La Floride dans une classe à part

Son sable de quartz plus blanc que blanc et son eau d’émeraude qui a donné son nom à cette région lovée dans une écaille tout au nord-ouest du golfe du Mexique, suffisent à qualifier l’Emerald Coast de joyau de la Floride. Mais il y a plus, tellement plus, dans ce coin dont la majorité des Snowbirds ignorent l’existence. C’est en effet un endroit de prédilection pour ceux qui aiment le poisson de toutes les façons : sous leurs yeux, dans leur assiette, au musée et, bien sûr, au bout de leur ligne.

Au bout de la ligne

La ville de Destin est renommée à travers toute la Floride, et même mondialement, pour apporter la chance aux pêcheurs. Elle détient d’ailleurs la plus grande flotte de bateaux de pêche de la Floride. Autant de raisons de s’offrir cette sortie de pêche en haute mer dont on rêve depuis si longtemps mais que l’on n’a pas encore osé se payer dans d’autres destinations du Sud, par crainte de rentrer bredouille.

Une telle expérience de pêche est une réelle aventure. Pour notre petit groupe grimpé à bord d’un bateau de 14 m, la surprise a été totale : une mer très houleuse même par beau temps et beaucoup de poissons qui étaient vraiment du sport à ramener, comme les muscles de mes bras me l’ont rappelé le lendemain ! Et c’est sans compter les prises avalées à la sauvette par de futés dauphins alors que nous remontions nos lignes, qui faisaient arquer nos cannes en accent circonflexe puis décampaient aussitôt. On les entendait presque se moquer de nous…

« Le meilleur moment pour pêcher à Destin est durant la saison du vivaneau (red snapper), en juin, explique Scotty Savoir, un des expérimentés membres de l’équipage. À cette période, on rejette à l’eau les poissons de 5 kg et l’on vise de rentrer au port avec des prises de 10 kg et plus. » Pour ceux qui aiment le spectacle des quais à l’heure du retour des bateaux de pêche, octobre est le meilleur choix, puisque se tient alors le Destin Fishing Rodeo, un tournoi de pêche très couru depuis 1948.

Dans l’assiette

De retour après six heures en haute mer, l’équipage a mis en filets les poissons et, avec une partie de ce butin, nous sommes allés tout droit au restaurant Fisherman’s Wharf, dont le slogan est You hook it, we cook it. En effet, la spécialité de ce restaurant est de cuisiner le poisson pêché par les clients. Il est servi frit, grillé ou noirci, avec plusieurs accompagnements, dont des hush puppies, des boulettes de farine de maïs frites qui constituent une spécialité régionale. Chose certaine, il n’y a pas meilleur poisson que celui que l’on vient de pêcher !

D’ailleurs, les bons restaurateurs de Destin apprêtent cette délicate chair à la perfection, c’est-à-dire tout simplement, sans la dénaturer avec les farces grasses ou la friture à l’excès que l’on déplore souvent ailleurs chez nos voisins du Sud.

Sous nos yeux

Cette région est aussi un festin pour les yeux de ceux qui aiment les poissons bien vivants. Après une agréable balade le long des trottoirs de bois du Harborwalk Village, on peut monter à bord d’une croisière, le temps d’un coucher de soleil. Les dauphins annoncés sont présents au rendez-vous en grand nombre et il fait bon les voir faire leurs pirouettes à un jet de pierre du bateau, en toute liberté.

Les amateurs voudront aussi visiter le Gulfarium de Fort Walton Beach, à 10 minutes de Destin. On peut alors, moyennant des frais supplémentaires, nager avec des raies et des requins-marteaux ou, pour les moins téméraires, regarder d’autres visiteurs tenter l’expérience !

Au musée… à vélo

Dans cette région, même une balade à vélo se change en découverte des trésors de la mer. La compagnie de location de vélos Destin Bike Tours propose un circuit accompagné du Destin d’avant le boum touristique des trois dernières décennies. Aucune crainte à y avoir côté effort, puisque le rythme est lent, les arrêts, fréquents et que la plus haute « montagne » de Destin culmine à… 16 m au-dessus du niveau de la mer !

Le circuit, merveilleusement guidé ce jour-là par Mike Shoults, un homme d’affaires bien enraciné à Destin et passionné de son histoire, sillonne les quartiers résidentiels, flirte avec la baie de Choctawhatchee et ses bayous, s’arrête dans le port et dans une poissonnerie regorgeant de poissons et crevettes locaux. Une autre halte incontournable est le mignon Destin History and Fish Museum où, on le devine, le poisson est à l’honneur.

« Le village a été fondé par Leonard Destin, un maître pêcheur, vers 1845 », raconte entre autres l’adorable Jean Melvin, mère de notre guide vélo et tout aussi éprise de sa ville que lui. Elle nous montre ensuite les lignes à pêche, moteurs et ancêtres des sonars d’aujourd’hui, sans oublier de nombreux poissons empaillés. La pièce maîtresse est un vivaneau qui trône dans le musée depuis 1985, lourd de ses 21 kg, un record du monde !

Divine plage

À l’heure de la détente, on est aussi comme des poissons dans l’eau cristalline de l’Emerald Coast et il fait bon planter son parasol dans le sable de sucre blanc de ses plages qui n’ont rien à envier à celles des Antilles. La blancheur du sable vient de la présence de quartz dans les sédiments venus des Appalaches et transportés par les différents cours d’eau avant de se déposer sur les côtes du nord-ouest de la Floride. Le même quartz explique le léger « squish-squish » sous nos pas lorsqu’on marche sur ce tapis blanc, qui présente aussi l’avantage de ne jamais brûler les pieds.

Du côté Est de Destin, il ne faut pas manquer d’aller au Henderson State Park, un grand territoire composé notamment d’une plage de 2 km, le meilleur choix pour les touristes dont l’hébergement ne donne pas accès à une plage. On se rend à la mer sur des trottoirs de bois pour ne pas endommager les dunes côtières fragiles, un autre trésor que ce parc protège. En empruntant le sentier pédestre, on voit de près les vignes poussant sur les dunes ainsi que les arbustes typiques de cet écosystème, dont des pins nains centenaires. Ce parc est doté d’un camping de 60 sites pour tentes et véhicules récréatifs, offrant toutes les commodités.

À Destin, surtout si l’on choisit de visiter cette ville en-dehors de la haute saison estivale, on peut louer un magnifique condo directement en bord de plage à prix très raisonnable. L’offre de condos semble d’ailleurs plus abondante et plus diversifiée que celle des chambres d’hôtel. Et, en boni, ce type d’hébergement offre la possibilité de cuisiner ses propres repas, à commencer, bien entendu, par du poisson frais !

Sophie Gagnon était invitée par l’Emerald Coast Convention & Visitors Bureau, emeraldcoastFL.com, 1 800 322-3319.

À savoir

  • Il n’y a pas de vol direct du Québec vers l’aéroport régional Valparaiso Fort Walton Beach. Delta offre des vols de Montréal avec transfert à Atlanta.
  • La température maximale moyenne est de 17 °C en décembre, 15 °C en janvier, 18 °C en février et 22 °C en mars.
  • Pour qui veut fuir les foules et les grosses chaleurs, septembre et octobre sont les mois parfaits pour séjourner dans cette région.

Quelques adresses

Pêche en haute mer : Rookie Sport Fishing, rookiesportfishing.com

Restaurants : Cuvee Bistro (fine cuisine), cuveebistrodestin.com ; The Back Porch (sur la plage), thebackporch.com/destin ; Fisherman’s Wharf (dans le port), fishermanswharfdestin.com

Croisière aux dauphins : Southern Star Dolphin Sunset Cruise, southernstardolphincruise.com

Condos : jadeeastcondos.com ; destinvacation.com

Activité à vélo : destinbiketours.com