Les symptômes à ne pas ignorer en vieillissant, selon un médecin de famille

Avec l’âge, on apprend souvent à composer avec certains malaises et désagréments. Mais où se situe la frontière entre ce qui relève du vieillissement normal et ce qui mérite vraiment une consultation avec un ou une médecin? On a parlé avec un médecin de famille pour connaître les symptômes à ne pas ignorer.

Le Dr René Wittmer, médecin de famille et professeur agrégé de clinique à l’Université de Montréal, prévient d’emblée : il existe une tendance à attribuer trop de malaises à l’âge. « Oui, le corps change, mais il y a aussi de l’âgisme. On se dit : “C’est normal, je vieillis!” Pourtant, le vieillissement en tant que tel ne génère pas une panoplie de symptômes. Ainsi, un essoufflement au moindre effort, des douleurs nocturnes ou des limitations qui surviennent brutalement requièrent une évaluation, car ils peuvent indiquer une maladie nécessitant un traitement. »

Voici quelques signes et symptômes à ne pas négliger.

1. Surveiller la perte de poids

    Si vous perdez du poids de manière involontaire, cela exige une investigation, souligne le Dr René Wittmer. Il arrive qu’il s’agisse d’une conjoncture de facteurs ou qu’il n’y ait pas d’explication précise, mais il est important de demeurer à l’affût. Le phénomène peut être lié à un cancer, à une dépression qui s’installe ou à la maladie de Parkinson, entre autres. C’est un symptôme qui doit être pris au sérieux!

    2. Gare aux bosses

    Lorsque des bosses apparaissent quelque part sur notre peau ou encore à l’intérieur de notre corps, que ce soit au niveau du sein, de l’abdomen, du cou ou des ganglions, il peut s’agir de quelque chose d’un peu plus alarmant, poursuit le Dr Wittmer. « Une bosse inexpliquée compte parmi les raisons pour lesquelles une personne devrait aller chercher un avis médical sans trop tarder. »

    3. S’inquiéter des oublis qui affectent la vie quotidienne

    Pour quiconque avance en âge, les maladies cognitives représentent souvent une source d’inquiétude. Si une personne de votre entourage vous rapporte certains changements, ou inversement, si vous pensez que vous avez, par exemple, des oublis plus fréquents, vous pouvez le valider auprès d’un proche. Lors du rendez-vous médical, il est d’ailleurs conseillé de vous faire accompagner par quelqu’un qui vous côtoie et qui peut offrir un second regard.            

    « Les gens vont parfois mélanger la mémoire et l’attention, souligne le médecin de famille. Les signes réellement préoccupants sont ceux qui touchent la mémoire récente. Ne plus se rappeler ce qui s’est passé la veille, omettre de prendre ses médicaments, se perdre en voiture sur un trajet connu… Cela m’inquiète plus que si vous me dites qu’en entrant dans une pièce, vous avez oublié pourquoi vous y alliez. »

    L’importance de la nouveauté des symptômes 

    Pour le Dr René Wittmer, l’un des critères les plus utiles à la prise de décision ne tient pas tant au type de symptôme qu’à sa nouveauté. Un changement net par rapport à votre état habituel devrait toujours attirer votre attention. « Par exemple, quelqu’un qui a toujours eu peu d’appétit m’inquiète moins qu’une personne qui, en l’espace de quelques semaines, se met à manger de moins en moins… »

    L’omnipraticien rappelle au passage que les maladies graves évoluent rarement en dents de scie : leurs manifestations se font généralement de plus en plus présentes et de plus en plus intenses. « Elles ne sont pas fluctuantes et ne rentrent pas dans l’ordre après quelques jours. Plusieurs maladies peuvent provoquer un changement abrupt suivi de divers symptômes. L’appétit est l’un de ceux qu’on doit particulièrement surveiller. »

    Considérer ses antécédents… et ses médicaments!

    Une personne ayant eu un cancer ou diagnostiquée d’une maladie cardiaque devrait toujours se montrer vigilante en présence d’un nouveau symptôme. Le Dr Wittmer encourage à consulter de manière un peu plus proactive dans ce type de cas. Concernant l’histoire familiale, bien qu’elle puisse être prise en considération, plus on vieillit, moins cet historique a d’impact en ce sens que la génétique se manifeste souvent chez les individus plus jeunes.

     « Je mettrai d’autre part en garde contre les médicaments, notamment ceux en vente libre, car certains ne sont pas très compatibles avec la médication que l’on prend déjà ou avec le vieillissement. Les anti-inflammatoires, comme l’ibuprofène ou les somnifères, peuvent avoir d’importants effets secondaires, signale l’omnipraticien. Même un médicament prescrit peut provoquer de nouveaux symptômes. Il est important d’en discuter avec un professionnel ou une professionnelle de la santé. »