qui est la forme la plus répandue d’arthrite, touche plus de trois millions de Canadiens. Cette maladie, dont on ne peut guérir, consiste en l’usure du cartilage, un tissu résistant et souple situé à l’extrémité des os, qui agit comme un amortisseur et qui permet un glissement facile des os les uns sur les autres. Au fur et à mesure que le cartilage s’amenuise, on ressent de la douleur et une raideur, sinon de l’enflure et la sensation que les os frottent ensemble.

Bien des facteurs de risque favorisent l’apparition d’arthrose. En tête de liste : l’âge. « Environ 65 % des gens de 65 ans et 80 % des gens de 80 ans démontrent des signes d’arthrose, sans nécessairement ressentir de la douleur », estime Robert Turcotte, chef de la division d’orthopédie de l’Université McGill et président de l’Association d’orthopédie du Québec.

Les antécédents familiaux, des blessures, un excès de poids, différentes maladies et des anomalies structurelles peuvent aussi favoriser la dégénérescence des articulations. Alors que l’arthrose de la hanche frappe autant les hommes que les femmes, l’arthrose du genou touche davantage les femmes.

La prise en charge : essentielle

Bien sûr, tous les cas d’arthrose ne se terminent pas sur la table d’opération. Souvent, la combinaison de médicaments, d’exercices appropriés, d’activité physique et de repos permet de maintenir une vie active et non minée par la douleur, tout en prévenant des lésions articulaires graves. Il ne faut surtout pas cesser toute activité physique en raison de l’apparition des premiers signes d’arthrose. En effet, la marche, le vélo et la natation sont même recommandés.

L’arthrose dégénérative se manifeste d’abord par des raideurs au lever et par des douleurs à l’activité ou debout. Puis, progressivement, on ressent ces symptômes lors d’activités moindres et même lorsqu’on est couché.

Quand faut-il consulter notre médecin ? « En présence d’un problème persistant et récurrent, qui nous limite dans nos activités et dont la douleur augmente en intensité. Dans un premier temps, on prescrit des exercices spécifiques, de l’activité physique ainsi que des antidouleurs ou des anti-inflammatoires », résume Dr Turcotte.

Si ces médicaments ne s’avèrent pas suffisants, d’autres mesures seront envisagées, telles que des injections à un intervalle de quelques mois. Il s’agira tantôt de viscosuppléments, ayant pour but de remplacer le liquide du genou par des substances dont se nourrissent les cartilages, tantôt de cortisone, un anti-inflammatoire. Dans certains cas, il faudra ensuite envisager la chirurgie de remplacement ou « arthroplastie ».

Un nouveau genou, une nouvelle hanche

Il n’existe pas d’âge butoir pour une telle chirurgie. L’âge du patient fait bien sûr partie des facteurs pris en considération au moment de mesurer l’opportunité de la chirurgie, tout comme son état de santé, sa longévité prévue, son niveau d’activité, l’état de l’articulation et le risque que représente l’opération.

L’orthopédiste optera pour une prothèse avec un couple métal-métal, métal-plastique ou un implant sphérique en céramique, plus résistant à l’usure, notamment pour les patients plus jeunes.

La prothèse pourra être cimentée alors que dans d’autres cas, grâce à une surface poreuse, elle se soudera à l’os. Parfois, les deux genoux seront opérés simultanément, plus rarement les deux hanches.

Selon Dr Turcotte, les patients ont tendance à minimiser les risques de l’opération, qui sont faibles mais sérieux. « Un remplacement de genou ou de hanche n’est pas un plombage, dit-il. Il faut que la chirurgie soit pleinement justifiée. Par ailleurs, la collaboration complète des patients est nécessaire durant toute la période de rééducation. »

« Dans l’immense majorité des cas, les gens peuvent rentrer à la maison après quatre jours, à moins d’être aux prises avec d’autres problèmes d’autonomie, poursuit-il. La convalescence est plus facile lors d’un remplacement de hanche que de genou. En effet, la plupart des patients commencent à apprivoiser la marche avec leur nouvelle hanche dans les 24 heures. La physiothérapie est aussi de moins longue durée et peut se dérouler au domicile. »

Lors d’une intervention à la hanche, il existe toutefois des dangers de luxation, dans environ 4 à 5 % des cas. C’est pourquoi il faut restreindre certains mouvements pendant plusieurs semaines et se munir d’équipement adapté : siège de toilette surélevé, pince pour ramasser des objets par terre, etc.

Les chirurgies de reprise dues à l’usure, après 10 ou 15 ans, sont de plus en plus rares, les prothèses et les techniques opératoires s’étant raffinées au fil des ans. La greffe de cartilage représente quant à elle une solution prometteuse pour l’avenir.

Sur les traces de Johnny Hallyday

« Au Québec, il se fait plus de chirurgies de la hanche que du genou. Bien que dispendieuses – une prothèse coûtant entre 2 000 $ et 5 000 $ – ces opérations comptent parmi celles qui améliorent le plus la qualité de vie des patients, davantage que la chirurgie cardiaque. À preuve, Johnny Hallyday a deux hanches artificielles depuis 30 ans, ce qui ne l’empêche pas de se produire encore en concert, à 71 ans ! », conclut le président de l’Association d’orthopédie du Québec.

 

L’arthroplastie en chiffres

60 à 80 ans : âge habituel au moment du remplacement de la hanche ou du genou

6 mois : temps moyen sur la liste d’attente, selon les régions (un peu moins pour un remplacement de hanche que de genou)

1 h 30 à 2 h : durée de la chirurgie, habituellement sous anesthésie régionale

4 jours : durée du séjour à l’hôpital, souvent moins longtemps pour la hanche

3 à 6 mois : temps moyen nécessaire à la récupération complète

95 %: pourcentage des gens qui auront toujours leur prothèse après 15 ans