Laissez le bon temps rouler, à La Nouvelle-Orléans

« […] cette cité où le jazz fait pleurer, les enterrements font danser ». Voilà comment, 10 ans après l’ouragan Katrina, le président Obama lui rendait hommage récemment. La Nouvelle-Orléans évoque bien sûr ce drame de Katrina ainsi que les marées noires du golfe du Mexique. Pourtant, dans les quartiers historiques de la ville, l’expression cajun « Laissez le bon temps rouler » exprime toujours la joie de vivre, une attitude qui imprègne cette ville du sud de la Louisiane.

La Nouvelle-Orléans ne ressemble à rien d’autre. Elle représente plus de 250 ans de culture française, espagnole et américaine. En plein cœur des États-Unis, on sent encore battre le cœur français dans les rues bouillonnantes du Vieux Carré. Son architecture surprenante, d’influence espagnole, la magnifique cathédrale St. Louis (la plus vieille des États-Unis), ses boutiques d’antiquités, ses légendaires boîtes de jazz et ses rues animées aux sons endiablés lui donnent une ambiance débridée. Les touristes y convergent de plus en plus (environ neuf millions de visiteurs par an) et le taux de criminalité diminue sans cesse.

Découvrir le Quartier français ou Vieux Carré

Le plus ancien quartier de la ville est imprégné de l’odeur des plats cajuns (prononciation anglaise d’« acadien ») et vit au rythme du jazz. Il est plus agréable et pratique d’y circuler à pied ou à vélo qu’en voiture. En flânant le long de ses rues étroites et rectilignes, vous pourrez découvrir les balcons en fer forgé, joliment agrémentés de fleurs et de plantes luxuriantes, les petites cours intérieures parsemées de fontaines et ressentirez l’ambiance tranquille du « Vieux Sud ».

Le long de Royal Street, Bourbon Street et autres rues pittoresques, vous aurez l’impression de marcher sur les pas de personnages historiques tels que le dramaturge américain Tennessee Williams et le corsaire français Jean Lafitte. D’ailleurs, les rues portent encore les noms d’hommes français célèbres comme Saint-Louis et Dumaine. De la place Jackson Square, l’ancienne place d’Armes, on peut admirer l’ensemble architectural formé de la cathédrale Saint-Louis, du Presbytère et du Cabildo, qui témoignent de la colonisation française et espagnole de la Louisiane avant qu’elle ne soit vendue par la France, des mains de Bonaparte, aux États-Unis, en 1803.

Les bâtiments du French Market, situé en bordure du Mississipi, vibrent depuis plus de 165 ans. C’est l’endroit par excellence pour goûter la Louisiane et y manger des huîtres à prix abordable. Les étals du marché fermier, les boutiques, les restaurants et cafés, les échoppes d’artisans s’y succèdent et débordent de couleurs et de saveurs. On peut y faire le plein d’épices, y dénicher des souvenirs et même y déguster de l’alligator !

La promenade Moon Walk offre une vue imprenable sur le Mississippi et permet d’admirer les bateaux à aube évoluant sur des airs de jazz, ce qui plonge le visiteur à l’époque des plantations.

Faire la fête

La nuit tombée, une magie flotte dans l’air et Bourbon Street, « la rue de toutes les folies », devient effervescente jusque très tard dans la nuit. Cette rue évoque la fête sans fin, les boissons de toutes sortes, les bars, les restaurants, les clubs de jazz et de striptease, sans oublier le Mardi gras.

Les noctambules se ruent dans ses établissements bien connus tels que la Old Absinthe House, Lafitte’s Blacksmith Shop, le bar Johnny White et le Pat O’Brien’s.

Se laisser envoûter par le jazz

La musique est l’assise de la vie culturelle de La Nouvelle-Orléans, considérée comme le « berceau du jazz ». On l’entend partout : dans les rues, les parcs, les bars et clubs de la ville et dans toute la Louisiane pendant les grands festivals de musique.

Les meilleurs clubs de jazz se retrouvent dans le Quartier français, dont le Preservation Hall fondé en 1961. Considéré le plus mythique de la ville, cet établissement contribue à préserver le style unique du jazz de La Nouvelle-Orléans. Dans une salle minuscule et bondée, d’allure délabrée, les 80 spectateurs assistent et participent, médusés, à un concert qu’ils ne sont pas près d’oublier. L’orchestre de qualité exceptionnelle est formé de musiciens d’un âge moyen de plus de 60 ans. Mais quel débordement d’énergie ! Un moment de jazz émouvant, un incontournable.

Il faut aussi découvrir le Faubourg Marigny, à l’est du Quartier français en traversant la rue Esplanade, notamment la Frenchmen Street qui regroupe plusieurs clubs de renom. À l’écart de l’agitation de Bourbon Street, avec du blues, du jazz ou du rock dans chaque restaurant, ce quartier attire aussi bien les résidents que les visiteurs.

S’imprégner d’histoire

Pour connaître La Nouvelle-Orléans, une visite des principaux musées s’impose. Face à Jackson Square, le Cabildo, l’ancien hôtel de ville aujourd’hui transformé en musée d’État, permet de découvrir l’histoire et la culture de la Louisiane alors que le Presbytère présente une somptueuse exposition sur les costumes du Mardi gras et sur l’ouragan Katrina.

Les bâtiments Pontalba, magnifiquement restaurés, présentent une habitation typique de La Nouvelle-Orléans dans les années 1850. L’Hôtel de la Monnaie abrite une exposition sur le jazz et le Mardi gras.

Non loin du Vieux Carré, l’Art District ou Warehouse District est devenu un quartier très branché. Les vieux entrepôts réhabilités et transformés accueillent plusieurs musées dont l’Ogden Museum of Southern Art consacré aux arts visuels des artistes du sud de l’Amérique du Nord, le National Word War II Museum, des galeries d’art et des ateliers d’artistes. Sans oublier la maison de Degas, cet artiste impressionniste qui illustra de manière splendide cette ville qui l’accueillit temporairement.

Déguster La Nouvelle-Orléans

Sa cuisine, pourvue du riche éventail d’influences culinaires de la Louisiane (française, espagnole, amérindienne, africaine et allemande), offre une véritable aventure culinaire ! La Nouvelle-Orléans regorge de restaurants de classe mondiale. Et quoi de mieux qu’un cours à l’école de cuisine de La Nouvelle-Orléans pour connaître la diversité d’épices utilisées dans cette cuisine et pour préparer ses spécialités classiques, gumbo, jambalaya et pralines, le tout assaisonné d’histoire et de fables !

S’évader en pleine nature

Pour échapper à l’agitation de La Nouvelle-Orléans, découvrez l’atmosphère si particulière des bayous du Mississippi à bord de bateaux ou d’aéroglisseurs. À travers ces marécages grouillants de vie, vous pourrez admirer les cyprès couverts de mousse, les tupelos aquatiques et observer alligators, tortues, aigrettes, hérons, ratons laveurs, serpents et oiseaux indigènes. De quoi faire des photos incroyables !

 

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Quelques notes sur le jazz

Née au début XXe siècle, cette musique contestatrice fait partie intégrante de la ville. Elle tire son origine de trois mouvements de musique noire : le folklore des Noirs (chants et percussions transmis au fil des générations depuis leur départ d’Afrique), le ragtime, créé par les Noirs, inspirés par les airs de quadrille des Créoles et enfin, la musique des fanfares noires qui enfièvrent les défilés, les enterrements et les bals.

Photo : Marie-José Auclair