Rompu à la performance et habitué à enchaîner les projets, Josélito Michaud a profité du confinement pour ralentir le rythme et repenser sa vie. Il s’est consacré à la rédaction de Trois mois tout au plus, un exercice qui s’est avéré plutôt thérapeutique pour lui…
Une période bénéfique
Cet automne, ICI Radio-Canada a mis à l’antenne Josélito au cœur du monde, une série documentaire de sept épisodes d’une heure qui met en lumière des inconnus d’exception. La série Le chaos, dont il est coproducteur et idéateur, sera en ondes en 2021 sur Illico.
Mais ce qui occupe le plus l’animateur, producteur et auteur par les temps qui courent, c’est la promotion de son livre, Trois mois tout au plus (Libre Expression), qui sera en librairie en novembre. Il s’agit de la suite de Dans mes yeux à moi, qui avait inspiré la série Olivier.
« J’ai écrit la moitié de ce livre en temps de COVID, raconte Josélito. J’ai trouvé difficile de voir ce qui se passait dans le monde, mais pour moi cette période a été bénéfique. Ça m’a donné envie de mettre le pied sur le frein. Avant, j’enchaînais les projets sans jamais m’arrêter. Au bout du compte, je ne profitais jamais de la vie. J’ai effectué un virage radical : je m’octroie dorénavant des moments dans la nature sur une base régulière. Je ne me reconnais plus! Je veux être bien et je fais tout pour l’être. Je ne parle pas ici d’argent ou de carrière, mais du sentiment d’être bien avec moi, avec ma femme et mes enfants. Actuellement, c’est ma plus grande préoccupation.»
Désamorcer les petites bombes
Josélito ne recule devant rien pour être bien. « Je compte faire une nouvelle thérapie pour régler le choc post-traumatique qui me vient de l’enfance, confie-t-il. Régler mon problème d’hypervigilance est devenu une priorité : je ne veux plus souffrir comme avant. Je travaille tellement fort pour y arriver! »
Selon lui, après un choc post-traumatique, il faut désamorcer les petites bombes à retardement, les unes après les autres. « Je déteste pleurer sur mon enfance : je préfère m’en servir. Récemment, j’en suis venu à une conclusion : je suis celui qui m’a le plus abandonné. Ce n’est pas mes parents ou ma famille d’accueil qui l’a fait, mais moi. Aussi, j’ai constaté que la célébrité, la renommée ou la gloire ne règlent rien. Le vide demeure vide. En toute humilité, j’ai reçu 10 000 fois plus de reconnaissance que ce j’aurais pu m’imaginer durant mon enfance à Matane. Je suis profondément reconnaissant d’avoir pu faire ma place dans ce métier et d’y être encore… »
Il explique que malgré les apparences, il n’était pas dans l’ego, mais dans la blessure. « Il fallait que je fasse quelque chose pour exister. Aujourd’hui, je reconnais que j’ai fait ce que je pouvais avec ce que j’avais. Je porte un regard moins sévère sur moi. Au final, ça été un processus extraordinaire qui m’a donné le goût d’écrire encore plus. »
Trois mois tout au plus
À travers l’écriture de son livre, Josélito a pu tenir la main de ce personnage que son auteur admet être son alter ego. « À 50 ans, le personnage principal reçoit un diagnostic terrible : il ne lui reste que trois mois à vivre. Il part à la recherche de son père biologique. Il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dans ce livre. Ce que pense Olivier Dubreuil, je le pense aussi. En lui donnant un autre prénom que le mien, je lui donnais le droit d’exister à part entière. On sent chez mon personnage la volonté de profiter du temps qui lui reste. C’est une grande réflexion sur la vie. »
La cinquantaine bien amorcée a aussi eu son effet sur Josélito, pour qui philosopher semble être une seconde nature. « C’est l’âge, admet-il, mais la pandémie m’a fait comprendre qu’il fallait que je remette les choses en place. Il y avait un profond déséquilibre dans ma vie. Comme le disent si bien les bouddhistes : « Le chemin parcouru est aussi important que le résultat ». »
Il avoue que lorsqu’il est arrivé à la cinquantaine, il a eu peur de ne plus être pertinent. « Je pensais que je n’aurais plus jamais de tribune. » Ça été un drôle de passage : je me suis mis à douter. Cela coïncidait avec l’adolescence de mes enfants qui a été extrêmement douloureuse et le début de la soixantaine de ma blonde qui a dix ans de plus que moi. »
De 50 à 54 ans, il a vécu des années d’adaptation. « Avec le recul, je retiens la leçon : j’aurais dû aborder la période avec plus de sérénité. J’étais affolé, je n’avais aucun respect pour ce que j’avais fait. J’avais de la difficulté à regarder derrière et à être fier de mes bons coups. »
Les mots de sa mère lui revenaient alors en mémoire : « Ne te prends pas pour un autre! » « J’ai finalement compris qu’on n’est pas plus intéressant lorsqu’on travaille beaucoup que lorsqu’on ne travaille pas du tout. Depuis, je ne suis plus dans la performance… »
Photo : Krystel V. Morin