Les directives médicales anticipées, vous connaissez ?

Vous tenez à tout prix à ce que vos volontés de fin de vie soient respectées et vous voulez tout autant éviter de douloureuses décisions à vos proches ? Compléments du mandat de prévision et du testament de fin de vie, les directives médicales anticipées (DMA) sont pour vous. Tour d’horizon d’un outil nouveau, méconnu, efficace, simple et gratuit !

Depuis le 1er janvier 2016, il est en effet possible, alors qu’on est majeur et apte à le faire, de remplir un formulaire indiquant si l’on accepte ou refuse certains soins médicaux advenant une incapacité de décider par nous-même en raison de situations médicales spécifiques.

Un cadre précis

Ainsi, selon nos valeurs et nos volontés, on peut exprimer par écrit, à l’avance, notre souhait de recevoir ou non des soins médicaux qui prolongeraient notre vie mais nous laisseraient dans un état qu’on pourrait juger non souhaitable. Voilà une bonne nouvelle autant pour ceux qui s’opposent à toute forme d’acharnement thérapeutique que pour ceux qui veulent être maintenus en vie le plus longtemps possible.

Les DMA seront appliquées uniquement dans certains contextes particuliers : la situation de fin de vie et la situation d’atteinte grave et irréversible des fonctions cognitives.

« Un coma prolongé, un état végétatif permanent, la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, une hémorragie cérébrale massive et un accident cérébral vasculaire massif sont des exemples de situations où les directives médicales anticipées s’appliquent, tout comme si un patient souffre d’une maladie incurable et est en fin de vie », indique Ève-Marie Ouellet, médecin de famille et en soins palliatifs à l’hôpital Le Gardeur.

Par ailleurs, les DMA ne visent que cinq traitements :

  1. la réanimation cardio-respiratoire;
  2. la ventilation assistée par un respirateur;
  3. la dialyse;
  4. l’alimentation forcée ou artificielle;
  5. l’hydratation forcée ou artificielle.

Par exemple, un adulte coche dans le formulaire de DMA qu’il refuse la réanimation cardio-respiratoire si un jour il est atteint de démence grave, sans possibilité d’amélioration. Ainsi, si plusieurs décennies plus tard, ses fonctions cognitives sont atteintes de façon majeure et irréversible, il ne sera pas réanimé après un arrêt cardio-respiratoire.

Ne pas confondre

Bien qu’elles aient été mises en place dans la foulée de l’adoption de la Loi concernant les soins de vie, qui encadre aussi l’aide médicale à mourir, les DMA sont tout autre. En effet, contrairement à l’aide médicale à mourir qu’une personne peut demander uniquement si elle est apte, les directives médicales anticipées sont exprimées à l’avance, en vue d’une inaptitude éventuelle, et ne concernent que le refus et l’acceptation de certains soins.

Les DMA ne remplacent pas par ailleurs le mandat de protection (appelé auparavant « mandat en cas d’inaptitude »), ce dernier ayant une portée beaucoup plus large et servant à désigner, à l’avance, une ou plusieurs personnes pour prendre soin de son bien-être et de ses biens si l’on en devient incapable.

Quant au testament de fin de vie, il couvre lui aussi davantage que les situations et soins encadrés par les DMA.

Obligation de respect

Les DMA ont la même valeur que le consentement d’une personne apte et, de ce fait, le personnel soignant est tenu de les respecter. Les professionnels de la santé sont également dans l’obligation de consulter le registre tenu par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), lorsqu’une personne est déclarée inapte à consentir à ses soins.

En présence de DMA, le représentant du patient n’a pas à être consulté. Les proches ne peuvent pas non plus passer outre les volontés exprimées dans les DMA pour donner préséance à leurs propres valeurs et croyances. À cet effet, il vaut mieux d’ailleurs aviser notre garde rapprochée de notre démarche et de la nature de nos directives.

« Les directives médicales assistées répondent à notre besoin d’autodétermination et enlèvent un poids aux membres de la famille, à un moment où ils sont déjà bouleversés par la condition de santé d’un être cher », fait valoir Dre Ouellet.

Elle souhaite que le gouvernement du Québec respecte au plus tôt son engagement de mener une campagne publicitaire pour faire connaître les DMA.

Mode d’emploi

Voici comment procéder pour que vos directives médicales anticipées soient déposées au registre de la RAMQ, et ce, gratuitement :

  • Télécharger et imprimer le formulaire Directives médicales anticipées en cas d’inaptitude à consentir à des soins au ramq.gouv.qc.ca (par l’entremise de votre compte clicSÉQUR). Ou encore, téléphoner au 418 646-4636, 514 864-3411 ou 1 800 561-9749.
  • Remplir le formulaire, le signer en présence de deux témoins, avant de l’acheminer par la poste à la RAMQ afin qu’il soit déposé dans le registre à cet effet, ce qui en facilitera l’accès par le personnel médical qui aura à vous soigner. Vous pouvez aussi le remettre à votre médecin, qui l’ajoutera à votre dossier médical.
  • Pour modifier vos DMA, il suffit d’acheminer un nouveau formulaire à la RAMQ, qui annulera le précédent. Les DMA peuvent aussi être annulées.

Par acte notarié

Il est également possible de mandater un notaire pour qu’il rédige vos DMA et les dépose au registre de la RAMQ. Des honoraires seront alors exigés.