Un producteur agricole et une médiatrice familiale, tous deux dans la cinquantaine. Une émission de téléréalité. Un coup de foudre. Vous connaissez sûrement leur histoire, qui a alimenté les discussions dans les salons et autour de la machine à café.
L’hiver dernier, Nicolas Laliberté et Louise Grimard ont ému le Québec en se trouvant l’un l’autre dans le cadre de l’émission L’amour est dans le pré, qui porte à l’écran des agriculteurs cherchant l’amour. Une rencontre vraie, offrant des moments de sincérité qui contrastent avec la superficialité souvent associée au concept de téléréalité.
Comme cette dégustation de fromages filmée à Saint-Benoît-du-Lac :
- Louise, lâche-moi pu asteure.
- Je te lâcherai pu, je vais toujours être là.
- On va s’aider hein ?
- Oh que oui !
- On a des problèmes, mais on va les résoudre. Moi je vais faire tout ce que je peux pour les résoudre.
Lui : 57 ans, de Saint-Anselme, père de famille, homme de cœur, passionné et authentique.
Elle : 56 ans, de Sherbrooke, mère de famille, femme de cœur, passionnée et authentique.
Deux chats échaudés qui craignaient l’eau froide, mais tous deux assez audacieux pour participer à une émission de téléréalité afin de trouver l’amour après 50 ans.
Du coup de foudre à l’amour
On les retrouve un an après leur première rencontre. Par un heureux hasard, le rendez-vous prévu avec Virage – une rencontre virtuelle sur Zoom, 2020 oblige – a lieu la journée même de leur premier anniversaire de couple, le 11 septembre.
« Je n’aurais jamais pensé participer à ce genre d’émission. C’est ma fille qui m’a dit qu’elle avait trouvé l’homme de ma vie. En regardant encore et encore la vidéo de présentation de Nicolas, j’ai réalisé que cet homme avait les mêmes valeurs que moi. Dès mes premiers jours à sa ferme, c’était important pour moi de lui dire que j’étais venue ici pour lui. Qu’il était spécial pour moi », avoue Louise.
« Je voulais rencontrer quelqu’un qui était heureux avant de me connaître. Louise est venue me chercher par son non verbal. J’étais heureux célibataire, mais jamais comme aujourd’hui. Nos deux vies s’emboîtent tellement bien », confie Nicolas.
Laisser ses peurs de côté
Il leur aura fallu beaucoup d’audace pour en arriver à ce dénouement heureux. Pour exposer leurs sentiments comme ils l’ont fait, devant plus de 640 000 spectateurs par semaine en moyenne.
« Participer à L’amour est dans le pré, ça venait avec des risques. Pas juste pour nous, mais pour notre entourage. On a des enfants, des parents, des clients. On peut mal paraître, et ça peut entacher la réputation de nos proches », explique le couple, d’une voix commune.
Le désir d’aller à la rencontre de l’autre et la nécessité de surmonter des limites imposées par des expériences personnelles antérieures auront servi de catalyseurs à leur histoire.
« En vieillissant, on sait ce qu’on ne veut pas. Ça crée des peurs et des limites. Tout changement part de soi. Il faut se demander si on a la capacité nécessaire pour s’adapter, pour adapter son mode de vie à celui de l’autre », souligne Louise.
Trouver l’âme sœur après 50 ans n’est pas une mince tâche. Pour beaucoup de Québécoises et de Québécois, les obstacles sont nombreux et la recherche s’avère hasardeuse et pleine de frustrations. Pour bien des gens, les petits « papillons » ressentis par Louise et Nicolas auront été une source d’inspiration et de motivation.
« Un conseil à donner aux personnes de notre âge qui cherchent l’amour ? Avoir une ouverture d’esprit et lâcher prise sur ses peurs. La peur de perdre notre liberté, la peur de l’échec, la peur de répéter les mêmes erreurs. On voit tellement les échecs qu’on en vient à les craindre. À un moment donné, il faut juste se lancer », propose Nicolas.
Un nouveau quotidien
Les caméras se sont éteintes depuis un certain temps déjà. La frénésie de l’aventure télévisuelle a cédé sa place au désir de bâtir un quotidien ensemble, et ce, même si les deux doivent régulièrement travailler à 200 km de distance. La transition vers une nouvelle vie de couple se fait naturellement, même si cela implique pour Louise une adaptation aux rigueurs du monde agricole.
« Mon bureau de médiation familiale à Sherbrooke a été fermé lors du confinement du printemps. J’ai donc aidé Nicolas à faire les sucres. J’aime travailler sur la ferme, m’occuper des petits veaux, des vaches et, surtout, faire du tracteur ! », raconte Louise.
Ce nouveau quotidien à deux se déroule tellement bien que Louise a ouvert récemment un bureau satellite chez Nicolas, où elle œuvre à développer une clientèle dans la région. Et si le métier d’agriculteur de Nicolas a eu un impact sur la vie de Louise, l’expérience de travailleuse sociale de Louise a pour sa part beaucoup soutenu son nouvel amoureux dans son cheminement personnel.
« J’avais des petits complexes avant de rencontrer Louise. Je n’avais pas voyagé, je ne parlais pas vraiment anglais. Louise est une bonne enseignante, elle m’aide beaucoup », avoue Nicolas.
« Un des secrets de notre couple, c’est qu’on communique beaucoup ensemble », note Louise.
Et Nicolas d’ajouter : « J’ai trouvé la mienne. On prendra le temps qu’il faudra pour ajuster notre quotidien ».
Évoluer, donc, et s’adapter continuellement, une journée à fois.
Photo : Hugo B Lefort