La course en sentier séduit de plus en plus de gens à la recherche d’une forme d’entraînement en pleine nature. Et ce n’est pas parce que vous avez plus de 50 ans que vous ne pouvez pas vous aventurer dans les bois. Bien au contraire!
Depuis 2021, Denis Fontaine, 55 ans, n’est plus le même homme. Avant cette année fatidique, il souffrait d’embonpoint, ne mangeait pas très bien et se lovait continuellement sur son divan. « J’étais un champion de la sédentarité », avoue-t-il.
Un jour, il décide de changer de vie. Cet employé d’un centre de distribution opte pour la course à pied dans le but de reprendre la forme. Rapidement, il a la piqûre. En plus de battre le pavé, il part régulièrement courir dans les sentiers en montagne. Le parc national du Mont-Saint-Bruno et le mont Saint-Hilaire deviennent ses terrains d’entraînement. « J’adore courir avec la brise dans les feuilles comme bande sonore », explique-t-il.
Quatre ans après ce tournant dans sa vie, non seulement il court des marathons sur route, mais il participe aussi à des ultramarathons en sentier, soit des courses de plus de 42,2 km en nature. Qui plus est, ce Bouchervillois a perdu plus de 50 livres en courant et en faisant plus attention à son alimentation. « Et tous mes proches me disent que je suis maintenant de bien meilleure humeur! », affirme-t-il fièrement, pendant que sa femme approuve au loin.
Le vent en poupe
Pratique à peu près inexistante au Québec il y a une quinzaine d’années, la course en sentier, qu’on appelle communément du trail running, a actuellement le vent en poupe. Cette déclinaison de la course à pied profite de l’engouement général pour les entraînements en tout genre. Résultat : les événements de course en sentier deviennent de gigantesques fêtes attirant des milliers de personnes, comme le Québec Mega Trail, qui se tient début juillet sur la Côte-de-Beaupré, et l’Ultra-Trail Harricana du Canada, qui a lieu début septembre dans les montagnes de Charlevoix. Des distances de 1 km à 160 km attirent les coureuses et coureurs des bois qui chassent les kilomètres plutôt que le gibier.
À preuve, le nombre d’adeptes qui participent aux événements québécois de course en sentier a explosé de 60 % entre 2014 et 2023 pour atteindre 24 738 personnes, selon les statistiques d’Athlétisme Québec. Et ce n’est pas juste les jeunots qui découvrent le plaisir de courir dans les bois. Par exemple, au Québec Mega Trail, le nombre de 50 ans ou plus a quadruplé en sept ans, passant de 122 à 470 inscriptions.
La nature, autrement
Si les maniaques comme Denis Fontaine sont légion, la course en forêt attire aussi des gens qui cherchent simplement à bonifier leurs sorties en nature. C’est le cas d’Annie Hébert, une mère de famille de 51 ans, qui voit surtout la course en nature comme une façon de randonner… plus vite. « Beaucoup de gens pensent que la course en sentier est un sport extrême. Or, il faut savoir que les coureurs marchent dans les montées. Pour moi, la course en sentier me permet de parcourir plus de distance et de profiter de plus de points de vue en une seule sortie », dit cette Montréalaise qui possède un pied-à-terre dans les Cantons-de-l’Est.
Courir en sentier plutôt que sur la route fait aussi oublier la difficulté de maintenir le rythme. « Pour moi, il est beaucoup plus facile de courir une heure en sentier qu’une demi-heure sur route. Dans la nature, on perd la notion du temps. On regarde moins sa montre », dit Annie Hébert. Pour les débutants en course, le fait de courir en forêt est également moins intimidant. « On sent moins le regard des autres. On peut aller vraiment à son rythme », remarque Marilou Ferland-Daigle, coordonnatrice course sur route et trail à Athlétisme Québec.
D’autres apprécient l’esprit de camaraderie qui règne dans cet univers. « Dans un événement de trail running, les gens s’entraident, prennent le temps de jaser. Ça crée vraiment une belle ambiance », dit Vincent Magna, un Montréalais père de grands enfants, qui a participé à sa première course officielle en sentier à 52 ans.
Bon pour le corps et l’esprit
Survoler les sentiers ponctués de racines, de boue et de roche après 50 ans représente-t-il un risque? Selon le physiothérapeute Jean-Maxime Caron, directeur de la clinique PhysioExtra du Plateau-Mont-Royal, cette question mérite une réponse nuancée. « Si vous êtes complètement sédentaire, vous avez intérêt à consulter votre médecin pour un bilan de santé avant de commencer. Dans le cas contraire, vous pouvez y aller sans crainte, mais graduellement. ».
Le spécialiste de la course à pied suggère aux néophytes de commencer à courir dans des parcs urbains, en alternant course et marche. « Plus vous progresserez, plus vous pourrez ajouter du dénivelé », dit-il. Chaque séance doit s’amorcer par un échauffement actif : balancement des pieds, talon-fesse, marche rapide, etc. « Il est important de ne pas étirer les muscles à froid », précise-t-il. Et chaque sortie se termine par une récupération de cinq minutes, soit une période de retour progressif au calme.
Rapidement, vous allez ressentir les bienfaits de l’activité physique. « L’avantage de la course en sentier, c’est que les nombreux changements de direction font travailler un plus grand nombre de muscles que la course sur route. Cette différence réduit le risque de blessures de surutilisation », affirme le physiothérapeute.
La course renforce aussi les os et les cartilages, agissant en prévention contre l’arthrose. En bonus, toute forme d’activité physique réduit les risques de problème cardiaque. « Je recommande aux gens de 50 ans et plus de combiner la course avec des exercices de renforcement musculaire. C’est plus efficace de courir trois fois par semaine et de compléter avec du renforcement musculaire que de courir sept fois par semaine », explique ce physiothérapeute. Maintenant, c’est l’heure de filer sur les sentiers. Ciao bye!