En 65 ans de carrière, Jean-Pierre Ferland n’a jamais senti faiblir son amour du métier. Avec la pandémie, il a toutefois ressenti comme un coup de grisou de l’intérieur, qui s’est estompé grâce à l’album Je n’veux pas dormir ce soir. Non, il n’est pas question de s’arrêter…
Pour notre plus grand bonheur, Jean-Pierre a décidé de revisiter quelques-uns de ses plus grands succès en invitant des musiciens à l’accompagner sur ces pièces choisies avec soin. Parce qu’à quelque chose malheur est bon, ce projet est né d’un passage à vide qu’il fallait combler, coûte que coûte. L’album est aujourd’hui disponible sur toutes les plateformes.
« J’étais déprimé à cause de la COVID, nous dit d’entrée de jeu M. Ferland. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve quelque chose à faire et qui soit différent de ce que je fais d’habitude. »
Des artistes triés sur le volet
« J’ai appelé Florence K qui m’a accompagné au piano sur Un peu plus haut, un peu plus loin. J’ai invité 2 Frères à jouer de la guitare et à chanter sur Je reviens chez nous. Tony Levin, le contrebassiste qui jouait sur l’album Jaune, a joué sur Le petit roi qu’il connaissait par cœur, et Mélissa Bédard a fait les voix. Jorane, qui joue du violoncelle, m’a accompagné sur Si je savais parler aux femmes. Luc De Larochelière a joué de la guitare sur Les noces d’or, une chanson très précieuse pour moi, car je l’avais écrite, à l’époque, pour le 50e anniversaire de mariage de mes parents. Angèle Dubeau et la Pièta ont joué sur T’es belle. Bruno Pelletier, qui joue de la batterie, et Toni Levin, ont joué pour moi Maman ton fils passe un mauvais moment. C’est Lynda Lemay qui a joué de la guitare sur Je n’veux pas dormir ce soir. »
Julie Anne Saumur – sa fidèle compagne de vie – a chanté Une chance qu’on s’a avec sa belle voix. « Si j’ai fait ce disque, c’est grâce à elle. »
La cerise sur le sundae a été Gilles Vigneault, qu’il a appelé pour lui proposer le dialogue Avant de m’assagir. « Je lui ai textuellement dit : « Gilles, viens m’aider ! J’ai envie de m’amuser. ». J’ai aussi eu la chance de pouvoir compter sur un chef d’orchestre, pianiste et ami, André Leclerc, qui m’a accueilli dans un studio exceptionnel. »
Si tous ces collaborateurs ont été touchés par l’invitation, M. Ferland l’a aussi été par leur réponse enthousiaste. L’exercice a aussi permis à l’artiste un magnifique survol de cette prolifique carrière qui a de quoi le rendre fier.
« C’est vrai que je suis très fier, confirme-t-il, parce que je n’étais pas destiné à ce métier. Je n’étais personne… Puis, j’ai fait une première chanson, une deuxième, une troisième. » On connaît la suite…
Travailler sur l’album a eu l’effet escompté et Jean-Pierre Ferland a pu vaincre le blues de la COVID.
« Savoir que j’avais autant d’amis qui voulaient me rendre heureux, ça m’a fait du bien. J’ai été un an sans chanter ! Un an de sécheresse épouvantable… Pour un auteur-compositeur-interprète, c’est terrible. Je me suis demandé si j’allais encore pouvoir le faire. Tout ça à cause de la COVID-19. Je déteste ce mot ! Au moment où je vous parle, je n’ai jamais tenu ce disque dans mes mains, car on a réservé tout le plastique pour les vaccins. »
Malgré les difficultés de la dernière année, il est resté en bonne santé et s’en réjouit. « Ma voix est bonne, mon plaisir de chanter est renouvelé, dit-il. Je suis très content. J’adore mon métier ! » Alors que plusieurs souhaitent prendre du recul par rapport à leur vie professionnelle, Jean-Pierre, lui, n’arrive pas à envisager la fin.
« Tant que j’aurai la voix pour le faire et que je serai en santé, je compte continuer. J’ai commencé dans ce métier à l’âge de 21 ans, j’en ai 86… et j’espère durer encore ! » Il a bien tenté il y a quelques années, de mettre sa carrière de côté. Mais il a vite constaté que le métier ne voulait pas le laisser partir. Et nous non plus. « Il n’est pas question de retraite ! confirme-t-il. J’ai essayé une fois et je n’ai pas aimé ça… »
Toujours actif, Jean-Pierre coule des jours tranquilles à Saint-Norbert. « Heureusement que je vis à la campagne, ça m’a consolé. Dès 8 h le matin et jusqu’à 8 h le soir, je suis à l’extérieur. Je planifie les travaux : quelles fleurs je vais planter à quel endroit, quels arbres je compte tailler. Ici, il y a toujours quelque chose à faire. »
Des projets, il en a encore dans ce métier et puisque le travail semble être le meilleur antidote qui soit à la déprime, il planifie déjà la suite des choses. « En jouant dans mes papiers, j’ai trouvé une chanson que j’avais oubliée. Je ne l’ai jamais enregistrée. Je me suis dit que je devrais faire un autre disque… (rires) J’ai toujours quelque chose à faire… »