J’ai fait des milliers d’entrevues dans ma carrière de journaliste. Mais jamais on ne m’a autant enviée que lorsque j’ai fait mention de mon interview avec le seul et unique Ricardo. Et savez-vous quoi ? Il est encore plus formidable qu’il en a l’air.
Je ne suis pas la seule à avoir ressenti l’effet Ricardo. Il fallait voir le mur de téléphones cellulaires en mode photo qui l’attendait à sa sortie de la conférence qu’il a donnée pour le Réseau FADOQ, en janvier, à Québec.
Chacune – et chacun ! – réclamait sa photo avec le célèbre chef et en profitait pour le remercier, qui pour tous les compliments reçus grâce à ses recettes, qui pour avoir remis au goût du jour la mijoteuse « qui a changé ma vie de famille », qui pour les réponses infinies à la sempiternelle question : « Qu’est-ce qu’on mange pour souper ? ». Un sourire en permanence au visage, il a reçu toutes ces marques d’affection avec humilité et gentillesse.
Familles et enfants d’abord
« À un certain point dans ma carrière, j’ai voulu faire de la politique pour contribuer concrètement au mieux-être des familles. Mon épouse Brigitte, que j’appelle affectueusement el presidente, m’a fait réaliser que mon émission de télévision et les 6 000 recettes sur le site ricardocuisine.com faisaient exactement ça. Ça me touche vraiment d’être ainsi dans le quotidien des gens », dit le populaire chef, animateur, entrepreneur, influenceur… et verbomoteur.
Pour lui, c’était un devoir d’utiliser sa reconnaissance et sa notoriété pour faire une plus grande différence encore. D’où son engagement dans le projet de Lab-École, aux côtés de Pierre Lavoie et de l’architecte Pierre Thibault. « Pour la 1re fois en 40 ans, on changera la façon de voir et de construire les écoles. »
De la pression à la motivation
On le croirait au-dessus de ses affaires, le séduisant Ricardo, tant tout ce qu’il touche semble se transformer en succès. Or, les défis sont grands pour son entreprise, à l’heure où les plateformes n’ont jamais été aussi nombreuses et où, paradoxalement, communiquer n’a jamais été aussi difficile.
Constamment, il jongle avec les questions qui turlupinent entrepreneurs et organisations : comment demeurer pertinent face aux gens à qui l’on s’adresse ?, comment gérer la croissance tout en gardant son ADN ?, comment déjouer la résistance au changement ?, etc.
Et que dire de la pression ! « Il y a un prix à payer pour le succès et c’est la crainte de décevoir, de se tromper. Avec le temps, j’ai appris à transformer tout ça en motivation et en joie, notamment celle d’assurer la sécurité d’emploi aux 125 membres de mon équipe, que j’aime tous beaucoup. »
52 ans et bien des accomplissements
Le passage à la cinquantaine, « décennie de la maturité », n’a pas ébranlé Ricardo. « L’âge de 60 ans sera plus significatif, car le temps sera venu d’être plus un mentor qu’un entrepreneur. Je sais d’avance que je ne serai pas triste car j’aurai atteint mes objectifs et accompli plus que ce que je croyais possible. »
Ricardo se dit satisfait de sa vie, jalonnée de points tournants positifs et négatifs, de personnes-phares et, surout, de réussites, à commencer par sa vie de couple avec Brigitte et sa vie de famille avec leurs trois filles. Aujourd’hui, il a hâte à la prochaine étape : être grand-père.
Il incite d’ailleurs les papis et mamies à cuisiner avec leurs petits-enfants, car ce geste dépasse le simple partage d’une recette familiale. « Cuisiner et manger ensemble permet un contact privilégié, au cours duquel les grands-parents font profiter leurs petits-enfants de leur écoute et de leur vision des choses. Ce moment d’intimité est bien plus important que le goût du plat. »
Et alors qu’on s’attendrait à ce qu’il suggère aux aînés de surprendre leurs petits trésors avec des recettes – Ricardo ! – différentes à chaque visite, il leur propose plutôt d’y aller avec leurs classiques.
« La bouffe, c’est de la sécurité, de la stabilité. Si vos petits-enfants demandent chaque fois votre spaghat, faites-leur votre spaghat. Pour eux, c’est réconfortant de savoir à l’avance qu’ils vont manger quelque chose qu’ils aiment ! »
Photo : Éric Carrière