Guylaine Tremblay a 60 ans, une étape qui l’autorise à rêver du meilleur. « Je me souviens d’avoir dit que je voulais que cette décennie soit celle de tous les possibles. Je voulais essayer des choses que je n’avais jamais faites, sortir de ma zone de confort. » Et c’est exactement ce qui lui arrive, notamment avec le spectacle solo J’sais pas comment, J’sais pas pourquoi et Star Académie.
Un rêve devenu spectacle
Lorsqu’elle était jeune, Guylaine Tremblay appréciait les chansons d’Yvon Deschamps, entre autres parce qu’elles recelaient de nombreuses leçons de vie. La pandémie a été l’occasion de monter un premier spectacle solo à partir des chansons de son idole.
« L’idée de faire quelque chose avec les chansons d’Yvon Deschamps m’habitait depuis au moins 10 ans, dit-elle. Elles m’ont toujours profondément touchée : je les trouve belles, remplies d’émotions et de tendresse. Mais ma vie professionnelle ne me laissait pas l’espace nécessaire pour aller de l’avant avec ce projet. »
En mars 2020, elle a fait face à un vide professionnel. « Je crois que les choses qui se déposent en nous au fil du temps n’attendent que le bon moment pour refaire surface et fleurir, poursuit-elle. Un matin, je me suis réveillée avec le sentiment que le temps était venu. Yvon a été un professeur de vie pour moi. Il m’a fait réfléchir sur l’amour, l’injustice, la conscience sociale et plein d’autres choses. Sans qu’il le sache, il m’a influencée, guidée. Michel Poirier, qui m’a dirigée dans des pièces de Tremblay ces dernières années et qui est aussi un ami, a proposé que j’évoque tout cela dans mon spectacle. Ainsi, à travers les chansons, je me raconte et partage les moments charnières de ma vie. »
L’aval d’Yvon Deschamps
Pour lancer un projet d’une telle envergure, la comédienne avait-elle besoin de l’assentiment du principal intéressé ? « Bien sûr !, confirme-t-elle sans l’ombre d’un doute. Judi et Yvon nous ont reçus à la campagne, mon chum et moi, et nous en avons discuté. J’étais très nerveuse. Je me sentais comme une petite fille… (rires) Ils ont été d’une gentillesse et d’une générosité remarquables. Yvon s’est dit touché que je pense à faire quelque chose à partir de ses chansons. Il s’est dit honoré… alors que c’est moi qui l’étais ! »
À partir de ce moment, les choses se sont mises en branle : Simon Boulerice et Michel Poirier ont collaboré à l’écriture avec la comédienne. « Être seule sur scène, chanter, me raconter, ça me faisait peur, mais ça m’excitait au plus haut point… »
Si les circonstances le permettent (croisons nos doigts !), Guylaine sillonnera les routes du Québec jusqu’en juin prochain pour nous présenter J’sais pas comment, J’sais pas pourquoi (productionsmartinleclerc.com).
« Mon souhait le plus cher, c’est que ce spectacle fasse du bien aux gens, qu’ils en ressortent avec le sourire. En ce moment, nous avons tellement besoin de douceur et de bienveillance, de nous rappeler que nous sommes chanceux d’être en vie, d’aimer les gens autour de nous. »
Autre nouveauté : Star Académie
Guylaine agit également à titre de professeure d’interprétation à Star Académie. « C’est incroyable comme c’est une année de nouveautés, dit-elle. Ça aussi, ça m’excite terriblement. Je suis une vraie fan de Star Académie, j’ai même suivi l’émission en France, et ce, depuis la première édition. Ce show s’est toujours distingué à mes yeux. Le talent, ça m’émeut. Les jeunes qu’on y voit brûlent de faire ce métier. Ce sont des passionnés. Je leur apprends des choses, ils m’en apprennent. Pour moi, enseigner tient de l’échange. Je suis dans un autre univers. »
À 60 ans, elle est consciente qu’il y en a plus de fait qu’à faire. « Tout ce qu’il me reste à explorer, ce sont des choses qui me font plaisir, m’éveillent, m’emballent. La soixantaine, c’est une deuxième jeunesse pour moi. J’ai des permissions que je n’avais pas à 30 ans. J’ai moins besoin de l’approbation et du regard des autres. Je me sens bien. »
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Des projets et des humains marquants
En 37 ans de carrière, les moments marquants ont été très nombreux ! Malgré les récompenses de toutes sortes, c’est aux projets et aux rencontres que Guylaine Tremblay s’attarde.
- « Ma décision de me présenter au Conservatoire d’art dramatique de Québec. Je ne viens pas d’un milieu culturel. Personne dans ma famille n’en faisait partie, mais ce feu brûlait en moi. Ça reste donc le moment le plus déterminant. »
- « Ma première fois sur scène au théâtre a été extraordinaire ! J’étais jeune et Marie Laberge m’avait embauchée pour jouer dans Aurélie, ma sœur, au Trident. »
- « Mes rencontres avec Denise Filiatrault, Louis Saïa, Claude Meunier. J’ai eu tellement de chance qu’ils me fassent confiance ! »
- « Les projets tels que La petite vie, Annie et ses hommes et Unité 9 ont marqué l’imaginaire. Ça m’a permis de sentir que je faisais partie de la famille, que les gens m’avaient adoptée. »
- « Au-delà des projets, je retiens les humains qui en faisaient partie. Je pense à Denis Bouchard, Claude Legault, Micheline Bernard, Josée Deschênes, Hélène Bourgeois-Leclerc et bien d’autres ! Des gens qui m’ont inspirée et qui m’inspirent encore, il y en a plusieurs. Être dans la reconnaissance garde le feu sacré vivant. Je me pince encore de pouvoir jouer avec des gens que j’admire… »
Photo : Bruno Petrozza – Maquillage-coiffure : Véronique Prud’homme – Stylisme : Joanick Giroux